L'aventure a démarré en 1938 aux Cars après le mariage d'Henry et Adrienne qui fabriquait des chaussettes. "Mes grands-parents ont acheté quatre machines en Angleterre puis un entrepôt qui accueille nos bureaux", raconte leur petit-fils Aymeric. "La manufacture a employé jusqu'à 220 salariés dans les années 70."

En 1984, leurs enfants Brigitte et Gérard reprennent l'affaire. L'arrivée de la grande distribution rebat les cartes en 1996, époque où apparaissent les machines électroniques qui accélèrent la productivité. "Le virage a été plus compliqué à prendre avec leur distributeur Auchan qui a lâché mes parents, le chiffre d'affaires a baissé de 30 %, ils avaient des investissements importants et l'importation arrivait, ils étaient submergés et ne croyaient plus au textile made in France."

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A leur départ en retraite en 2006 la question se pose de la succession. Le destin d'Aymeric était écrit. "Mon grand-père m'avait toujours dit que je ferai des chaussettes, ma femme Alexandra avait commencé comme ouvrière de finition, on n'avait pas d'argent mais on a repris la boîte, démarré à quatre passant assez vite à une vingtaine de salariés." La rencontre avec un investisseur qui croyait à la chaussette produite en France a sauvé cette société labellisée EPV (entreprise du patrimoine vivant) puis Origine France Garantie.

« Internet a tout révolutionné »

L'arrivée d'internet en 2007 a sonné comme une renaissance pour Broussaud qui fournit de nouveaux clients comme Archiduchesse :

"Ils ont révolutionné la façon de vendre et la communication", explique-t-il. "Avant personne ne savait qui fabriquait du made in France en chaussettes, Archiduchesse a dépoussiéré cela puis il y a eu le Slip français. Les sites ont communiqué sur leurs fournisseurs, les gens ont découvert Broussaud qui existait depuis 70 ans mais était inconnue ! Cela nous a redonné une image de marque et une notoriété."

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Son cœur de métier, la fabrication pour les marques, lui a permis de fidéliser 160 clients comme Mosaert (la marque de Stromae), A l'aise Breizh, Bonne Maison ou Royalties Paris. "En 2014, ce fut un tournant, on a arrêté notre part d'import car on a compris qu'on travaillait pour des tribus", poursuit-il. "Notre concurrent ce n'était pas le Chinois, c'était personne ! De plus en plus de gens voulaient acheter français car c'est bon pour l'emploi et beaucoup ont alors découvert le made in France et encore plus avec la pandémie."

Alexandra et Aymeric Broussaud débordent de projets pour développer leur marque (crédits : Maison Broussaud).

Les dirigeants ont lancé leur marque « Maison Broussaud » en 2020, ouvert un magasin à Limoges, un site de vente et ils veulent créer un réseau de revendeurs, pourquoi pas ouvrir une boutique à Bordeaux, d'où leur participation au Salon du made in France à Bordeaux du 11 au 13 mars.

Une extension de l'atelier de production de 1.000 m2 et la modernisation des machines, chiffrée à 1,4 million d'euros, est engagée. Vingt nouvelles machines de tricotage robotisées seront installées, 120 à terme, 80 % du parc étant déjà renouvelé. "France Relance nous a donné un coup de booster avec une aide de près de 400.000 euros sur le bâtiment", complète le directeur. "La Région Nouvelle-Aquitaine nous soutient depuis dix ans avec 414.000 euros pour les machines pour améliorer la productivité." L'entreprise emploie 66 salariés et vise 1,5 million de paires cette année soit 7 millions d'euros de chiffre d'affaires.