Changement climatique : « Il faut investir davantage et plus vite, il y a un vrai compte à rebours »

Pas de ralentissement en 2022 ni même en ce début d’année 2023. L’année dernière, la Banque des territoires a mobilisé 1,077 milliard d’euros en Nouvelle-Aquitaine. Un montant, en hausse de 6 % sur un an, dont 90 % est constitué de prêts au logement social. Mais l’établissement investit également aux côtés d’acteurs privés pour accompagner la transition énergétique et écologique. Sur le sujet de l’adaptation au changement climatique, la Banque des territoires insiste : « C’est maintenant qu’il faut investir ! ».
De gauche à droite, Rémi Heurlin, Patrick Martinez et Arnaud Beyssen de la Banque des territoires.
De gauche à droite, Rémi Heurlin, Patrick Martinez et Arnaud Beyssen de la Banque des territoires. (Crédits : Hélène Lerivrain)

Après la crise Covid, pas de répit. L'inflation, la hausse du coût des chantiers, de la facture énergétique et des taux d'intérêt bancaires et la difficulté à trouver de la main d'œuvre compliquent encore la mise en œuvre des projets. Pour autant « il faut continuer à investir et dès maintenant pour s'adapter notamment au changement climatique », martèle Patrick Martinez, le directeur régional de la Banques des territoires en Nouvelle-Aquitaine. Et de citer les chantiers sur l'eau, la rénovation des bâtiments ou encore le recul du trait de côte qui impacte les communes du littoral. « Sur ces sujets, il est nécessaire d'investir davantage et plus vite ! Il y a un vrai compte à rebours », assure Patrick Martinez. Dans ce contexte, la banque des territoires rappelle qu'elle applique les même taux pour un emprunt sur 25, 40 voire même 60 ans. « Les collectivités n'ont pas à se restreindre », insiste Remi Heurlin, directeur régional adjoint.

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842 millions d'euros pour le logement social

La Banque des territoires a annoncé, ce mardi 4 avril, avoir mobilisé 1,077 milliard d'euros en 2022 pour des activités de prêt (921,3 millions) et d'investissement (156 millions d'euros). « Nous sommes sur les mêmes niveaux que 2021 », précise Patrick Martinez. Le montant total est même en légère hausse de 6 % par rapport au 1,01 milliard d'euros mobilisés l'an dernier.

Premier financeur du logement social, la Banque des territoires a accordé 842,2 millions d'euros aux bailleurs sociaux pour permettre la production de 6.955 logements, la réhabilitation de 2.672 logements dont 1.305 réhabilitations thermiques et la construction de 335 logements d'insertion et places d'hébergements. Elle a également accompagné les acteurs du logement social en souscrivant 14,2 millions d'euros de titres participatifs émis par six bailleurs.

Mais face à une pénurie de projets dans des territoires à forte tension (Charente Maritime, Bordeaux Métropole, les Landes et le Pays basque), la Banque des territoires lance, avec l'Etat, une étude pour déterminer les besoins en foncier au titre des logements sociaux. « Il s'agit de repérer le foncier disponible, première étape avant la constitution de réserves foncières », précise Patrick Martinez. Une restitution de cette étude est attendue à la fin de l'année.

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La Banque des territoires a également investi 83 millions pour accompagner la transformation énergétique et écologique et prêté 44,5 millions d'euros pour financer le Sdeeg (Syndicat départemental énergies et environnement de Gironde) ainsi que la réhabilitation d'un pont en voie verte dédié aux transports doux et décarbonés par la Communauté urbaine de Limoges.

Des conventions d'intracting pour la transformation énergétique

En matière de rénovation énergétique, la Banque des Territoires a proposé le dispositif de financement intracting qui consiste à réaliser des travaux de performance énergétique générant des économies d'énergie avec un temps de retour de l'ordre de treize ans. Elle a ainsi signé des conventions avec les agglomérations d'Agen, La Rochelle, Poitiers, Limoges, Brive-la-Gaillarde ainsi qu'avec trois syndicats d'énergie.

À titre d'exemple, la Banque des territoires a récemment signé avec le Sdeeg un financement intracting sous la forme d'une avance remboursable de neuf millions d'euros sur une durée de onze ans pour remplacer 18.300 points lumineux par du matériel moins énergivore. « Nous calquons le temps de remboursement sur le temps de retour des économies d'énergie et si le temps de retour est plus long, nous allongerons la durée de notre financement », explique Patrick Martinez.

« De manière générale, nous trouvons un intérêt à passer par ces acteurs départementaux qui ont le savoir faire, la connaissance du territoire, et une capacité à aller voir les collectifs en confiance », ajoute-t-il.

Parmi les outils également mobilisés, la Banque des territoires créé des foncières de redynamisation en lien avec des sociétés d'économie mixte pour renforcer l'attractivité des centres-villes.

De l'investissement aux côtés d'opérateurs privés

Mais la Banque des territoires investit également aux cotés de porteurs de projets privés, dans les secteurs du tourisme, des énergies renouvelables ou de la décarbonation des systèmes de chauffage.

« Nous amenons de l'argent à des partenaires privés qui savent faire, ce qui leur permet de faire trois ou quatre projets par an plutôt que un ou deux et on assure le lien avec le territoire. Le principe, c'est d'apporter un gage de stabilité et de durée aux collectivités aux côtes d'un opérateur », explique Patrick Martinez.

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Dans le cadre du plan Avenir Montagne, La Banque des territoires a ainsi accompagné le projet de rénovation et de montée en gamme d'un ensemble de chalets à proximité de la station d'hiver de Gourette (Pyrénées-Atlantiques). L'établissement a investi 900.000 euros euros en prenant une participation minoritaire (40 %) aux côtés de DPG Holding (60 %) pour assurer le portage de l'immobilier et des travaux.

La Banque des territoires soutient enfin le secteur médicosocial. En 2022, elle a construit 851 logements neufs et mobilisé 79 millions d'euros qui on notamment contribué à la reconstruction de l'Ephad du centre hospitalier de Saint Astier, en Dordogne.

Pas d'alarmisme en ce début d'année 2023

Quelles sont les perspectives pour 2023 ?

« Nous sommes toujours très sollicités ce qui est bon signe. Malgré le contexte, nous ne constatons pas de ralentissement si je me réfère aux contacts pris avec des porteurs de projets qui nous amènent à rentrer le projet d'investissement dans un processus d'engagement. Depuis le début d'année, il y en a eu 25. En trois mois, nous avons fait ce que nous faisions en un an il y a trois ou quatre ans. Concernant les collectivités locales, nous pouvions craindre une réduction de la capacité d'investissement mais nous ne l'observons pas pour l'instant. Je serais en revanche plus mesuré sur le logement social. Il y a un décrochage sur certains territoires comme Bordeaux Metropole », témoigne Patrick Martinez.

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