
Le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine a voté ce lundi, 6 novembre, en commission permanente une subvention de trois millions d'euros au bénéfice de l'entreprise Flying Whales. Une somme qui correspond à la première partie d'une dotation globale de dix millions d'euros et qui doit permettre d'approfondir le dossier d'autorisation environnementale et de permis de construire déposé par le futur fabricant des plus gros dirigeables du monde.
Ce projet d'implantation sur une zone naturelle et forestière de 75 hectares comporte plusieurs carences, a pourtant fait remarquer l'Autorité environnementale dans son avis rendu le 19 octobre. Flying Whales va devoir davantage justifier l'intérêt public et les capacités de décarbonation du transport logistique que représente son projet de dirigeables. Une condition obligatoire pour espérer obtenir l'autorisation de construction sur une zone qui constitue un « réservoir de biodiversité », identifié comme tel par l'Autorité environnementale... mais aussi par la Région elle-même.
« Un nouveau dossier est d'ores et déjà en cours de préparation pour répondre aux recommandations de l'Autorité environnementale, afin d'en améliorer l'empreinte écologique locale. Celle-ci doit aussi être comparée aux bénéfices environnementaux attendus par le développement de ce nouveau mode de transport de marchandises, qui tend vers une décarbonation massive du fret », indiquent les services de la Région alors que la collectivité figure au capital de l'entreprise aéronautique depuis ses débuts.
300 emplois sur zone humide
La subvention accordée par la collectivité, nouvelle faveur pour Flying Whales, va ainsi servir à mener ou renforcer les différentes études d'impact. Mais pour les écologistes, le soutien inconditionnel à la startup industrielle ne passe pas. « Alain Rousset n'a pas compris l'avis de l'Autorité environnementale. Pour le président, c'est un projet qui va permettre de sortir des camions de la route mais on voit que ce n'est pas cohérent puisqu'il va détruire un site écologique », oppose Christine Seguinau, conseillère régionale du groupe écologiste. D'autant plus dissonant alors que la Région veut sanctuariser zones humides et espaces Natura 2000 dans sa nouvelle feuille de route Neo Terra 2 qui sera votée le 13 novembre. « La Région remet de l'argent dans ce projet alors qu'il ne va peut-être jamais voir le jour », s'inquiète son collègue Stéphane Trifiletti.
L'entreprise qui a levé 122 millions d'euros sur la promesse de son projet industriel décarboné s'accroche au site de Laruscade. Selon elle, la localisation est la seule en Nouvelle-Aquitaine qui puisse concilier les nécessités d'un espace aérien libre de toute activité ou restrictions, la desserte routière et ferroviaire ainsi que la proximité avec une grande métropole qui lui permettra de recruter plus facilement.
Pour un territoire nord-girondin en mal d'attractivité, la promesse de 300 emplois d'ici dix ans est carrément inespérée. « Vu l'état du territoire, on ne peut pas se payer le luxe qu'il parte ailleurs ! », clame Edwige Diaz, députée de la circonscription et conseillère régionale du groupe Rassemblement national, fustigeant « des environnementalistes qui pénalisent le développement industriel ». Mais même si le droit de l'environnement impliquerait une remise en cause, la déclaration d'utilité publique que l'entreprise convoite pourra valider définitivement l'implantation de l'usine. L'enquête publique préalable devrait débuter en 2024.
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