Pour Geev, pionnier du don d'objets, la rentabilité est enfin à portée de main

Si sa mise en œuvre n'est pas toujours tangible sur le terrain, la montée en puissance de la loi Agec (Anti-gaspillage pour une économie circulaire) vient conforter les modèles économiques des entreprises à impact. Pour Geev, qui pousse le don d'objets depuis sept ans, la rentabilité est désormais à portée de main. La startup bordelaise vient de lever 4,5 millions d'euros pour piloter son virage BtoB.
Hakim Baka et Florian Blanc ont créé Geev il y a sept ans. L'application compte plus de cinq millions d'utilisateurs pour plus de cinq millions d'objets donnés.
Hakim Baka et Florian Blanc ont créé Geev il y a sept ans. L'application compte plus de cinq millions d'utilisateurs pour plus de cinq millions d'objets donnés. (Crédits : Geev)

Comment gagner de l'argent en promouvant l'économie du don ? C'est l'équation a priori insoluble que les startups bordelaises HelloAsso et Geev tâchent de résoudre depuis plusieurs années. La première a largement fait ses preuves en appui du monde associatif générant 15 millions d'euros de chiffre d'affaires l'an dernier. Autorisée à être opérateur de paiement, elle vient de publier sa nouvelle application mobile développée par Niji.

La seconde, Geev, a dépassé en début d'année le seuil symbolique des cinq millions d'utilisateurs inscrits sur son application de dons d'objets divers et variés. Malgré cet impact considérable avec plus de 25 millions d'objets donnés, l'entreprise n'a pas encore connu un exercice rentable sur le plan comptable depuis sa création il y a sept ans. Mais après avoir beaucoup expérimenté, Hakim Baka et Florian Blanc assurent avoir enfin trouvé la solution. Et ils annoncent ce 9 février avoir réuni 4,5 millions d'euros pour la mettre en œuvre rapidement.

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Une structure de coûts optimisée

Les deux fondateurs ont mené deux opérations financières en parallèle. La première c'est une levée de fonds participative qui a atteint 1,64 million d'euros en mobilisant 1.500 investisseurs particuliers sur la plateforme Tudigo l'été dernier. Cette nouvelle preuve du dynamisme de la communauté qui gravite autour de Geev a permis d'appuyer les négociations pour une levée de fonds classique qui a finalement abouti en décembre 2023. La startup a réuni 2,9 millions d'euros auprès du fonds régional Aquiti Gestion et de Team for the Planet - qui soutient également Beyond the Sea et Seaturns et étudie de près les dossiers Midipile Mobility et Airbooster - ainsi que de Sacha Poignonnec, le CEO de Jumia, entreprise d'e-commerce présente notamment en Afrique.

« L'enjeu de cette levée est de structurer notre croissance, de développer l'offre BtoB que nous avons expérimentée avec succès en 2023, et de conforter notre audience », explique Hakim Baka à La Tribune. L'entreprise qui a généré 1,3 million d'euros de chiffre d'affaires en 2023, en hausse de 30 % sur un an, n'est pas encore rentable et ne l'a jamais été. De quoi refroidir plus d'un investisseur dans le contexte actuel du capital-risque. Mais les deux dirigeants ont aussi des indicateurs qui plaident pour eux : « Notre structure de coûts est optimisée avec 18 salariés et Geev est une entreprise grand public sans aucun budget d'acquisition marketing, nous avons une croissance cumulative naturelle. »

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Se nourrir du BtoBtoC

L'autre atout dans la manche de Geev c'est le virage vers le BtoB qui se déploie depuis deux ans et qui devrait enfin lui permettre d'atteindre la rentabilité. « C'est notre objectif de court terme : prouver que le modèle d'une boîte à impact grand public peut-être rentable ! », lance Hakim Baka. Et cela peut passer par le BtoB : alors que les offres destinées aux entreprises ne pesaient rien en 2022 puis 20 % du chiffre d'affaires en 2023, l'objectif est d'atteindre les 70 % d'ici 2026. Le dernier tiers provenant de l'offre de historique de dons entre particuliers qui est monétisée via les abonnements (70 %) et la publicité (30 %).

Pour développer ce nouveau marché des professionnels, baptisé GeevPro, la startup s'appuiera à la fois sur ses cinq millions d'utilisateurs et sur les obligations de recyclage et réemploi prévues par la loi Agec (Anti-gaspillage pour une économie circulaire). Geev propose à des enseignes, telle que Conforama chez qui le service a été testé avec succès l'an dernier, d'intégrer Geev dans leur offre de reprise de meubles ou d'appareils électroménager. « Vous achetez un canapé et l'enseigne vous proposera de donner votre canapé actuel sur Geev en vous offrant un bon d'achat. L'entreprise y gagne parce qu'elle diminue fortement ses frais logistique et augmente son taux de réemploi », détaille Hakim Baka.

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L'autre service c'est un compte professionnel permettant à des entreprises, petites et grandes, d'avoir un espace dédié sur l'application pour y écouler leurs produits d'exposition ou de fin de série sous forme de dons ou de prix cassés. Mais pas question pour autant de basculer sur une application de paiement comme le précise le CEO de Geev : « C'est un modèle sur abonnement à 29,9 €/mois. On garantie du trafic et de la visibilité mais il n'y aura pas de transactions sur l'app puisque l'échange se fera toujours en magasin. » Et si le chiffre d'affaires de Geev est amené à se compter en millions d'euros dans les années qui viennent, l'effectif ne devrait pas dépasser les 30 salariés à moyen terme.

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