HelloAsso a levé plus d'un milliard d'euros pour le monde associatif

C'est un site gratuit qui permet au monde associatif de lever des fonds : la plateforme bordelaise HelloAsso vient d'atteindre un milliard d'euros collecté au profit de 250.000 associations, dont l'une des principales caisses de grève du mouvement contre la réforme des retraites.
La plateforme bordelaise HelloAsso, présidée par Léa Thomassin, vient d'atteindre un milliard d'euros collecté au profit de 250.000 associations.
La plateforme bordelaise HelloAsso, présidée par Léa Thomassin, vient d'atteindre un milliard d'euros collecté au profit de 250.000 associations. (Crédits : Thibaud Moritz / Agence APPA)

Créé en 2009, cet outil en ligne de financement participatif se veut une solution de paiement simplifiée, intuitive et sécurisée permettant aux associations de récolter des cotisations, créer de la billetterie pour des événements, tenir une boutique ou encore attirer les dons. Et son modèle particulier - utilisation gratuite et financement par les utilisateurs sur la base du volontariat - lui vaut une croissance spectaculaire, en moyenne 65% par an ces cinq dernières années. HelloAsso est ainsi passé d'un million d'euros collecté en 2013 à 30 millions en 2017. La plateforme a atteint le milliard d'euros le 31 mars et vise les deux milliards d'ici 2025.

« Nous proposons aux personnes qui font un paiement de laisser, si elles le souhaitent, quelques euros en plus pour HelloAsso », explique à l'AFP Léa Thomassin, cofondatrice et présidente de cette entreprise installée à la Cité numérique de Bègles, près de Bordeaux, décrivant un modèle économique « solidaire » et « basé sur un effet de volume ».

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Contribution volontaire

Et ça marche: un utilisateur sur deux laisse une contribution volontaire, 1,80 euro en moyenne, avec un plafond de 25 euros. Avec un paiement réalisé toutes les deux secondes, cette entreprise d'une centaine de salariés, labellisée Esus par l'État (entreprise solidaire d'utilité sociale), a dégagé 10,2 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022 et présente des comptes à l'équilibre. Ce mode de rémunération lui permet de financer un large éventail de services gratuits: annuaire des associations, agenda des événements, pages thématiques pour donner de la visibilité à certaines causes.

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« On cherche à faciliter la vie numérique globale de l'association », résume Léa Thomassin. Un service bienvenu pour des structures qui ont souvent de faibles moyens et reposent sur le bénévolat, confirme Manuella Jean, secrétaire de BDX Rollergirls, qui rassemble une quarantaine d'adhérentes passionnées de rollerdance (danse en rollers) à Bordeaux. « Je n'avais pas spécialement de compétences informatiques et c'est vrai que c'est plutôt intuitif », témoigne cette infirmière qui utilise HelloAsso depuis trois ans.

Son association, au budget de 10.000 à 15.000 euros, reverse d'ailleurs un petit don annuel à la plateforme. « On s'étonne presque que ça soit gratuit et qu'il n'y ait aucune pub dessus », plaisante-t-elle. HelloAsso a scellé une quinzaine de partenariats avec des fédérations sportives et revendique parmi ses utilisateurs la moitié des clubs de basket français.

« Superpouvoirs »

Plateforme non-partisane, appliquant des contrôles stricts sur la nature des activités financées, le site HelloAsso a néanmoins vu son nom associé au mouvement contre la réforme des retraites : plusieurs caisses de grève associatives ont utilisé son interface, dont la Caisse de solidarité créée par la CGT InfoCom, qui a levé près de 4 millions d'euros depuis janvier.

« Le fait de mettre une contribution libre nous paraît plus éthique, plus vertueux, que d'imposer un pourcentage », explique à l'AFP Romain Altmann, coordinateur national de cette caisse. La moitié des 47.000 dons reçus depuis janvier ont été effectués via HelloAsso, soit 1,9 million d'euros, détaille le dirigeant. Le reste l'a été via PayPal, qui a prélevé plus de 40.000 euros de commissions.

L'essor des caisses de grève en ligne est un phénomène nouveau, témoigne Léa Thomassin, qui évoque une « démocratisation » des outils numériques. Les associations « ont maintenant tous ces "superpouvoirs" à leur disposition pour mener leurs actions », fait-elle valoir.

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Ce modèle peut-il être s'exporter à l'étranger, à l'instar de la plateforme Betterplace en Allemagne ? « C'est possible, notamment en Europe, mais aujourd'hui ce n'est pas notre stratégie », tempère Léa Thomassin, qui veut plutôt développer de nouveaux services en France, comme un système de paiement via une application mobile (tap to phone). Pour cela, HelloAsso a levé 15 millions d'euros en 2022 auprès du Crédit Mutuel, son principal actionnaire, et vise 500.000 associations utilisatrices en France d'ici 2025 (sur un total de 1,5 million).

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