Le recyclage de panneaux solaires freiné dans sa montée en cadence en Gironde

Le centre de recyclage de panneaux photovoltaïques Envie 2E Aquitaine monte en puissance progressivement à Saint-Loubès, près de Bordeaux. Après avoir traité un millier de tonnes en 2023, elle vise désormais les 1.500 tonnes par an. Une deuxième équipe voire une troisième ainsi qu'une seconde ligne de tri sont au programme. Mais si le besoin est là, Envie 2E Aquitaine peine à recruter.
L'usine de traitement des panneaux photovoltaïques avait été inaugurée en septembre 2022 à Saint-Loubès.
L'usine de traitement des panneaux photovoltaïques avait été inaugurée en septembre 2022 à Saint-Loubès. (Crédits : Agence APPA)

Depuis l'ouverture du centre de recyclage et de réemploi de panneaux photovoltaïques il y a 18 mois, l'entreprise enregistre un nombre incalculable de visites de l'étranger. Ce qu'ils viennent voir, c'est la fameuse machine japonaise de délamination par lame chaude qui permet de récupérer toute une série de matières premières précieuses. « Nous sommes la vitrine des Japonais en Europe », vante Frédéric Seguin, directeur général d'Envie 2E Aquitaine en charge du site.

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Ici, pas de broyage. Envie 2E Aquitaine se concentre sur les panneaux qui ne sont pas cassés. 4 % des panneaux testés sont revendus et repartent pour une seconde vie. Le reste, c'est-à-dire la majorité passe par la délamineuse. Du point de vue de la production qui a réellement démarré il y a un an en mars 2023, 1.000 tonnes de panneaux ont déjà été traités. « C'est moins que prévu mais la valorisation des matières a été meilleure qu'envisagée. Alors que nous ne pensions pas vendre le verre, les verriers nous le rachètent car il est de bonne qualité », témoigne Frédéric Seguin. » L'aluminium est également vendu à des industriels tandis que le laminé est envoyé à une entreprise grenobloise qui en extrait cuivre, argent et silicium.

Objectif de tripler la production

Envie 2E entend désormais passer à 1.500 tonnes de panneaux traités par an et envisage déjà de faire travailler trois équipes y compris la nuit. « Nous avons tous les outils pour tripler la production sans remettre d'investissement. » Problème, Envie 2E Aquitaine qui emploie actuellement onze personnes sur le site n'arrive pas à recruter.

« Cela fait six mois que nous essayons de constituer une deuxième équipe de huit personnes et que nous n'y arrivons pas. C'est dramatique d'être bloqué par un manque de candidature alors même que l'enjeu est de monter en puissance sur les tonnages », soupire Frédéric Seguin.

Le dirigeant rappelle que le besoin est là et va monter crescendo. Les flux seront multipliés par dix d'ici à 2030 selon l'éco-organisme Soren qui avait sélectionné Envie dans le cadre d'un appel d'offres.

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Une deuxième ligne annoncée

Malgré tout, Frédéric Seguin travaille sur le futur et anticipe l'ouverture d'une deuxième ligne de traitement. Une décadreuse sera livrée en mai ou juin prochain pour être en capacité de traiter toutes tailles de panneaux photovoltaïques. Le reste de la ligne attendra. Elle sera en revanche adaptée par rapport à la première.

« Elle sera moins automatisée et moins sensible, plus industrielle. Il faut savoir que le monde du déchet maltraite les machines. Nous allons donc les adapter et surtout séparer les étapes pour éviter l'arrêt de la ligne entière en cas de panne », explique Frédéric Seguin. « Si nous réinvestissons dans une deuxième ligne avant d'avoir amorti la première c'est parce que nous avons du vécu et qu'il s'agit de ré-investir pour rester leader », insiste Frédéric Seguin. Par ailleurs, « le Japon, c'est très loin. Nous allons certainement être le site de pièces détachées, de consommables, pour les autres pays d'Europe. »

Un label pour le réemploi des panneaux

« Alors que la filière de traitement se met en place et s'affine, c'est précisément le bon moment pour faire des investissements et tester des choses », assure Nicolas Defrenne, directeur général de Soren qui a participé à l'ouverture de deux autres usines de traitement des panneaux en France selon d'autres méthodes. L'éco-organisme travaille également à la création d'un label sur le réemploi des panneaux qui pourrait être une condition sine qua non pour bénéficier du fonds de soutien au réemploi et à la réutilisation. Ce fonds, doté de trois millions d'euros, a été créé dans le cadre de la loi Agec relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire.

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Commentaire 1
à écrit le 11/03/2024 à 8:19
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Et pourtant outre la spéculation sur l'immobilier c'est le problème principal de cette source d'énergie. Mais comme on voit notre classe politico-financière nous vend d'abord et avant tout des concepts qui se traduisent différemment à chaque fois en ...

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