New Space : Aerospacelab devient Agena Space et passe sous pavillon tricolore

La filiale d’Aerospacelab en France devient Agena Space et change de gouvernance. Désormais détenue à 90% par ses dirigeants, cette startup du New Space s’inscrit dans une stratégie de réindustrialisation et de souveraineté. Agena Space ambitionne de recréer une filière de la propulsion liquide orbitale en France pour des applications de mobilité des satellites dans l’espace.
L'équipe d'Agena Space est aujourd'hui constituée d'une douzaine de personnes.
L'équipe d'Agena Space est aujourd'hui constituée d'une douzaine de personnes. (Crédits : Agena Space)

La structure belge, Aerospacelab, lui a donné l'occasion de mûrir et d'initier les premiers développements dans le domaine de la propulsion. Un nouveau chapitre s'ouvre désormais pour Aerospacelab France. L'entreprise arrivée en 2023 à Mérignac et désormais implantée à Talence a changé nom pour devenir Agena Space mais elle a surtout fait évoluer sa gouvernance. Il ne s'agit plus d'une filiale à 100 % d'Aerospacelab : l'entreprise bordelaise est détenue à 90 % par ses dirigeants et à 10 % par son ancienne maison mère.

« Alors que nous avions l'ambition de développer une activité observation, nous s'y sommes pas parvenus faute de soutien, hors Région. La priorité étant donnée aux sociétés françaises, nous n'avons, par exemple, pas pu bénéficier du plan de relance. En devenant une entreprise française, nous rentrons dans la logique de réindustrialisation », assure Jean-Daniel Testé, président d'Agena Space, en guise d'explication.

Le choix de la propulsion liquide

Car Agena Space travaille avant tout à recréer une filière de la propulsion liquide orbitale « Filière qui a quitté la France au début des années 2000, précise Jean-Daniel Testé. Nous avons l'occasion d'exploiter une technique de nouveaux produits moins polluants et plus faciles à manipuler. C'est la raison pour laquelle nous y allons. Contrairement à ce qui se faisait avant, nous travaillons avec une nouvelle génération de carburant dont la toxicité est quasiment nulle. Nous supprimons ainsi les contraintes logistiques, les risques pour l'environnement et la santé. »

Et si Agena Space a choisi de se retourner vers la propulsion liquide plutôt que la propulsion électrique très à la mode, c'est pour une question de performance. « Un moteur électrique est très intéressant dans la durée. En revanche, pour éviter un débris par exemple, il faut pouvoir réagir très vite et pousser davantage. La propulsion liquide offre précisément beaucoup de poussée. »

Une opportunité qu'elle saisit alors qu'Agena Space est désormais tournée à 100 % vers la mobilité spatiale. « La première fonction de la propulsion sur un satellite consiste à le remettre sur sa position orbitale nominale. Mais il s'agit aussi de doter les satellites de mobilités pour éviter des collisions avec d'autres satellites ou des débris. L'espace est devenu très chargé », rappelle Jean-Daniel Testé. Agena Space a en revanche toujours une vocation duale, civile pour de la logistique spatiale et militaire pour de l'action dans l'espace.

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Vers une commercialisation en 2026 ?

« En l'espace d'un an, notre équipe a franchi des jalons de développement importants en matière de propulsion liquide ce qui nous permet d'envisager la commercialisation de notre première famille de produit en 2026. Notre premier modèle de vol mono-carburant, constitué d'un moteur et d'un réservoir, est prêt. 300 tests ont été réalisés à Poitiers au sein de l'institut P' [l'institut Pprime est une unité de recherche du CNRS, NDLR]», explique Jean-Daniel Testé.

Dans le même temps, Agena Space commence à travailler sur une deuxième génération de carburant, « un bi-ergol qui offrira des performances de poussée encore meilleures. » Les travaux de R&D commenceront cet été avec le Centre national d'études spatiales (Cnes) pour une commercialisation envisagée mi-2027.

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Le modèle économique reposera donc, au départ, sur la vente du système de propulsion. En parallèle, des travaux seront menées sur la réalisation de plateforme. « Il fallait recréer la filière et donc recréer des compétences. Nous avons commencé par le plus facile, à savoir le mono-carburant », explique Jean-Daniel Testé.

A la recherche d'une implantation pour un centre industriel

Dès la fin de cette année, Agena Space va donc réfléchir à trouver une implantation pour un centre industriel où assembler les moteurs, idéalement entre Mérignac et Cazaux. Car un accord de principe a été trouvé pour implanter un centre d'essai sur la base aérienne de Cazaux. « Ce centre validera la production industrielle, quand les premiers produits sortiront de notre usine », précise Jean-Daniel Testé.

De fait, l'équipe aujourd'hui constituée d'une douzaine de personnes continuera à grossir. L'entreprise vise un effectif d'une cinquantaine de personnes à l'horizon 2030 quand elle sera rentrée dans un processus de production industrielle.

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