Comment E-Mersiv se prépare à fabriquer 100.000 batteries hautes performances en 2027

De premiers tests sur circuit en 2023 avant un début de production dès la fin d'année. E-Mersiv, spécialiste des batteries hautes performances qui se rechargent en dix minutes, déroule son plan stratégique et recrute massivement. L’entreprise, filiale du groupe Exoes basé à Gradignan, près de Bordeaux, vise une importante levée de fonds pour être capable de produire 100.000 batteries par an dès 2027. En priorité pour les voitures de courses et les véhicules premium.
E-Mersiv se positionne sur la fabrication de batteries hautes performances.
E-Mersiv se positionne sur la fabrication de batteries hautes performances. (Crédits : Reuters)

Elle œuvrait jusqu'à présent dans l'ombre mais va commencer à faire parler d'elle cette année. La société E-Mersiv est née en 2019 du mariage du savoir-faire d'Exoes avec celui de Startec Développement. Désormais filiale d'Exoes à 100 %, elle va procéder aux premiers tests de ses batteries en réel avant de se lancer dans l'industrialisation.

« Nous avons validé notre technologie sur banc d'essai en 2022. Avec un constructeur automobile, un premier véhicule démonstrateur roulera en juin sur circuit et notre première ligne pilote de production sera lancée en octobre dans nos locaux de Gradignan », annonce Arnaud Desrentes, directeur et fondateur d'E-Mersiv.

Sur le plus long terme, c'est-à-dire fin 2025, E-Mersiv envisage de disposer de sa propre usine de production, idéalement dans la métropole bordelaise. « Nous aurons besoin de recruter des ingénieurs qualifiés et il sera important dans la phase de mise en œuvre des process que les ingénieurs soient proches de l'usine », explique Arnaud Desrentes.

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Concernant la partie industrialisation, dans le contexte actuel, le business plan de 2019 sera nécessairement adapté, avec d'avantages de besoins en ressources humaines et en moyens financiers. « Il s'agira d'être flexible sur la conception de nos produits pour pouvoir changer de composants si jamais ils n'étaient plus livrés, tout en gardant un niveau de fiabilité très élevé. Concrètement, nous aurons un réseau de fournisseurs plus étendu », explique Arnaud Desrentes.

Une levée de fonds fin 2023

Pour dérouler son plan, le groupe Exoes travaille à une levée de fonds de plusieurs dizaines de millions d'euros pour fin 2023. Il s'agira d'investir dans la ligne de production, la certification du produit et dans la R&D. « Nous allons investir dans la connectivité de nos batteries pour aider nos clients dans la maintenance prédictive », détaille notamment Arnaud Desrentes. Le groupe prévoit, pour cela, de recruter massivement. « Exoes qui compte aujourd'hui une cinquantaine de salariés a l'ambition de devenir une entreprise de taille intermédiaire, leader européen des systèmes avancés de gestion thermique et énergétique embarqués pour la mobilité à horizon 2027, avec plusieurs centaines de collaborateurs », explique Arnaud Desrentes. 25 personnes devraient être recrutées avant la levée de fonds et une centaine ensuite. Les besoins sont multiples : en ingénierie, en production, et au niveau des fonctions support.

Mais E-Mersiv ne se contentera pas de Bordeaux pour recruter. L'entreprise ouvrira des bureaux dès le mois de mars en Angleterre. « Beaucoup d'équipes de compétition sont passées à l'électrique. Il y a donc, là-bas, des personnes très pointues sur les batteries à haute performance que nous pourrons capter », explique Arnaud Desrentes. E-Mersiv cible en effet en priorité le secteur de niche des voitures de course. « L'intérêt pour nous est d'avoir un laboratoire d'expérimentation de nos technologies. Les batteries étant entre guillemets maltraitées sur les circuits, cela permet de comprendre les limites. »

Le deuxième marché sera le secteur premium de l'automobile, les voitures de sport. Enfin, E-Mersv ciblera les engins mobiles non routiers, à savoir les engins de construction, de chantier, les engins agricoles, portuaires ou aéroportuaires. « Des secteurs en demande car les engins tournent 24/24 et 7/7, la batterie chauffe énormément. »

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Les enjeux autour de la batterie

Or, le groupe est précisément spécialisé dans les systèmes thermiques et la gestion thermique via la société d'ingénierie Exoes. E-Mersiv se positionne sur le volet industriel, à savoir la fabrication de batteries hautes performances. L'entreprise fait la promesse de pouvoir recharger sa voiture en dix minutes.

« Concernant le véhicule électrique, il y a trois problèmes majeurs : l'autonomie du véhicule, son temps de charge et son surcoût qui est de l'ordre, en moyenne, de 12.000 dollars supplémentaires pour un véhicule thermique équivalent. Or, tout est lié à la batterie. Il y a cinq ans, nous avons donc travaillé à l'amélioration des batteries avec Exoes spécialiste de la thermique qui est l'une des sciences qui va permettre de miniaturiser les composants. À chaque fois que nous réduisons la taille d'un composant, nous augmentons ses contraintes thermiques. Tout notre savoir faire consiste à garantir une température pour garantir une durée de vie et un rendement maximal. Notre vision consiste à dire que la taille de la batterie doit être réduite, parce que cela participe au surcoût du véhicule. En moyenne, un véhicule électrique est 500 kilos plus lourd », explique Arnaud Desrentes.

E-Mersiv a attaqué les trois enjeux avec une technologie de refroidissement en rupture par rapport à l'existant. « Comme nous refroidissons mieux la batterie, nous pouvons réduire sa taille et la recharger plus vite. Nous diminuons l'autonomie mais nous rechargeons plus vite la batterie, ce qui va correspondre à 70 /75 % des besoins des clients. Cela permet de réduire le coût de la batterie d'au moins 30 à 40 % et donc de réduire la masse. » E-Mersiv a l'ambition de produire 100.000 batteries par an dès 2027.

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