Six ans d'existence, 33 collaborateurs, 1,7 million d'euros de chiffres d'affaires et, déjà, des contrats décrochés auprès d'un certain nombre de grands comptes : le Centre national d'études spatiales (Cnes), Dassault, Naval Group, Roxel ou encore Stelia Aerospace Composites. Spécialisée dans les matériaux composites, l'entreprise CMP Composites, basée à Eysines dans la métropole bordelaise, bénéficie du soutien de la Région au travers du projet Maele.
La Nouvelle-Aquitaine finance à hauteur de 317.000 euros ce projet collaboratif composé d'un consortium de cinq entreprises de Gironde et de Haute-Garonne dont le but est de créer un démonstrateur de mobilité aérienne verte et durable. CMP Composites est, pour sa part, chargée de mettre au point un réservoir cryogénique contenant de l'hydrogène liquide à -253 degrés Celsius.
Alain Rousset, président de Nouvelle-Aquitaine, a signé le contrat de partenariat liant la Région et CMP Composites autour de Maele (crédits : HL / La Tribune).
Deux brevets déposés
CMP Composites, dont le cœur de métier repose sur la fabrication de réservoirs en composite, s'est dans un premier temps attaquée au stockage d'ergols pour le spatial. Dans ce domaine, deux brevets ont été déposés. Ils portent sur l'architecture du réservoir et le revêtement interne. « Nous réalisons des réservoirs mono-matériau, 100 % composite, et qui présentent plusieurs avantages : il n'y a pas de problématique de dilatation et le coût est divisé par six », explique Marc Augustin, directeur des opérations également en charge de la stratégie chez CMP Composites qui coopère déjà avec plusieurs acteurs du New Space, dont The Exploration Company et HyPrSpace à Bordeaux. Or, ce savoir faire est transposable au secteur arien. « A ce stade, nous maîtrisons la technologie. Le gros challenge consiste désormais à isoler ce réservoir », précise-t-il. Sur ce marché, CMP Composites travaille également sur du stockage de fluides gazeux à haute pression.
Malgré ce savoir-faire spécifique dans les réservoirs, les associés de CMP Composites issus de grands groupes de l'aéronautique ont souhaité créer une structure dédiée au développement et à la fabrication de pièces en matériaux composites, sans se restreindre à un domaine d'activité ou une technique de mise en œuvre. L'entreprise réalise ainsi de l'outillage pour Dassault. « La partie drone sous-marin se développe également », ajoute Marc Augustin. CMP Composites accompagne ses clients dans n'importe quelle étape d'un projet autour des matériaux composites, de la recherche à la production de séries en passant par le prototypage.
Selon son prévisionnel 2022/2026, l'aéronautique représentera 30 % de l'activité de l'entreprise, le spatial 30 %, la défense 20 %, les énergies renouvelables 15 % et l'industrie 5 %. À ce stade, CMP Composites ne manque pas de projets. Elle doit en revanche investir dans de nouveaux outils industriels. L'entreprise va en l'occurrence acquérir une nouvelle machine d'enroulement filamentaire de six mètres de long dont la livraison est prévue à la fin de l'année. Elle se fixe également pour objectif d'atteindre les standards industriels en phase avec les attentes de ses clients. CMP Composites, d'ores et déjà à l'étroit dans ses locaux à Eysines, pourrait aussi déménager à Blanquefort pour intégrer un bâtiment de 1.500 à 2.000 m2 même si rien n'est encore signé.
Un besoin de cinq millions d'euros
« Au global, nous avons un besoin d'investissement à hauteur de cinq millions d'euros », avance Jean-Marie Lédan, directeur général de CMP Composites. « Après un amorçage réussi par les fonds public, nous sommes aujourd'hui à la croisée des chemins. Soit nous restons nous-mêmes soit nous faisons rentrer des investisseurs. Mais pour la partie bâtiment et infrastructures nous ne pourrons pas investir seuls », reconnaît-il. En 2020, la Région Nouvelle-Aquitaine avait voté une aide de 150.000 euros pour le développement d'un réservoir cryogénique puis de plus 300.000 en 2021 et 2022 pour des investissements matériels.
« Notre ligne directrice : nous positionner sur des produits techniques et innovants tout en étant agile avec la volonté de le rester », insiste Marc Augustin. Les fondateurs de l'entreprise avaient précisément l'ambition, en créant cette structure, de s'affranchir de l'inertie des groupes groupes dont ils étaient issus. « Il y a chez nous beaucoup de pointures et nous avons beau être jeunes, je ne ne considère pas que CMP Composites soit une startup. Nous grossissons par notre travail. Nous avons des produits que nous vendons et nous développons un produit à côté avec l'argent généré par cette activité. » CMP Composites affirme doubler chaque son chiffre d'affaires tous les ans.
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