Pourquoi le coût du raccordement électrique atteint des sommets en Nouvelle-Aquitaine

INFOGRAPHIE. Avec un tarif 45 % plus cher que la moyenne des régions, la Nouvelle-Aquitaine est de loin la région la plus chère de France pour le raccordement électrique des énergies renouvelables. Les gisements de soleil, de vent et de foncier y sont tellement importants que le territoire va être celui qui accueille le plus d'installations d'énergies renouvelables d'ici 2040. Pour financer le vaste réseau qui va avec, RTE fait donc payer le prix fort aux développeurs.
Maxime Giraudeau
Une éolienne en construction en Haute-Vienne.
Une éolienne en construction en Haute-Vienne. (Crédits : MG / La Tribune)

La terre du vent et du soleil, ça se paye. Les entreprises des énergies renouvelables veulent tellement s'implanter en Nouvelle-Aquitaine, pour des questions de gisement et de foncier disponible, que RTE a décidé d'appliquer le prix fort. À l'occasion de son bilan annuel, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité en France a présenté les premières conclusions des schémas régionaux de raccordement au réseau des énergies renouvelables (S3REnR). Résultat : la Nouvelle-Aquitaine est annoncée comme la région où le coût du raccordement électrique sera le plus élevé, avec 90.000 euros du MWh.

Vers un réseau diffus et interconnecté

Un prix très élevé en comparaison des autres régions, dont les schémas ne sont pas encore tous aboutis. Ce tarif appliqué par RTE et validé par la préfecture de région s'explique par le fait que la Nouvelle-Aquitaine va devoir construire le plus vaste réseau pour raccorder les nouveaux parcs solaires, éoliens et biomasse. En effet, le territoire doit accueillir d'ici 2040 plus de 16.300 MW de puissance en électricité renouvelable. Un niveau de développement qui la place, là aussi, loin devant au premier rang des régions. Autrement dit, « on met des EnR partout et ça créé bien des contraintes », comme le dit un développeur.

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RTE doit donc adapter le réseau à la nouvelle donne énergétique. « La colonne vertébrale du réseau a été faite au moment où l'énergie était produite sur de grands sites nucléaires. Aujourd'hui, on tend vers une production beaucoup plus diffuse sur le territoire donc on a besoin d'une nouvelle infrastructure en conséquence », explique Jérôme Rieu, délégué de RTE Sud-Ouest. Le gestionnaire prévoit ainsi la construction de 480 km de lignes souterraines, 65 km de lignes aériennes et 32 postes de raccordement.

Des grands infrastructures sont aussi planifiées : une liaison sous-marine et terrestre à trois milliards d'euros entre la Gironde et le Pays basque espagnol déjà en chantier ou un câble entre Nantes et Bordeaux par l'Atlantique au stade de projet. RTE va devoir multiplier son niveau d'investissement annuel par trois voire quatre. Au niveau national, le gestionnaire doit mobiliser plus de 100 milliards d'euros jusqu'en 2040, aussi bien pour exporter que pour importer la production électrique.

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Bataille de proximité

Une somme que les développeurs d'énergie renouvelable vont abonder en s'acquittant des droits d'entrée sur le réseau. Le raccordement peut représenter parfois jusqu'à 25 % du coût global d'un projet. « On ne peut pas se permettre d'être trop éloigné des points de raccordement, car au-delà de la quote-part versée à RTE, le coût d'un ouvrage s'élève à 100.000 euros du kilomètre. C'est pour ça qu'on cherche tous des sites à proximité des postes de raccordement », explique Maud Gaide, directrice adjointe solaire pour Q Energy.

La bataille pour le foncier est passée par là et la plupart des terrains à proximité des tant convoités postes source est aujourd'hui concernée par des projets de parc. « La course au foncier est exacerbée aujourd'hui. Il n'y a plus beaucoup de sites dégradés disponibles, que ce soit des anciennes mines ou décharges », évoque Thierry Mangione, chargé d'affaires raccordement pour EDF Renouvelables.

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Et pourtant, les projets de grande taille sont encore d'actualité. « On voit de plus en plus de gros projets émerger, surtout en Nouvelle-Aquitaine. On parle de parcs à 50 voire plus de 100 MW. Les services de l'État n'en veulent pas partout alors des choix sont faits. Comme il y a très peu de peu de postes de raccordement en construction, les développeurs préfèrent se raccorder plus loin sur un poste existant. » Financièrement possible quand le potentiel de production (et de revenus) du parc est élevé. Ainsi, la limitation du nombre de nouveaux postes n'avantage pas les plus petits projets.

Si le futur réseau néo-aquitain s'annonce comme le plus vaste des régions, il ne répond en effet pas à toutes les attentes des développeurs. La compétition sera ardue et ceux qui le peuvent choisiront de financer leurs propres postes source. « C'est une région avec un assez bon ensoleillement et surtout de la disponibilité foncière. On aimerait développer en Occitanie et en Paca mais la pression foncière est telle que c'est compliqué. On sait que ça va se tendre aussi en Nouvelle-Aquitaine », prédit Maud Gaide.

Maxime Giraudeau

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Commentaire 1
à écrit le 15/06/2024 à 7:16
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Parce que faut financer le SMD3, entre autres... Les com com étaient une bonne idée mais notre classe dirigeante ne s'en est servie que pour acheter toujours plus d’élus locaux.

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