LA TRIBUNE - Quel rôle peut jouer d'Enedis dans l'indispensable bascule vers une société plus sobre et plus décarbonée sur le plan énergétique dans le contexte actuel de flambée des coûts de l'énergie ?
Marianne LAIGNEAU - Nous ne sommes pas un producteur ni un fournisseur d'électricité donc nous n'avons pas la main sur le coût de l'énergie. Mais nous sommes un maillon important de la chaîne puisque nous exploitons et maintenons le réseau électrique français. C'est un réseau très long puisqu'il fait 35 fois le tour de la Terre ! L'électricité représente aujourd'hui 25 % de la consommation énergétique des Français est cette proportion devrait plus que doubler d'ici 2050 pour atteindre 55 % à 60 % de notre consommation, notamment avec l'essor des voitures et bus électriques et des pompes à chaleur. Donc cela suppose davantage de production d'énergies renouvelables, notamment de l'éolien et du solaire, davantage d'usages et donc, mécaniquement, davantage de raccordements au réseau.
Aujourd'hui, 90 % du renouvelable français est raccordé directement sur le réseau exploité par Enedis. Cela représente 500.000 sites de production d'énergie renouvelable, principalement d'origine solaire, et nous allons devoir doubler voire quadrupler ce chiffre d'ici 2028, c'est un défi considérable ! Cela nécessite l'implication de nombreux métiers, l'utilisation de drones, d'objets connectés avec les compteurs Linky et de traitement des données.
Enedis vient de mener en Dordogne un chantier éclair mobilisant une centaine de techniciens sur quatre jours (lire l'encadré) notamment pour mettre en avant les métiers techniques. La situation est-elle tendue sur le plan du recrutement ?
Marianne LAIGNEAU - En 2022, nous recrutons 2.200 nouveaux salariés ! Ce sont 1.000 CDI et 1.200 alternants, dont un tiers seront recrutés chez Enedis. On recrute sur tous les métiers de l'électricité et de l'électro-technique du BTS au Bac+5. Et on a effectivement, comme beaucoup d'entreprises, un enjeu d'attractivité. Nous ne sommes pas les seuls à recruter sur les métiers électriques et la tension sur les recrutements se pose aussi directement à nos prestataires et aux entreprises du BTP avec qui nous travaillons et dont nous sommes tributaires pour mener à bien les chantiers.
Mais on a des atouts à faire valoir chez Enedis tels que notre mission de service public et l'immense défi technique et technologique qui nous attend. On mise aussi sur les perspectives professionnelles : un tiers de nos ouvriers passent au statut de maîtrise en moins de dix ans et un cadre d'Enedis sur deux n'était pas cadre en entrant dans l'entreprise. Enfin, l'autre argument c'est aussi notre présence partout en France, dans tous les départements. 30.000 des 38.000 salariés d'Enedis sont sur le terrain : dans les métropoles comme dans les villes moyennes et les territoires ruraux. Par exemple, en Dordogne, on emploie plus de 200 salariés répartis sur sept sites.
Dans ce contexte tendu, arrivez-vous à attirer suffisamment de profils féminins ?
Oui et non. Nous comptons 25 % de femmes en moyenne chez Enedis et même 31 % de femmes au sein des comités de direction. Mais, en revanche, c'est vrai que sur les métiers techniques on a moins de femmes, autour de 10 % seulement. Ce sont des métiers passionnants mais qui peuvent être difficiles et pénibles même si on essaye d'y remédier avec, par exemple, des expérimentations d'exosquelettes dans le Sud-Ouest. On est extrêmement fiers d'avoir ces techniciennes chez Enedis qui prouve que la mixité se trouve dans tous les métiers. Mais on cherche à avoir toujours plus de mixité et de diversité qui sont des forces pour l'entreprise.
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