« La RSE sera la révolution de 2023, les entreprises vont enfin y consacrer des budgets »

INTERVIEW. « Jusque-là, la RSE n'était pas perçue par les directions comme une question réellement stratégique et ne bénéficiait donc pas des budgets nécessaires. Mais nos clients sont en train de passer des discours aux actes », estime Erwan Le Bronec. Le directeur de Onepoint dans le Sud-Ouest décrypte pour La Tribune les ressorts de cette nouvelle demande. Avec 450 salariés entre Bordeaux et Toulouse, Onepoint continue de grandir dans la région même si son ambitieux projet de campus bordelais prend du retard et n'arrivera pas avant 2025.
Erwan Le Bronec dirige les équipes de Onepoint à Bordeaux (400 salariés) et Toulouse (50 salariés).
Erwan Le Bronec dirige les équipes de Onepoint à Bordeaux (400 salariés) et Toulouse (50 salariés). (Crédits : Onepoint)

LA TRIBUNE - Il y a un an, Onepoint comptait 330 collaborateurs à Bordeaux, 40 à Toulouse et annonçait 150 recrutements. Qu'en est-il aujourd'hui alors que le marché de l'emploi ne s'est pas vraiment détendu ?

Erwan LE BRONEC - Nous comptons désormais 450 salariés dans le Sud-Ouest, dont 330 à Bordeaux, à la Cité numérique, et 50 à Toulouse. Nous avons donc créé 80 postes nets et nous nous fixons à nouveau un objectif de 150 embauches pour 2023 même si on sait que ce sera compliqué. Puisqu'en effet les problématiques de recrutement ne se sont pas simplifiées, bien au contraire. C'est encore plus compliqué de trouver des candidats aujourd'hui. Et on voit l'influence croissante des professionnels franciliens qui souhaitent travailler dans la région bordelaise mais sans diminuer leur salaire ! Le résultat c'est qu'en 2022 on a vu un phénomène de hausse générale des salaires dans la région d'environ 5 % sur un an. C'est inévitable mais certains clients ne l'ont pas encore intégré et ne comprennent pas nos hausses de tarifs. Mais ils peuvent aller voir ailleurs constater que la problématique est globale.

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Quels sont les métiers où il est aujourd'hui le plus compliqué de recruter ?

Il y a d'abord tous les métiers tech, liés au développement des projets numériques, et tous les métiers liés à la cybersécurité. Dans ce domaine, il y a pas mal de profils sur le marché mais on trouve beaucoup de juniors alors que dans la cybersécurité l'expérience est indispensable pour être bon. De notre côté, on a réussi à constituer des équipes seniors et on va donc pouvoir ouvrir le recrutement en 2023 à des profils plus juniors.

Mais la nouveauté de 2022 ce sont les difficultés de recrutement sur les expertises liées à la RSE (responsabilité sociétale des entreprises). On voit ces derniers mois monter chez nos clients une forte demande d'accompagnement sur le développement durable, les bilans carbone, la qualité de vie au travail et les projets de transition énergétique et écologique. Mais, en face, il n'y a pas encore suffisamment de formation dans ces domaines. Ce sont donc des profils très recherchés et on travaille aussi, en interne, sur la formation continue, les possibilités de reconversion et des dispositifs de mentorat.

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Qu'est-ce qui a changé ces derniers mois en matière de RSE ?

Jusque-là, la RSE n'était pas perçue par les directions comme une question réellement stratégique et ne bénéficiait donc pas des budgets nécessaires. Mais nos clients sont en train de passer des discours aux actes : on sent désormais à la fois une tendance bien plus lourde sur la RSE et la compréhension qu'une action de fond sur la RSE a nécessairement des impacts sur toutes les fonctions de l'entreprise : communication mais aussi approvisionnement, métiers, systèmes d'information, etc. Cela nécessite donc des moyens et ces moyens commencent enfin à arriver !

Quels sont les raisons de cette évolution de la demande ?

Il y a plusieurs moteurs mais l'un des plus puissants ce sont les demandes exprimées par les nouvelles générations à plusieurs niveaux. Il y a d'abord la question du recrutement avec la nécessité pour les employeurs de mieux prendre en compte les attentes des candidats qui cherchent de plus en plus des entreprises à impact, celles dotées d'une vraie politique de transition écologique, qui interrogent leur modèle et leurs manières de faire. Très clairement, les entreprises qui ne se saisissent pas de cette question auront encore plus de difficultés de recrutement en 2023 et dans les années qui viennent !

Ensuite, il y a aussi la montée en puissance des questionnements émanant des salariés en interne, y compris des collaborateurs expérimentés, sur les stratégies mises en place en matière de numérique responsable, de traitement des déchets, de circuits courts d'approvisionnement, de valorisation des co-produits. Ce sont des projets qu'on voit arriver tous les jours chez nos clients avec une logique qui vient des équipes.

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La flambée du prix de l'électricité est-elle aussi un moteur ?

Oui, pour notre périmètre d'activité, cela passe par des demandes croissantes sur le numérique responsable, c'est-à-dire le passage au cloud qui permet d'optimiser les parcs informatiques et les consommations des serveurs et centres de données.

Sur tous ces aspects liés à la RSE les lignes sont donc en train de bouger à marche forcée ?

Chez Onepoint on pensait même que ça allait bouger dès 2022 mais ça n'a pas encore été le cas. Il y a aujourd'hui une réelle prise de conscience de l'importance de la RSE dans les entreprises mais pas forcément encore les budgets en face. L'année prochaine sera probablement un pivot : la RSE sera la révolution de 2023 parce que les entreprises vont enfin y consacrer des budgets ! On voit d'ailleurs se multiplier les startups portant des projets de circuits courts alimentaires, de sobriété ou de bilan carbone.

Pour anticiper ce mouvement, on a déjà développé notre outil permettant à un territoire de mesurer et quantifier toutes ses émissions carbone. C'est utile autant pour les collectivités locales, notamment les métropoles, que pour des coopératives agricoles qui seront concernées rapidement par les questions de valorisation de leurs capacités de séquestration d'émissions carbone. C'est un moteur d'activité puissant pour nous dans les années à venir.

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Le campus de Bordeaux repoussé à 2025

Le vaste projet de campus intégré sur 20.000 m2 à Bordeaux Euratlantique avec Covivio a fait l'objet de quelques réajustements si bien que Onepoint est toujours, fin 2022, dans l'attente de l'obtention du permis de construire modificatif. La livraison n'est donc pas attendue avant l'année 2025. Parallèlement, Onepoint porte désormais un deuxième projet immobilier juste à côté sur environ 10.000 m2 pour proposer plus d'une centaine de logements en coliving, là aussi à horizon 2025.  « Ces logements serviront à la fois à nos clients de passage et à héberger nos nouveaux collaborateurs qui n'arrivent à se loger à Bordeaux. Le reste sera proposé sur le marché classique », précise Erwan Le Bronec.

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