HelloAsso déploie des services de paiement après le feu vert du gendarme bancaire

EXCLUSIF. Un pied dans le monde associatif et un autre désormais dans celui très encadré de la fintech : HelloAsso a obtenu l'agrément d'établissement de paiement auprès du gendarme français de la banque. Ce sésame lui permettra de réaliser des économies substantielles et de lancer dès 2024 sa propre application de paiement. Le modèle économique de la startup bordelaise reste, lui, toujours fondé exclusivement sur le don, ce qui n'empêche pas une croissance de son chiffre d'affaires de 50 % en 2023.
Léa Thomassin et une partie de l'équipe d'HelloAsso.
Léa Thomassin et une partie de l'équipe d'HelloAsso. (Crédits : HelloAsso)

Positionnée depuis ses débuts à la croisée des chemins du numérique et de l'économie sociale et solidaire, HelloAsso poursuit sa trajectoire singulière en étoffant encore son offre de services gratuits au monde associatif. Une proposition qui a déjà convaincu plus de 300.000 associations françaises dont 8.000 nouvelles rien qu'au mois de septembre 2023. Le secret de cette entreprise bordelaise créée en 2009 ? Un modèle économique unique ou presque car fondé exclusivement sur le don, c'est-à-dire sur la contribution volontaire des utilisateurs de ses services en ligne qu'ils soient particuliers ou associations.

De quoi générer en 2023 un chiffre d'affaires d'environ 15 millions d'euros, en hausse de 50 % sur un an. « L'utilisation des outils numériques se diffuse de plus en plus dans le monde associatif et nous bénéficions aussi d'un effet masse et d'un bon bouche-à-oreille. C'est aussi dans notre ADN d'encourager le plus grand nombre à se mobiliser au services des associations », explique Léa Thomassin. Un an après avoir réussi à boucler une levée de 15 millions d'euros, la présidente d'HelloAsso vient de franchir une nouvelle étape structurante pour l'avenir de cette entreprise solidaire d'utilité sociale.

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HelloAsso vient ainsi d'obtenir l'agrément d'établissement de paiement auprès de l'ACPR (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution), l'organe français de supervision de la banque et de l'assurance. De quoi lui permettre de déployer en propre des services de paiement même si les fonds des associations resteront dans un établissement bancaire. « Cet agrément vient récompenser un travail de deux ans sur les procédures de conformité du compte de cantonnement et des comptes de paiement de chaque association. Il démontre aussi la solidité de nos procédures internes et de notre gouvernance », observe Léa Thomassin. Concrètement, ce sésame, également détenu par des acteurs comme MangoPay (Leetchi), Lemonway, Qonto, Lydia ou le Bordelais Soan, autorise HelloAsso à gérer en direct les opérations de paiement et donc de supprimer un intermédiaire et les commissions qui vont avec. Un enjeu loin d'être anodin puisqu'avec 500 millions d'euros collectés sur les douze derniers mois, ces frais s'élèvent à plusieurs millions d'euros annuels : HelloAsso compte désormais les diviser par deux !

Une fusée à plusieurs étages

Mais cet agrément s'imbrique aussi dans une fusée à plusieurs étages. « Le fait de gérer en direct les comptes de paiement des associations nous permet de nous adapter à leurs spécificités et à leur fonctionnement que nous connaissons très bien. Un compte qui pourrait être refusé par un opérateur classique pourra plus facilement être ouvert chez nous car nous avons une vision granulaire de cet écosystème particulier, » illustre la présidente qui pose déjà des jalons pour la suite. Dès 2024, la startup prévoit ainsi de proposer HelloAsso Checkout, sa propre application de mobile de paiement externe pour permettre aux associations de gérer leurs encaissements et paiements sans frais ni terminal de paiement externe.

À plus long terme, c'est un rôle de tiers de confiance entre les associations et leurs financeurs potentiels - collectivités locales, mécènes, fondations, etc. - que la startup girondine entend jouer. « Pour assurer la conformité des procédures, on va contrôler les pièces administratives, le comptes et les identités des associations. L'idée est de capitaliser là-dessus pour fluidifier le partage de ces informations avec les organismes. L'enjeu c'est d'éviter aux associations de multiplier les procédures chronophages », précise Léa Thomassin qui évoque un horizon plus lointain, 2025 ou au-delà. Dans tous les cas, ces services resteront entièrement gratuits pour les associations avec toujours la possibilité de donner.

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