Automobile : l'équipementier MMT-Bordeaux entame sa diversification avec Wattpark

Devenir « multi-clients et multi-produits ». Wattpark a donné le coup d’envoi de la diversification opérée par MMT-B (ex Magna Bordeaux) depuis son rachat par le fonds Mutares en mars. C'est en effet dans l'usine de Blanquefort que sont assemblées, depuis le 14 novembre, les bornes de recharge partageables pour véhicules électriques de cette entreprise de l’Essonne. Un partenariat gagnant-gagnant qui pourrait produire 100.000 bornes par an et mobiliser 70 salariés.
Lancée le 14 novembre dernier, la nouvelle ligne de fabrication de MMT-B et Wattpark, à Blanquefort, a vocation à produire, à terme, 100.000 bornes par an.
Lancée le 14 novembre dernier, la nouvelle ligne de fabrication de MMT-B et Wattpark, à Blanquefort, a vocation à produire, à terme, 100.000 bornes par an. (Crédits : Agence APPA)

Il goûte au renouvellement, à la nouveauté, aux nouveaux problèmes à résoudre. « C'est différent, il y a de l'électronique. C'est du high-tech. Ça plait aux jeunes ! », s'amuse Kevin, 30 ans. Salarié de MMT-Bordeaux (ex Magna Power Train Bordeaux), il travaillait depuis 2016 sur les boîtes de vitesse pour véhicules thermiques. Désormais il est en poste et en cours de rodage sur la nouvelle ligne de production des bornes de recharge Wattpark. Annoncée en juin dernier, elle s'étend sur 200 m2 sur un site industriel qui en compte 60.000. Lancée le 14 novembre dernier, elle a vocation à produire, à terme, 100.000 bornes par an. Dans un premier temps, 12.000 bornes seront assemblées d'ici janvier puis 15.000 unités en mars. « La montée en puissance va se faire petit à petit. 14 personnes ont été formées. Les huit premières sont officiellement en poste sur cette ligne qui pourra mobiliser 70 salariés », explique Fabien Rabeau, directeur technique de MMT-B.

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MMT-B Wattpark

Kevin, en poste sur la nouvelle ligne de production de bornes électriques de la société Wattpark (crédits : Agence APPA).

Devenir « multi-clients et multi-produits »

Une aubaine pour l'entreprise rachetée par le fonds allemand Mutares en mars dernier qui prépare la fin de la production des boîtes de vitesse en 2027 et emploie actuellement 480 personnes. « C'est la fin de l'histoire avec Ford qui a été l'unique client jusqu'ici. L'objectif en 2026 est d'être multi-clients et multi-produits. Et c'est en ce moment que nous nous y préparons », explique Olivier Boidin, président et directeur des ressources humaines de MMT-B. 14 millions d'euros seront précisément investis dans la rénovation, la diversification et la revitalisation du site.

« Entre 2 et 2,5 millions d'euros ont été fléchés pour Wattpark ; une dizaine de milliers d'euros pour Vitirover ; 2,5 millions pour la fabrication d'une pièce pour la société Daimler. En interne, nous avons également consacré 2,5 millions d'euros à la création d'un centre de prototypage qui est la porte d'entrée à de nouvelles prises de contact et à la clé de nouveaux clients. Enfin, nous avons de grosses attentes avec des équipementiers », précise Olivier Boidin. « Six mois après le rachat, trois contrats ont été signés. Nous sommes enthousiastes. Nous sommes en capacité de rebondir », ajoute-t-il.

Olivier Boidin MMT-B

Olivier Boidin, président de MMT-B (crédits : Agence APPA).

La CGT voit cette diversification d'un bon œil

« MMT-B va devoir encaisser une perte de chiffre d'affaires en 2024 en attendant d'être à l'équilibre en 2025 et bénéficiaire en 2026 avec l'arrivée des nouveaux projets. Dans ce contexte, le contrat avec Wattpark est important. Cette nouvelle activité va générer du chiffre d'affaires. L'investissement devrait être remboursé fin 2024. La CGT n'est pas fermée à une diversification. L'activité lancée avec Wattpark qui, en plus, est une entreprise française, peut amener d'autres projets et en cela, c'est intéressant. Nous sommes preneurs de tous projets pouvant pérenniser les emplois », témoigne Lionel Gaillard, élu CGT au sein du CSE de MMT-B. De nouvelles élections sont organisées cette semaine.

Un accord gagnant-gagnant

Dans le cadre de cette feuille de route, Wattpark est le premier projet de diversification lancé en production. « Un partenariat gagnant-gagnant pour MMT-B comme pour Wattpark », salue Bertrand Lepage, directeur ventes et marketing de cette startup dont le siège est basé dans l'Essonne. MMT-B cherchait un produit à fort volume pour employer un maximum de personnes tout en se dirigeant vers un produit d'avenir proche du domaine automobile. « La borne est un exemple parfait de ce produit d'avenir. Nous avons sur le site deux compétences clés, l'usinage et l'assemblage. Cela permet de conserver la compétence assemblage en ajoutant les nouvelles technologiques, la plasturgie, les cartes électroniques », explique Fabien Rabeau.

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De son côté, Wattpark qui avait envisagé de produire elle-même ses bornes et a effectivement produit les premières a été freiné dans sa phase d'industrialisation. « C'est le parcours du combattant ! », alerte Bertrand Lepage. Après sept ans de développement, l'entreprise a donc fait des alliances pour passer à la production. « Une dizaine de sociétés sont entrées au capital de la société. MMT-B en fait partie. C'est un écosystème », insiste Marc Lepage, président et cofondateur de Wattpark.

Marc Lepage Wattpark

Marc Lepage, le directeur général de Wattpark (crédits : Agence APPA).

Ensuite, à chacun son métier. MMT-B a imaginé et développé la ligne de production. « C'est un autre de nos savoir-faire en ingénierie méthodes », souligne Fabien Rabeau. « Cette ligne est composée d'une partie intégration des prises, d'une partie assemblage de la borne avec les cartes électroniques, la plasturgie, les leds et d'une partie validation du produit. » Pas de robotisation à ce stade. Il y a en revanche des caméras de détection d'erreur, des interfaces utilisateurs avec écrans tactiles pour suivre les consignes étape par étape.

Viser des marchés à l'export

Au-delà de la fabrication, MMT-B est également en charge des achats de composants et de la livraison des bornes. Wattpark peut de son côté pleinement se consacrer au développement et à la commercialisation du produit auprès d'un réseau de distribution.  « Nous achetons les bornes à MMT-B que nous vendons à des réseaux de distribution qui eux-mêmes la vendent à des installateurs », précise Bertrand Lepage.

Wattpark vise une commercialisation à l'export, « en Europe, en Afrique, au Moyen-Orient puis dans un second temps aux États-Unis et dans des pays d'Asie. À ce stade, 18 pays se sont manifestés. Le challenge est énorme mais les perspectives sont bonnes, le chiffre d'affaire devrait s'envoler », explique Marc Lepage. Alors que 100.000 bornes électriques ont à ce jour été installées en France, Emmanuel Macron a fixé un objectif de 400.000 bornes installées en 2030. Sur ce marché Wattpark se positionne en tant que « Airbnb de la recharge » avec une solution software et hardware intégrée qui permet à tous ces utilisateurs de monétiser une place de parking électrifiée. Le prix de la borne Wattpark à charge lente est compris entre 1.500 et 2.000 euros, installation comprise.

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