Léa Thomassin : "Tout l'enjeu de la tech aujourd'hui est de se poser les bonnes questions"

Rôle de la tech dans la société, économie du don, fracture numérique : Léa Thomassin, la présidente de l'entreprise bordelaise HelloAsso, a pris la parole en ouverture de l'évènement "Transformons la France !" à Bordeaux, le 14 octobre dernier. L'occasion de plaider pour un engagement sociétal plus fort des entreprises du secteur numérique.
(Crédits : Agence APPA)

"Tech is the answer but what is the question ? La technologie est la réponse mais quelle est la question ?", interroge Léa Thomassin, en préambule de "Transformons la France", évènement organisé par La Tribune au Grand Théâtre à Bordeaux le 15 octobre dernier.

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La présidente d'HelloAsso, entreprise qui a collecté en une petite dizaine d'années pas moins de 300 millions d'euros auprès de 2,5 millions de donateurs au profit de 125.000 associations, questionne ainsi le rôle des entreprises technologiques dans le monde de 2020. "Tout l'enjeu du mouvement Tech for good est de se poser les bonnes questions. La tech pour la tech n'a pas beaucoup de sens aujourd'hui si ce n'est pas pour répondre à des enjeux sociétaux, à des problèmes concrets", résume la cheffe d'entreprise, qui ne se montre pas pour autant naïve :

"Quand une technologie se développe, elle ne va évidemment pas tout de suite vers les usages les plus vertueux et le numérique n'échappe pas à cette tendance. Mais les usages évoluent et vont avoir beaucoup plus d'impact à l'avenir notamment grâce à cette capacité, propre au numérique, de fédérer des millions de personnes, sans questions de frontières, pour exiger des changements sur tel ou tel sujet."

Le don et la fracture numérique

HelloAsso, dont le siège est à la Cité numérique de Bègles, en Gironde, emploie 70 salariés après avoir mené 50 recrutements ces deux dernières années. Une croissance rapide  financée par un modèle économique atypique : l'économie du don.

"Tous les outils sont entièrement gratuits pour les associations qui utilisent HelloAsso. Le seul modèle économique de l'entreprise c'est celui du don, du pourboire volontaire de l'utilisateur. On nous avait dit que ça ne marcherait jamais parce que le Français est radin et n'a pas la culture du pourboire mais en réalité ça fonctionne depuis dix ans ! Chacun rémunère le service en fonction de la valeur que ça lui rapporte. Une personne sur deux choisit de donner aujourd'hui contre seulement 10 % au départ ! Plus on est transparent, plus les gens sont prêts à donner", développe Léa Thomassin.

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Encore faudra-t-il réussir à résorber le gouffre persistant de la fracture numérique, tout particulièrement en cette période de Covid-19. "La fracture numérique est bien réelle dans le secteur associatif comme ailleurs. Nous avons en moyenne 20.000 contacts par mois avec des membres d'associations diverses et variées et nous avons régulièrement des questions extrêmement basiques sur Internet et les usages numériques. Il y a un grand écart et un grand risque", souligne l'entrepreneure, nommée dans la liste des 30 personnalités qui transforment la Nouvelle-Aquitaine. Elle rappelle que le secteur associatif pèse 3,5 % du PIB français et compte 1,5 million de structures qui emploient environ 10 % des salariés du privé.

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