« Le projet de Flying Whales est apolitique » répond son président après les critiques

ENTRETIEN. Retards à l'allumage, coût environnemental et financier, faveurs politiques : le projet de construction de dirigeables géants porté par la startup industrielle Flying Whales s'est heurté à de vives remises en question ces derniers mois. Son président, Sébastien Bougon fait le point sur les échéances du projet que l’État considère comme hautement stratégique.
Sébastien Bougon, le 4 juin 2024, lors du Flying Whales Day.
Sébastien Bougon, le 4 juin 2024, lors du Flying Whales Day. (Crédits : Flying Whales)

LA TRIBUNE - Malgré la recommandation de l'Autorité environnementale d'éviter le site de Laruscade, Flying Whales a déposé un nouveau dossier fin avril. Qu'avez-vous amélioré ?

Sébastien BOUGON - L'Autorité environnementale nous a demandé de préciser pourquoi nous avions choisi ce site. Pour rappel, quand nous avons cherché un site d'implantation au niveau national puis au niveau régional, nous avons étudié de nombreuses localisations. La plupart a été éliminée à cause de la réglementation aérienne, puis l'une des communes retenues a préféré conserver ses terrains pour un usage agricole. Le site de Laruscade avait été présélectionné par la Région car il est situé sur un bassin en difficulté économique et en besoin d'emploi.

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L'autre interrogation concernait les compensations environnementales. La question était de savoir si nous pouvions les renforcer. Nous les avons donc renforcées en termes de surfaces puisque la communauté de communes y travaille sur un potentiel de 400 hectares [les mesures seront vraisemblablement déployées sur les 200 hectares les plus propices, ndlr]. Les bâtiments à construire sur site sont contenus à 22 hectares. Pour réduire l'empreinte au sol, nous avons réduit les parkings ainsi qu'une zone de chargement. Nous allons améliorer les berges de l'affluent de la rivière la Saye et les rendre propices à l'habitat du vison d'Europe. On pense qu'aujourd'hui, on a un dossier très nettement meilleur que le premier.

Dans les rangs politiques comme dans l'écosystème aéronautique, on vous reproche d'être les chouchous du président de la République. L'entreprise bénéficie-t-elle de passe-droits ?

On n'est pas les chouchous du président ! C'est un raccourci fait pour beaucoup d'entreprise des programmes French Tech 120 et Next 40, mais Emmanuel Macron je ne l'ai vu que deux fois dans ma vie. Je rappelle que le soutien politique remonte à la présidence de François Hollande. C'est une entreprise qui se développe à un moment où l'industrie est mise en avant dans notre pays. Notre projet est soutenu parce qu'il est résilient, avec des emplois pérennes, bien payés. Parce que nous améliorerons la balance extérieure de la France.

On s'implante sur un territoire avec un vote RN et qu'il faut redévelopper économiquement. Notre projet est apolitique, c'est devenu un projet multi-pays avec l'intérêt du Québec et de l'Australie. Voyant les vertus de notre solution pour la décarbonation et la réindustrialisation, je pense que n'importe quel élu aurait pu pousser ce projet.

Selon vos projections, les premiers dirigeables devaient voler en 2025 mais ce ne sera pas avant 2028. Le défi technique mis en avant par l'enquête de la cellule investigation de Radio France est-il trop grand ?

Non, la question des difficultés de ballastage des dirigeables est un faux problème. On maîtrise mieux cette question aujourd'hui qu'elle ne l'était autrefois. Et ce grâce à la propulsion électrique qui permet de distribuer de l'énergie partout autour de la machine. Un dirigeable dispose de 32 moteurs électriques qu'on peut positionner sur différents points de propulsion, ce qui confère une extraordinaire pilotabilité et stabilité à la machine.

On a convenu de deux ans d'essais au sol et on vise une certification pour fin 2027 voire début 2028. La feuille de route est construite depuis 2014, l'autorité européenne [l'EASA, ndlr] nous accompagne depuis 2018, on est complètement dans les standards. La certification impose un niveau de sécurité énorme. On mène le projet en consortium avec 50 entreprises, dont certaines sont susceptibles de faire certifier leur propre système. C'est pour ça que ce projet, qui représente un demi milliard d'euros d'investissements, mobilise énormément et qu'il prend du temps.

Vous avez à ce jour levé plus de 160 millions d'euros sur des projections industrielles. Les retards vont-ils nécessiter un nouveau tour de financement ?

Comme tous les projets, on a eu quelques difficultés. Il a fallu sortir les investisseurs chinois suite à la demande du gouvernement du Québec. Ce qui a bloqué les travaux pendant presque un an. On a subit le cumul des effets du Covid et de la guerre en Ukraine avec deux années d'inflation et de surcoûts. Enfin, la DDTM [Direction départementale des territoires et de la mer, ndlr] a suspendu notre dossier et nous a demandé de l'améliorer. Une augmentation de capital se fera dans les douze prochains mois à l'occasion de l'entrée de l'Australie. Certains actionnaires actuels stratégiques m'ont dit qu'ils suivraient en renforçant leur participation.

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Commentaires 4
à écrit le 19/06/2024 à 0:02
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Dirigibles: Les allemands essayaient récemment: ils ont échoué. Enorme hangar inutile a Brandenburg en témoin. Les anglais essayaient récemment: on n'entend rien non plus. Pas de marché.

à écrit le 18/06/2024 à 9:17
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C'est vrai : pour Chirac, l'intérêt général était la somme de tous les intérêts corporatifs. Mais la vraie question n'est pas là : comment on fait avec un dirigeable en pleine tempête ?

le 18/06/2024 à 9:40
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Ben on en fait pas comme ça pas de problèmes ! "Hein quoi on fai tdes dirigeables vous êtes sûrs !? Attendez quand même je vais vérifier..." ^^

à écrit le 18/06/2024 à 8:52
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Le détournement d'argent public n'a en effet pas de parti politique attitré. "Il faut donner à manger à tout le monde !" Jacques Chirac.

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