Trois questions sur la Convention des entreprises pour le climat en Nouvelle-Aquitaine

La Convention des entreprises pour le climat (CEC) se lance en Nouvelle-Aquitaine et recherche ses membres ! Les dirigeants sont appelés à rejoindre ce mouvement d'engagement des entreprises vers des objectifs d'économie régénérative à travers un parcours d'accompagnement. Explications avec Lucie Herlez, copilote de la déclinaison régionale.
La présentation de la CEC Nouvelle-Aquitaine a lieu ce vendredi 2 juin à la Cité du Vin à Bordeaux.
La présentation de la CEC Nouvelle-Aquitaine a lieu ce vendredi 2 juin à la Cité du Vin à Bordeaux. (Crédits : Agence APPA)

LA TRIBUNE - Cette initiative va-t-elle fonctionner sur le modèle de la convention citoyenne pour le climat en débouchant sur des propositions à destination de toutes les entreprises ?

Lucie HERLEZ - Non c'est quand même assez différent. Nous avons développé une méthodologie qui a fonctionné et qui a fait ses preuves à travers cinq conventions régionales d'entreprises pour le climat. En Nouvelle-Aquitaine, elle se lance avec une équipe locale, soutenue par des équipes de l'organe central de la CEC, pour que la transformation des organisations puisse embarquer le plus largement possible les politiques publiques, les fournisseurs, les clients et les citoyens.

Une participation implique une notion d'engagement et de disponibilité pour une entreprise. Elle devra assister à six sessions durant neuf mois, à partir d'octobre 2023. Les sessions durent un à deux jours et demi. Elle s'engage à produire un livrable sous forme de publication d'une feuille de route à visée régénérative à horizon 2030. Elle devra la rendre publique. C'est le président, le directeur général voire son adjoint s'il est vraiment impliqué dans la prise de décision ainsi qu'une personne choisie par le dirigeant, que l'on appelle chez nous le « planet champion », qui vont y assister. Ils sont deux tout au long du parcours. Ce parcours implique aussi de vivre une expérience, une transformation personnelle. Pour pouvoir incarner et porter le message ensuite dans l'entreprise, c'est plus facile d'être à deux !

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Une dynamique nationale qui s'implante dans les régions

Le mouvement s'est concrétisé en septembre 2022, dans l'élan de la Convention citoyenne pour le climat, avec le regroupement de 150 entreprises qui souhaitaient que le monde professionnel aient un impact positif sur le changement climatique. L'association s'apprête à ouvrir en Nouvelle-Aquitaine la cinquième déclinaison régionale de la CEC avec un budget de 1,1 million d'euros. Une somme abondée par les entreprises membres avec des adhésions annuelles entre 2.000 et 7.000 euros, complétées par des participations volontaires.

Vous avez pour l'instant réuni une vingtaine d'entreprises. Quel est le profil type de ce groupe ?

La CEC recherche vraiment la diversité en terme de taille, de secteur d'activité et de territoire, c'est très important pour nous. Si on fait la cartographie des vingt premières, on est plutôt sur des entreprises avec un siège social local qui n'ont pas participé au parcours national, avec plusieurs banques régionales. On a plutôt des PME et quelques ETI qui représentent 80 % de l'effectif. On vise entre 80 et 100 entreprises d'ici le lancement en octobre. Les relations sont assez centralisées en Gironde pour l'instant, et au Pays basque aussi. On va s'appuyer sur ces dirigeants pour faire écho sur le reste du territoire.

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Estimez-vous être assez armés pour déclencher des électrochocs et impulser des changements qui dépassent le greenwashing ?

On conduit plusieurs sessions avec des intentions et des thématiques différentes qui vont amener le dirigeant sur des sujets liés à sa feuille de route. La première session est celle du constat. De manière très factuelle, on va apporter des informations scientifiques avec des intervenants venant d'organisations scientifiques. Ensuite, il y a un accompagnement en sous-groupe et entre pairs des dirigeants. On ne peut pas trop tricher, on peut s'exprimer, pas seulement avec la tête mais le corps. Pour se mettre en mouvement, il faut toucher le cœur. Les dirigeants ont l'habitude qu'on leur parle dans la tête, comme beaucoup dans un monde professionnel.

L'accompagnement que l'on propose va petit à petit apporter des outils et montrer qu'il est possible de faire autrement. C'est à eux de s'en saisir en intelligence collective. A nous de veiller que les entreprises vont être suffisamment ambitieuses, c'est l'ambition qui fera qu'il n'y aura pas de greenwashing. On n'a pas vocation non plus à leur dire quoi faire. Elles doivent comprendre qu'on ne peut plus continuer avec le business as usual. Il faut vraiment changer profondément.

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