Micro-crédit ou fonds propres : comment financer la transition écologique des petites entreprises ?

Comment financer la transition écologique des micro-entreprises ? Alors que les conditions de prêt bancaire se durcissent depuis l'an dernier, les plus petits entrepreneurs se retrouvent face à un mur. Pour l'Adie Nouvelle-Aquitaine, ce champ doit être financé en fonds propres et non via le micro-crédit. Explications.
Maxime Giraudeau
(Crédits : Shutterstock)

Venir en soutien aux acteurs économiques privés d'accès au crédit bancaire mais qui ont besoin d'environ 5.000 euros pour faire décoller leur projet d'entreprise. Voilà le public et la mission cibles de l'Adie (Association pour le droit à l'initiative économique), promotrice majeure du micro-crédit, qui fête en 2023 ses 30 ans de présence à Bordeaux. Pour ce réseau de 17 agences et 200 personnes en Nouvelle-Aquitaine, aux trois quarts bénévoles, l'anniversaire célébré à Bordeaux ce 9 mai marque aussi un tournant.

Comme de très nombreuses organisations professionnelles, l'Adie veut engager son monde, à savoir les micro-entreprises, dans le défi de la transition écologique. Ou au moins, les y inciter. Mais si la structure a accordé 12,8 millions d'euros de micro-crédits en 2022, à travers 3.400 prêts, elle pense que ce levier n'est pas le bon moyen pour financer la transition. « Tout simplement car la capacité de remboursement des emprunteurs ne permet pas de financer tous leurs besoins en matière de transition écologique », explique Jean-Marc Ewald, indéboulonnable directeur régional de l'Adie depuis 1993.

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« Nous cherchons plutôt à développer les fonds propres des micro-entreprises, ou quasi fonds propres via des subventions et prêts d'honneur », avise-t-il, tout en rappelant que le plafond d'un micro-crédit se situe autour de 10.000 euros. Par exemple, l'achat d'un véhicule professionnel à faibles émissions carbone se heurte à ce levier. « On atteint la limite de ce que les gens peuvent accepter en matière de remboursement. »

Nouvelle semonce contre les ZFE

Emboîtant le pas de son homologue toulousain qui s'est inquiété en mars des restrictions imposées par la Zone à faible émissions (ZFE), Jean-Marc Ewald craint également l'arrivée de la réglementation à Bordeaux. « Les entrepreneurs périurbains qui vont décrocher des contrats en cœur de Métropole ne pourront pas avoir un plan de financement cohérent s'ils doivent investir dans un véhicule. Nous voulons une transition écologique qui soit inclusive », expose-t-il à La Tribune en sollicitant les politiques à accorder des prêts d'honneur aux entrepreneurs précaires. Une attitude déjà exprimée par 14 organisations professionnelles de la région à travers une liste de recommandations transmise à la Métropole en mars.

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Plus largement, de nombreux néo-entrepreneurs ont rencontré ces derniers mois des difficultés d'activité en raison des aléas conjoncturels (inflation, baisse de pouvoir d'achat des consommateurs) et ont donc dû solliciter des renouvellements de prêts. C'est ce public sur lequel l'Adie veut garder un œil attentif en 2023, toujours déterminée à inciter les personnes précaires à entreprendre. Une mission essentielle pour l'Adie, dont l'une des initiatrices, l'économiste Maria Nowak, est décédée en décembre dernier.

Une année 2022 prolifique

L'Adie a accordé 12,8 millions d'euros de prêts, micro-crédits et primes remboursables en Nouvelle-Aquitaine en 2022, soit 7 % de plus qu'en 2021, pour une valeur moyenne de 4.900 euros. Le but du micro-crédit étant d'aider un public exclu du réseau bancaire classique, 57 % des personnes financées l'an dernier étaient bénéficiaires des minimas sociaux. Presque un tiers d'entre elles a moins de 30 ans et un tiers également habite en milieu rural. 2.739 personnes ont été financées grâce à l'Adie en 2022 en Nouvelle-Aquitaine, 10 % de plus qu'en 2021. De puis la création de l'agence bordelaise en 1993, 32.000 micro-crédits ont été accordés dans la région pour un montant global de 113 millions d'euros.

Maxime Giraudeau

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