C'est un projet aussi emblématique qu'hypothétique : couvrir une partie des 45 km de la rocade bordelaise par des ombrières photovoltaïques pour alimenter la ville en électricité renouvelable. Soutenu par le maire écologiste de la ville, ce projet ne pourra pas se faire sans l'État qui a compétence sur la rocade. « Nous en avons discuté avec l'Etat, y compris avec Elisabeth Borne en septembre dernier, pour lancer des études de faisabilité d'une telle expérimentation. C'est compliqué, j'en ai conscience [...] Mais nous maintenons la pression, on y est très attachés car les routes sont déjà des espaces artificialisés qui peuvent accueillir des panneaux solaires », a réaffirmé Pierre Hurmic, ce jeudi 18 janvier.
Le projet n'est encore qu'au stade des esquisses et ne rencontre pas un engouement démesuré tant du côté de la Métropole que chez les professionnels du solaire dans la région qui doutent de la faisabilité et surtout de la rentabilité d'une telle infrastructure. Mais le maire de Bordeaux assume de brandir cette idée pour faire bouger les lignes : « Si c'est trop compliqué sur la rocade, regardons avec l'Etat s'il y a d'autres voies nationales, départementales ou métropolitaines plus adaptées pour expérimenter cette couverture solaire. »
3.000 m2 de panneaux solaires en 2024
Car plus largement, Pierre Hurmic se dit déterminé à « faire de Bordeaux une ville solaire » en jouant sur tous les tableaux. Dans le sillage d'une décharge transformée en centrale photovoltaïque par l'ancienne majorité, l'équipe en place a érigé en priorité le déploiement des énergies renouvelables. « Nous avons passé l'autonomie énergétique des bâtiments municipaux de 3 % à 19 % et nous visions 41 % en 2026 en déployant 60.000 m2 de panneaux photovoltaïque sur du foncier public. 3.000 m2 seront posés en 2024 sur dix bâtiments de la ville », précise l'élu qui appelle les particuliers et professionnels à « partager et amplifier cette ambition de ville solaire ». Ce qui n'a rien d'évident dans une ville largement ancienne et protégée au titre de l'Unesco. Mais les chiffres sont encourageants avec sept fois plus demandes en 2023 qu'en 2020 et un taux d'acceptation en hausse.
Pierre Hurmic à qui il reste encore deux années pleines de mandat, entend également « démontrer qu'on peut loger de nouveaux habitants dans des conditions économiques accessibles, dans des logements sobres énergétiquement et sans consommer de nouveaux habitats naturels. » Le démonstrateur sera le futur de quartier de La Jallère, au nord de la ville près du Stade Matmut Atlantique. Érigé en « projet urbain phare de la mandature », le quartier se déploiera sur 35 hectares déjà artificialisés pour 50.000 m2 à réhabiliter et 100.000 m2 de surfaces à construire dont 1.500 logements. La concertation est en cours et la première tranche de travaux pourrait démarrer en 2025.
Une V2 pour le bâtiment frugal bordelais
Le maire est aussi revenu sur le réaménagement des boulevards et des allées Tourny, la végétalisation des espaces publics et le développement des mobilités piétonnes et cyclables. Mais c'est bien par le bâti neuf et existant que la transformation de la ville doit se matérialiser. Annoncé il y a bientôt trois ans, le label du bâtiment frugal bordelais peine encore à se concrétiser faute de programmes immobiliers éligibles, sur fond de crise historique du secteur. Un travail a ainsi été lancé avec les professionnels fin 2023 pour retoucher les 22 pré-requis obligatoires.
« On a engagé un travail de réécriture du label, on ne change pas les ambitions ni les objectifs mais la méthode. Il s'agit désormais de juger une démarche frugale plutôt que 22 critères stricts parfois irréalistes ou contradictoires dans des secteurs protégés ou des opérations de réhabilitation [...] On veut aussi accompagner les promoteurs tout au long du chantier pour s'assurer du suivi des engagements initiaux », précise Stéphane Pfeiffer, l'adjoint en charge de l'urbanisme résilient.
La nouvelle mouture sera présentée au printemps et il est toujours prévu d'inclure le label frugal dans la 11e révision du plan local d'urbanisme intercommunal qui doit être adopté lors du prochain conseil métropolitain.
Enfin, Pierre Hurmic se dit toujours farouchement opposé à la ligne à grande vitesse vers Toulouse et Dax, qualifiée de « massacre écologique ». Et, sans se prononcer sur une éventuelle candidature en 2026, il promet que « l'écologie à la bordelaise me survivra [...] Nous ne serons pas une parenthèse à Bordeaux ! »
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