Comment Geev veut convertir le monde professionnel au don

Après s'être affirmé sur le marché grand public, l'application du don d'objets Geev va investir le secteur professionnel. Avec la loi Agec qui encourage désormais le don des invendus, le potentiel de ce nouveau marché est énorme : Geev envisage de multiplier par quinze son chiffre d'affaires en cinq ans. De quoi transformer son fonctionnement. Une campagne de financement participatif débute ce lundi avec Tudigo.
Maxime Giraudeau
Florian Blanc et Hakim Baka, les deux cofondateurs de Geev.
Florian Blanc et Hakim Baka, les deux cofondateurs de Geev. (Crédits : Agence APPA)

Une troisième levée de fonds pour devenir la référence sur un nouveau marché. Telle est l'ambition de Geev, startup du don entre particuliers créée en 2017 et basée à Bordeaux, à travers une levée de fonds lancée ce lundi 5 juin. La société est à la recherche de 2,5 millions d'euros, dont 1,5 en financement participatif via la plateforme bordelaise Tudigo. Valorisée à huit millions d'euros, elle ouvre ainsi environ 30 % de son capital. Un tour de table qu'elle compte boucler en quelques jours alors que les sondages d'intention ont déjà permis de réunir un potentiel de 700.000 euros d'investissement auprès du grand public. Après une phase de consolidation de son modèle économique, où la part des abonnements représente désormais 65 % des revenus, l'équipe ambitionne de changer de dimension avec cette « levée de croissance ».

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« Geev est devenu un service assez mature, on a trouvé notre place sur le marché et on a gagné la bataille de légitimité sur le don », retrace Hakim Baka, cofondateur de l'application. « On veut attaquer le pan de l'anti-gaspi des professionnels, en leur permettant de donner ou de proposer à petit prix leurs invendus sur la plateforme, un peu comme l'a fait Too good to go pour l'alimentaire. »

Développement de la partie commerciale

Un marché à haut potentiel puisque la loi Agec, effective depuis le 1er janvier 2022, impose désormais au monde du commerce de valoriser ses invendus, notamment par le don. Geev veut profiter de la vague, qui s'inscrit pleinement dans sa raison d'être, et annonce des objectifs décuplés : passer de 900.000 à 14 millions d'euros de chiffre d'affaires entre 2022 et 2027. Avec le commerce de gros, les franchisés et les magasins indépendants comme nouveau public cible, l'application envisage d'appliquer des commissions de 5 à 7 % sur les transactions des produits proposés à prix cassés. Le champ des profits s'ouvrirait ainsi grâce au BtoB.

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Mais Geev va devoir opérer un tournant stratégique alors que son équipe ne compte que 17 personnes, toutes basées à Bordeaux. Jusqu'ici, 80 % des investissements réalisés se concentraient sur la partie produit (l'application). Les fonds levés seront dirigés vers le développement commercial et une dizaine de personnes seront recrutées sur ce domaine. « Pour se déployer au national, on a besoin d'une équipe commerciale plus forte. On a réussi à se débrouiller avec nos ressources existantes mais là on a besoin de plus de moyens pour déployer toute la verticale BtoB » , s'explique Hakim Baka.

Beaucoup d'utilisateurs, peu d'abonnés

Dans le courant du mois de juin, Geev lancera une version bêta du service sur la métropole de Bordeaux. Une vingtaine d'enseignes vont proposer des produits à prix réduit ou au don. L'occasion pour la startup de perfectionner sa plateforme avant un « déploiement national plus costaud ». Pas de quoi abandonner totalement la croissance sur la partie dons entre particuliers, mais ce segment qui a permis à Geev de se faire connaître ne représente plus son potentiel de développement majeur. Si la startup revendique 4,5 millions d'utilisateurs, seuls 20.000 sont abonnés à la formule payante de l'application. Une communauté qui, avec le nouvel appétit de l'équipe, pourrait s'étendre à l'international.

« On commence çà avoir un peu d'audience dans les pays limitrophes, on voit que l'usage est universel car on a touché à rien en terme d'expérience produit. Le développement international ne va pas constituer notre focus dans les prochains mois, mais ça donnera peut-être l'occasion d'une nouvelle levée de fonds dans les prochaines années », s'avance le dirigeant. Si son discours est émaillé des termes de « croissance maîtrisée » et de « développement organique », l'on sent de nouvelles velléités sans commune mesure avec les débuts de l'entreprise. Geev ne trahit pas pour autant son but premier, promouvoir la circularité des biens et rationaliser l'acte de consommation. Une raison d'être qui va dans le sens de l'histoire.

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Maxime Giraudeau

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