« Sortir de la privation d'emploi » : un quartier de Bordeaux devient Territoire zéro chômeur

Après presque quatre ans de préparation, le quartier prioritaire du Grand Parc, au nord de Bordeaux, lance les premiers emplois en réinsertion financés par la puissance publique. La ville est la deuxième en Gironde à accueillir l'expérimentation nationale Territoire zéro chômeur de longue durée. Et elle compte bien innover.
Maxime Giraudeau
Les premiers contrats de travail en réinsertion ont été signés ce 11 juillet dans le quartier du Grand Parc à Bordeaux.
Les premiers contrats de travail en réinsertion ont été signés ce 11 juillet dans le quartier du Grand Parc à Bordeaux. (Crédits : MG / La Tribune)

Au pied des immeubles HLM du Grand Parc, huit personnes, stylo en main, s'apprêtent à accomplir un geste qu'elles n'avaient pas fait depuis trop longtemps. Signer un contrat de travail. « On est prêts à démarrer ! », s'impatiente Lou qui, à 57 ans et sans emploi depuis plusieurs années, voit dans le programme Territoire zéro chômeur de longue durée « un projet qui redonne de l'espoir ».

Quatre ans après les élections municipales, Bordeaux se lance enfin dans ce qui était un engagement de campagne de la majorité écologiste. Faire du Grand Parc, un quartier d'expérimentation pour accueillir des emplois en réinsertion, adaptés au besoin du quartier et financés par l'État et les collectivités. « Ce programme a des conséquences directes et immédiates. C'est le fruit d'un engagement pour la justice sociale et le rééquilibrage territorial », présente le maire de Bordeaux Pierre Hurmic. Huit emplois dès maintenant, vingt d'ici la fin de l'année. La concrétisation se fait à petits pas.

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Des services et du maraîchage

Avec la constitution de deux entreprises à but d'emploi (EBE), le dispositif ambitionne de créer un total de 150 postes sur les cinq ans d'expérimentation à venir. « Et sortir 450 personnes de la privation durable d'emploi » grâce à cette phase transitoire, ajoute l'élu. L'une propose de multiples activités, notamment dans les services (conciergerie, visite de personnes âgées à domicile, restauration, garde champêtre culturel). L'autre est spécialisée sur le maraîchage avec l'implantation à venir d'une ferme urbaine. Une ressourcerie et un fablab doivent également voir le jour.

Les deux entreprises auront pour but de cibler les publics éloignés de l'emploi - souvent ni bénéficiaires du RSA ni inscrites à France Travail -, de proposer des missions adaptées et de capter les subventions des collectivités et de l'État. Pour chaque emploi créé, l'État verse ainsi l'équivalent de 70 % du Smic quand le Département abonde les 30 % restants. Jusqu'ici, le dispositif a été amorcé grâce à une subvention municipale annuelle de 100.000 euros qui sera maintenue.

Trouver les « invisibles »

Particularité de l'initiative bordelaise, les employés en réinsertion sont embauchés par un groupement des deux entreprises à but d'emploi. « Le groupement permet de pouvoir travailler pour plusieurs entreprises tout en ayant un seul contrat de travail. Les participants pourront ainsi essayer plusieurs choses et maximiser leurs chances de retour vers l'emploi », enclenche Stéphane Pfeiffer, adjoint au maire notamment en charge de l'économie sociale et solidaire.

Car ce passage par les emplois du dispositif zéro chômeur de longue durée ne doit être qu'une étape. « Ce ne sera pas une finalité pour ces personnes-là. Très vite on va débaucher dans l'entreprise à but d'emploi pour les conforter vers l'emploi durable », vise Claire Soulie, directrice départementale de France Travail. Le service estime qu'un peu plus de 1.200 personnes sont en situation de privation d'emploi sur le long terme dans le quartier du Grand Parc. Encore faut-il trouver ces « invisibles ». « On a fait beaucoup de porte-à-porte car on ne sait pas qui ils sont. Ils ne fréquentent pas les services de la mairie, ni le CCAS », évoque Stéphane Pfeiffer. Le préfet a donné rendez-vous dans six mois pour un premier bilan de l'expérimentation.

Et ailleurs ?

75 territoires zéro chômeur sont aujourd'hui labellisés en France pour un total de 4.000 personnes employées depuis le lancement du programme en 2017. La plupart se concentre dans des quartiers d'agglomérations ou des villes de taille moyenne. La Nouvelle-Aquitaine compte sept territoires : (du Nord au Sud) Mauléon, Châtellerault, Poitiers, la communauté de communes de Noblat, Castillon-la-Bataille, Bordeaux et Pau. En Gironde, les candidatures de la ville de Mérignac et de la communauté de communes Estuaire sont en suspend, notamment à cause des faibles possibilités financières du Département.

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Maxime Giraudeau

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Commentaire 1
à écrit le 13/07/2024 à 7:15
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"Encore faut-il trouver ces « invisibles »." J'ai du mal à comprendre comment il peut encore rester des "invisibles" alors que les conditions d'accès au RSA sont particulièrement drastiques imposant à la personne de chercher du travail de toutes faço...

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