Batteries : Exoes rassemble 35 millions d'euros pour optimiser la mobilité électrique

Exoes révises ses ambitions à la hausse et passe la seconde. Le spécialiste de la haute-performance et des bancs d'essai de batteries annonce une opération à 35 millions d'euros avec Bpifrance et Meridiam. L'entreprise girondine de 55 salariés va se dupliquer à l'international et augmenter sa cadence d'activité.
Maxime Giraudeau
Le PDG d'Exoes Arnaud Desrentes devant un conteneur de test pour composants de véhicule électrique.
Le PDG d'Exoes Arnaud Desrentes devant un conteneur de test pour composants de véhicule électrique. (Crédits : MG / La Tribune)

Aux côtés des énergies renouvelables et de l'IA, la mobilité électrique est l'un des secteurs qui fait émerger les plus grosses levées de fonds. L'entreprise girondine Exoes s'inscrit désormais dans cette veine puisqu'elle annonce une opération de financement à 35 millions d'euros, incluant ouverture de capital et prêts, auprès de Bpifrance et Meridiam. Le fabricant de systèmes de tests thermiques et énergétiques pour les composants de la mobilité électrique boucle une étape qui doit le faire devenir un acteur européen et mondial majeur.

« C'est un super coup d'accélérateur et c'est la confirmation que la vision qu'on porte avec mon associé depuis six ans, d'avoir des batteries plus petites et performantes, est validée par une partie du marché », réagit Arnaud Desrentes, le PDG d'Exoes, pour La Tribune.

Pour Meridiam, c'est un nouvel investissement important dans la mobilité électrique après les 200 millions d'euros accordés à la future gigafactory de Verkor à Dunkerque. Bpifrance intervient de son côté via son Fonds avenir automobile 2, dédié aux entreprises à fort potentiel de développement. La répartition n'a pas été communiquée mais les ambitions sont communes : faire émerger Exoes en tant que leader dans le domaine de la robustesse et l'autonomie des systèmes batteries. L'entreprise girondine visait initialement un tour de table entre 10 et 20 millions d'euros. Mais les investisseurs ont souhaité revoir les ambitions à la hausse, animés par la course industrielle à l'œuvre dans le secteur des batteries.

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« L'augmentation de la taille des véhicules ne va pas dans le bon sens »

L'entreprise porte des systèmes de recharge qui sont aujourd'hui trois à quatre fois plus rapides que les technologies classiques et une autonomie jusqu'à 25 % plus efficiente, non pas grâce à la batterie en elle-même mais à l'optimisation des composants d'un véhicule (pompe à chaleur, électronique de puissance...). Et milite ainsi pour une rationalisation de la course à l'électrique.

« L'augmentation de la taille des véhicules ne va absolument pas dans le bon sens, on doit aller vers des batteries plus petites pour avoir des véhicules abordables. Le seul moyen de trouver un compromis entre le fabricant et l'utilisateur, c'est d'avoir des temps de recharge ultra-rapides. » Et donc de travailler sur l'innovation.

Avec ce tour de table, la marque envisage de devenir une entreprise de taille intermédiaire d'ici trois ans alors qu'elle emploie aujourd'hui seulement 55 salariés. La plupart est basée à Gradignan, près de Bordeaux, mais des bureaux ont été ouverts en début d'année en Angleterre. C'est d'ailleurs le développement international qui est visé à travers cet apport en capital.

Croissance interne et externe

Exoes, qui regroupe plusieurs activités, envisage tout d'abord de lancer au moins trois antennes internationales pour dupliquer son centre de test basé à Gradignan. Des prototypes de batteries hautes-performances y seront fabriqués afin d'être testés sur les bancs d'essai propres à l'entreprise. « Une plateforme d'essais d'Exoes peut tester tous les composants d'un véhicule électrique : la batterie, la pompe à chaleur, l'électronique de puissance... Et ça dans un but de réduction de leur taille, leur masse et leur coût », déroule Arnaud Desrentes. En visant les régions Asie et Amérique du nord, ainsi que l'Allemagne, il cible la proximité avec les constructeurs automobiles qui se dirigent massivement vers la mobilité électrique. Chaque structure emploiera entre 20 et 50 personnes.

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Autre axe d'investissement, l'augmentation de la capacité de la plateforme d'essai de Gradignan. Une capacité complète de test que n'ont pas ses concurrents et qui vise à « valider ou non une technologie avant certification et avant de monter un dossier auprès d'un équipementier ». Parmi ses clients, trois constructeurs du top six mondial, dont Stellantis. De nouvelles lignes de tests pourront donc être financées, sachant que l'entreprise doit mobiliser un million d'euros pour un lancement.

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Se doter de capacités de croissance externe sera la dernière priorité. Exoes veut initier des rapprochements avec des entreprises spécialisées sur l'essai de véhicules ou dotées de métiers communs. Le recrutement de main d'œuvre et de talents de pointe sera en effet décisif pour tenir l'objectif de devenir une entreprise de taille intermédiaire. Pour y parvenir, Exoes devra trouver 200 personnes, des recrues directes ou issues des futures sociétés rachetées. La société va ouvrir une trentaine de postes d'ici le printemps, sur de l'ingénierie, mécanique ou électronique notamment.

Industrialiser à Bordeaux ?

Dans le même temps, Exoes va devoir assurer la montée en puissance de sa filiale E-mersiv qui vise la fabrication de 100.000 batteries par an pour véhicules premium d'ici 2027. Une ligne pilote sera lancée cette année grâce à la levée de fonds avant un nouveau tour de table dédié à la filiale envisagé pour 2025. Le fabricant aimerait se positionner sur la métropole bordelaise pour monter (ou s'adosser à) un outil industriel.

« Des partenariats industriels seront noués pour viser des marchés plus importants que le véhicule premium, l'aéronautique et les engins de construction. Sur l'automobile, la logistique et le domaine industriel, on aura des volumes très importants et E-Mersiv ne pourra pas y aller seul », explique Arnaud Desrentes. Une course à la production alors que la demande de batteries est partout en explosion.

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Maxime Giraudeau

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