Depuis l'Asie, ils sauvent un fabricant de chaussons en Dordogne

AQUITAINS D'AILLEURS. Le mouvement se fait habituellement dans l'autre sens. Cette fois, ce sont bien trois Français installés au Japon, à Hong Kong et à Taïwan, qui ont repris Sodopac, une petite manufacture de chaussons et ses 50 emplois à Augignac, en Dordogne.
À l'occasion du passage de la flamme olympique à Augignac, le 22 mai 2024, Frédéric Guiral De Haas est au milieu.
À l'occasion du passage de la flamme olympique à Augignac, le 22 mai 2024, Frédéric Guiral De Haas est au milieu. (Crédits : Airplum)

Il y aurait donc finalement un avenir pour le textile français. Dans l'hexagone, alors que le secteur enchaîne les faillites et les redressements judiciaires, de Naf Naf à Jennyfer en passant par Pimkie ou Kookaï, d'autres tentent de tirer leur épingle du jeu. Ainsi pour faire le buzz à l'heure de l'intelligence artificielle, le Slip Français a récemment choisi un robot comme égérie de la campagne pour sa nouvelle gamme de sous-vêtements. En Dordogne aussi, on mise sur la qualité et le « fabriqué en France » pour s'en sortir. C'est dans cet état d'esprit qu'un drôle de trio a repris, en avril 2023, la petite fabrique d'articles chaussants Sodopac créée en 1947.

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Frédéric Guiral de Haas, Hervé Accart et Xavier Paulin, passent désormais davantage de temps en Dordogne, mais ils étaient tous en Asie au moment du rachat de l'usine familiale. « Notre stratégie a été tout de suite de développer Airplum, la marque de la société qui existait depuis 30 ans, mais que personne ne connaissait, résume Frédéric Guiral De Haas, l'un des trois repreneurs, qui se partage aujourd'hui entre la Dordogne, qu'il a découverte l'an dernier, et Tokyo. Nous bénéficions ici d'une technologie extraordinaire avec une semelle à mémoire de forme composée à 55 % de bulles d'air qu'on est les seuls à produire en Europe ». Un an plus tard, le pari est tenu. L'usine d'Augignac continue de produire 500.000 paires de chaussons et pantoufles par an. Et les 49 emplois du site ont été maintenus.

Ne pas perdre l'ADN du produit

Les trois associés ne sont pas des perdreaux de l'année. Avant de se lancer dans l'aventure Sodopac, Frédéric Guiral De Haas, 56 ans marié à une épouse japonaise, père de quatre grande filles, a passé plus de 30 ans en Chine où il a débarqué à Hong Kong comme coopérant (aujourd'hui VIE, ndlr). Après un passage par l'agroalimentaire, il est débauché par Aigle et nommé responsable de la marque dans toute la zone Asie pendant dix ans.

À Shanghai, il créée ensuite sa propre société, « Nivose », spécialisée dans les vêtements de ski haut de gamme.

« Bien sûr, on pourrait produire les chaussons Airplum en Chine, reconnaît-il. Cela coûterait moins cher mais on perdrait l'ADN du produit, à savoir la fabrication en France et dans le Périgord. Je crois beaucoup à la relocalisation. Avec la transition écologique, il va être fondamental de fabriquer localement, de livrer en circuit court, d'être proche du client et d'être capable de récupérer le produit pour le transformer. Tous les gens qui ont commencé à fabriquer en Asie pour aller chercher des prix bas en délocalisant sont morts aujourd'hui ».

Ainsi, le Nontronnais comptait 150 fabricants de chaussons dans les années 80. Dans toute la France, il en reste à peine une dizaine aujourd'hui.

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