Gestion des invendus : après Décathlon en France, Comerso signe Vicky Foods en Espagne

Comerso, société pionnière dans l'économie circulaire des « invendus invendables », annonce la signature de son premier contrat avec un client étranger : Vicky Foods à Valence (Espagne). Une retombée de la récente évolution législative espagnole, qui s'attaque désormais elle aussi au gaspillage à grande échelle.
« Depuis notre création en 2013 nous avons sauvé près de 130 millions équivalents repas, dont 23 millions pour la seule année 2022 ! », assure Comerso.
« Depuis notre création en 2013 nous avons sauvé près de 130 millions équivalents repas, dont 23 millions pour la seule année 2022 ! », assure Comerso. (Crédits : Comerso)

Acteur historique dans la gestion pour le compte d'entreprises de dons de produits alimentaires et non alimentaires invendables, la société bordelaise Comerso annonce la signature d'un accord de partenariat avec le groupe alimentaire espagnol Vicky Foods. C'est sa première intervention sur un marché au-delà de l'Hexagone. Entreprise pionnière cofondée par Pierre-Yves Pasquier et Rémi Gilbert, qui s'en est retiré, Comerso a vu le jour à Agen en 2013, l'année de la signature du Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire, avant de migrer à Bordeaux.

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La signature de ce pacte national est un acte fondateur qui a débouché en 2016 sur la loi Garot, avec en particulier la création du don et l'interdiction de destruction des denrées encore consommables. Une première mesure qui s'adressait à la grande et moyenne distribution et qui sera ensuite élargie en 2018 à la restauration collective et à l'agroalimentaire dans le cadre de la loi Egalim. En 2020, la loi Agec (Anti-gaspillage et économie circulaire) vient sanctionner par une amende la destruction des invendus non alimentaires. Avec un aménagement permettant aux entreprises de récupérer un avoir fiscal représentant 60 % de la valeur d'achat du bien invendable recyclé par le don.

Le non alimentaire en accélération

« 2022 a été une belle année pour Comerso. À force de parler de l'anti-gaspillage et avec l'augmentation de la maturité globale des décideurs des entreprises sur cette question ça progresse et ça ouvre le marché. Nous avons enregistré une croissance soutenue de l'activité. Nous avons continué à progresser sur l'alimentaire et avons connu une accélération dans le non alimentaire, qui s'est rapidement ouvert depuis la loi Agec », rembobine pour La Tribune Pierre-Yves Pasquier, ex-chef des ventes dans un groupe agro-alimentaire.

De Danone à Intermarché et Leclerc, en passant par Decathlon, la Fnac Darty ou Nature et Découvertes, pour ne prendre que ces exemples, Comerso propose une vraie prestation de service circulaire à ses clients, qui doivent à la fois gérer leurs invendus mais aussi valoriser leurs déchets. Sachant qu'en face de ces entreprises productrices d'invendus, Comerso est en contact avec de nombreuses associations, qu'il s'agisse de la Banque alimentaire, de Dons solidaires ou de la Croix rouge. Comerso n'a pas de centre logistique : les sorties de produits des entreprises clientes sont digitalisées et remontées en temps réel à Comerso, comme l'entreprise bordelaise le fait avec Decathlon.

Comerso récupération

Gestion des invendus par Decathlon pour Comerso (crédits : Comerso)

Des prestations proposées par abonnement

« Notre finalité c'est le don aux associations. Une de nos valeurs ajoutées c'est d'être capable de trouver le bon interlocuteur, avec la prestation personnalisée dont il a besoin. Nous assurons la gestion circulaire de la totalité des biens alimentaires et non alimentaires invendus pour le compte de nos clients. Avec des solutions anti-gaspillage très digitalisées servant à mettre en relation les entreprises avec les associations. Nous nous occupons de tout sauf de la partie transport car ça commence à peser lourd en terme de budget. Nous employons 45 salariés et disons que nous réalisons moins de 10 millions d'euros de chiffre d'affaires », déroule Pierre-Yves Pasquier.

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Il précise que Comerso a cessé de se rémunérer à la commission et qu'elle a finalement opté pour un fonctionnement par abonnement.

Plus de 2.200 entreprises clientes et 1.500 associations

Et Pierre-Yves Pasquier ne cache pas que l'imposition de ces règles de l'économie circulaire au commerce de produits non alimentaires est une révolution très prometteuse :

« Comme désormais les entreprises non alimentaires ne peuvent plus détruire les invendus invendables, ça braque les projecteurs sur notre solution et notre activité n'a pas cessé de croître en France. Comerso est aujourd'hui partenaire de plus de 2.200 clients et de 1.500 associations. L'an dernier nous avons évité à 67 millions d'euros de valeur de marchandise de finir au fond des poubelles. Soit 40 millions d'euros de valeur en marchandises alimentaires, représentant +5 % sur un an. Depuis notre création en 2013 nous avons sauvé près de 130 millions équivalents repas, dont 23 millions pour la seule année 2022 ! »

Au total, l'entreprise bordelaise assure éviter chaque jour la perte de plus de 100 tonnes de marchandises alimentaires et non alimentaires. Dans le secteur beauté et cosmétique Comerso travaille notamment avec L'Oréal et Nocibé, dont les produits sont mis au service d'associations qui aident les femmes en situation précaire ou bien une structure comme la Cravate Solidaire, qui aide au retour à l'emploi.

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Une législation espagnole bien adaptée

Malgré la proximité géographique de l'Espagne, Pierre-Yves Pasquier est bien conscient qu'avec Vicky Foods son entreprise s'apprête à faire un grand saut dans l'inconnu. Même si l'entreprise bordelaise ne manque pas totalement de visibilité, loin s'en faut.

« Depuis le 1er janvier 2023 l'Espagne s'est dotée d'une loi antigaspi assez largement inspirée des lois qui existent sur le sujet en France, avec interdiction de détruire les marchandises invendues. Nous avons créé une filiale Comerso en Espagne pour proposer aux entreprises espagnoles un service adapté à leurs conditions fiscales. A notre échelle nous contribuons à installer l'économie circulaire comme la nouvelle norme dans les entreprises françaises. Avec la nouvelle législation espagnole en cours de finalisation nous avons de très beaux projets dans la péninsule Ibérique cette année », recadre Pierre-Yves Pasquier.

Un autre pays mais aussi des entreprises françaises

Ce dernier souligne que Vicky Foods a développé une politique RSE (responsabilité sociétale des entreprises) « très dense », qui s'appuie en particulier sur d'importantes avancées dans la lutte contre le gaspillage, et une pratique déjà assez ancienne du don aux associations qui avait néanmoins besoin de gagner en traçabilité.

« Vicky Foods, qui est un nom très connu dans le monde de la pâtisserie et de la viennoiserie en Espagne, travaille déjà avec une dizaine d'associations. En Espagne, nous allons faire face à une autre culture, une autre langue, d'autres types de structures associatives mais, au-delà de Vicky Foods, nous allons aussi nous mettre au service d'entreprises françaises, qui, comme Decathlon, sont implantées en Espagne », complète le dirigeant.

Ce dernier précise aussi que Comerso s'est désormais lancé dans la valorisation des biodéchets, qui sont notamment récupérés auprès des restaurateurs et rétrocédés, en fonction des produits, à des zoos. Totalement engagé dans la lutte contre le gaspillage, Comerso est aussi un promoteur du développement du Label national anti-gaspillage créée par la loi Agec.

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