![Pierre Hurmic maire de Bordeaux, accompagné de Jean-Luc Gleyze (président du département de la Gironde), Christine Bost (présidente de Bordeaux Métropole) et Alain Rousset (président de la région Nouvelle-Aquitaine).](https://static.latribune.fr/full_width/2388869/alliance-solaire.jpg)
Le maire de Bordeaux aura attendu cinq mois après ses vœux de nouvelle année placés sous le signe du solaire pour signer l'appel collégial. Peut-être attendait-il les rayons d'un franc soleil sur la ville de pierre pour l'annoncer en grandes pompes. Tant pis si l'ensoleillement est toujours à la peine, l'alliance de Bordeaux pour le solaire, elle, brille désormais. Ce 11 juin au stade Chaban-Delmas, la mairie a signé au côté de Bordeaux Métropole, le Département de la Gironde, la Région Nouvelle-Aquitaine et vingt partenaires publics et privés un appel symbolique à déployer « partout où c'est possible » les panneaux photovoltaïques. Seule la préfecture de la Gironde manquait à l'appel, officiellement pour cause de réserve électorale.
« Il y a une urgence à augmenter la part des énergies renouvelables, elles seules permettront de stabiliser notre modèle de société. Ce n'est même pas un pari puisqu'il n'y a pas d'aléa. Tout autre choix serait perdant. Nous faisons aujourd'hui ensemble le choix du bon sens », exhorte ainsi Pierre Hurmic devant une foule de figures du monde institutionnel et économique. Avec ce précepte : « tâchons d'utiliser chaque mètre carré solarisable » dans un « état d'esprit girondin d'inventivité et d'émancipation vis-à-vis du pouvoir central. » Des panneaux solaires fabriqués en Chine et à déployer massivement dans la ville pour une transition locale, ainsi va le dessein écologiste en cette seconde moitié de mandat municipal.
Les représentants des collectivités avec les vingt signataires de l'alliance. (crédit : MG / La Tribune)
L'appel ne comporte pas de texte co-signé ni n'engage les partenaires sur des objectifs de puissance à installer, mais cette coalition déclarative est inédite de par le nombre et la diversité d'acteurs de Gironde qu'elle embarque. L'alliance est ainsi composée de chambres consulaires (CCI, Chambre des métiers et de l'artisanat), de représentants des entreprises (Medef, Fédération française du bâtiment, Club des entreprises de Bordeaux, Capeb), de bailleurs sociaux (Clairsienne, Domofrance, Gironde Habitat, Aquitanis), de structures qui dépendent de l'État (le Port de Bordeaux, l'EPA Euratlantique, la Banque des Territoires, le CHU, l'Université de Bordeaux) ou de la collectivité (La Fab) mais aussi de grands propriétaires fonciers (La Poste, SNCF, Auchan, Carrefour).
60.000m2 de bâtiments publics à couvrir
Tous ont pour point commun de disposer d'un patrimoine foncier intéressant à mobiliser et d'être engagés dans des démarches de solarisation de leurs terrains ou bâtiments. « Apposer la signature de grands propriétaires fonciers et d'acteurs qui ont la capacité d'accélérer la transition montre à quel point l'initiative est pertinente », appuie Christine Bost, la nouvelle présidente de Bordeaux Métropole.
Une transition énergétique d'autant plus pressante à mettre en œuvre et en avant que les collectivités ont subit la flambée des coûts de l'électricité avec l'irruption de la guerre en Ukraine début 2022. Pour la municipalité écologiste, à la manœuvre depuis plusieurs mois pour mettre en scène cette alliance, l'appel est aussi une façon de matérialiser son action autour de la quête d'autonomie énergétique et de transformation urbaine. En couvrant 60.000 m2 de bâtiments publics avec des panneaux solaires à Bordeaux, la majorité écologiste envisage d'atteindre une autonomie énergétique de 41 % en 2026, contre 3 % à son arrivée au pouvoir en 2020.
La filière approuve
Originalité, la mairie n'a ici pas convié d'entreprises du secteur des énergies renouvelables, dont les business plan sont plutôt tournés vers la recherche de foncier dans les zones rurales, agricoles ou forestières. Un modèle rejeté par le maire de Bordeaux qui milite pour une production d'énergie verte en milieu urbain. « L'énergie solaire doit surtout être développée sur les toitures et sur les terres polluées. On a un potentiel énorme sur ces territoires-là, profitons-en plutôt que de songer à aller sur des terres forestières ou agricoles », défend Pierre Hurmic. « Nous sommes face à un défi d'acceptabilité des installations que le solaire en toiture nous permet de régler », abonde Alain Rousset, le président du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine
Sollicité par La Tribune, le Syndicat des énergies renouvelables approuve l'appel lancé à Bordeaux. « C'est une démarche qui va évidemment dans le bon sens et qui est même très attendue ! Ça fait vingt ans qu'il y a un cadre réglementaire, législatif et économique pour développer les renouvelables. D'avoir enfin des collectivités qui se mobilisent à cette hauteur-là en créant un appel d'air avec les acteurs du territoire, c'est un vrai signal fort », commente Vincent Vignon, délégué régional du SER.
Des terrains de sport à la rocade
La filière appelle désormais les services de l'État comme les collectivités à lever les freins qui restreignent encore le déploiement des installations en milieu urbain. « Un des principaux freins c'est la multiplication des dossiers : instruire une demande pour du solaire en toiture sur quelques mètres carrés représente autant d'efforts que pour une grande centrale au sol. Il n'y a pas à prioriser l'une ou l'autre, il faut accélérer l'instruction », souhaite Vincent Vignon. Les enjeux du patrimoine empêchent aussi dans certains cas l'arrivée d'installations solaires. Une limite qui a fait l'objet de l'attention politique de la municipalité dernièrement. Autant de freins techniques et juridiques à lever pour favoriser la transition.
Parmi les projets emblématiques, la municipalité envisage de couvrir la Base sous-marine au nord de la ville sur un potentiel maximal de 25.000 m2, les terrains de tennis du stade Chaban-Delmas ou encore la rocade de l'agglomération grâce à des ombrières le long des voies. Une infrastructure propriété de l'État, prudent sur un projet d'une telle envergure, qui a préféré accorder un feu vert pour une expérimentation sur un boulevard d'1,5 km au nord de la ville. Au regard des derniers arbitrages, il s'agit d'étudier la couverture du cours Jules Ladoumègue, non loin du stade Matmut Atlantique. Ou quand les panneaux auront enfin une vraie place au soleil.
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