E-carburant : deux entreprises pour un site industriel dans les Landes ?

Fruit d'un partenariat entre les entreprises Khimod et Elyse Energy, un site de production industrielle de carburant de synthèse pourrait voir le jour dans les Landes à horizon 2030. Le choix d'implantation dépendra des résultats du projet de recherche et développement, mais le site d'un industriel émetteur de carbone a déjà été identifié.
Maxime Giraudeau
Le carburant de synthèse produit par Khimod et Elyse Energy sera destiné à l'aviation civile.
Le carburant de synthèse produit par Khimod et Elyse Energy sera destiné à l'aviation civile. (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

C'est un partenariat qui pourrait atterrir en Nouvelle-Aquitaine. Mais pas avant plusieurs années. Khimod et Elyse Energy, deux entreprises spécialisées dans le développement des e-carburants, ont annoncé le lancement d'un projet de recherche pour créer un site industriel de production de e-kérosène à destination de l'aéronautique. Ce nouveau type de carburant, fabriqué à partir des émissions de CO2 de sites polluants, doit servir à décarboner le transport aérien.

« On s'est associés avec Khimod pour trouver une solution à un problème : comment produire un e-carburant durable à partir de CO2 émis dans les rejets industriels », montre Benoit Decourt, directeur des opérations d'Elyse Energy, basée à Lyon.

La société créée en 2020, qui compte 40 salariés se chargera de l'intégration du projet sur un site industriel et de fournir les molécules bas carbone nécessaires au procédé de fabrication, l'hydrogène notamment qui sera produit sur site. Khimod de son côté, une entreprise du secteur de la chimie, apportera le système technologique qui permet la transformation des matières en e-carburant.

Procédé de fabrication moins polluant

Un e-carburant est produit à partir des émissions de C02 contenues dans les rejets polluants de sites industriels. Le C02 est combiné à de l'hydrogène pour obtenir du monoxyde de carbone (CO). Ce gaz est à son tour mélangé à l'hydrogène pour former un carburant de synthèse. Le procédé de fabrication est moins carboné que celui des hydrocarbures classiques à condition d'être produit à partir d'hydrogène vert. Son coût lui est bien plus élevé : environ 5 euros le litre.

Financée en partie par un appel à projet de l'Ademe dans le cadre du plan de relance France 2030, la phase de recherche et prototypage du projet baptisé Avebio débutée début 2023 s'étalera jusqu'en 2025. Cette phase amont représente un investissement global de deux millions d'euros. Elle déterminera quels sont les facteurs à combiner pour démarrer l'exploitation d'un site en terme d'approvisionnement en chaleur et en CO2, de traitement de l'eau et de raccordement électrique.

Un site de petite capacité

Mais déjà, les deux partenaires ont ciblé un site qui pourrait répondre aux besoins : l'usine de pâte à papier de Ryam, à Tartas dans les Landes. Cette bioraffinerie, classée Seveso seuil bas, est particulièrement émettrice d'un CO2 qui a le potentiel pour être valorisé. Le choix de l'implantation dépendra des autorisations environnementales et des synergies à trouver avec l'industriel.

Quel que soit le lieu, Elyse Energy et Khimod se projettent sur une capacité de production de 2.000 tonnes de e-kérosène par an, la consommation annuelle de la France en matière de kérosène s'élevant à plus de sept millions de tonnes. Un site mineur donc, alors qu'Elyse Energy a engagé 350 millions d'euros en septembre dernier pour lancer une usine de production d'e-méthanol d'une capacité de 150.000 tonnes par an à côté de Lacq dans les Pyrénées-Atlantiques.

Lire aussiElyse Energy investit 350 millions d'euros à Lacq pour sa première usine de méthanol vert

Plutôt que de s'engager vers une baisse de l'activité, le secteur aérien compte sur cette technologie pour endiguer son impact carbone. « Il y a trois voies pour le faire dans l'aviation : avoir des avions plus efficaces, faire de l'éco-conduite et changer le carburant. Là-dessus, la seule voie massive de décarbonation ce sont les carburants de synthèse », argumente Nicolas Serrie, président de Khimod. D'autres systèmes sont pourtant explorés pour l'aéronautique, comme les agrocarburants (sustainable air fuel) ou, à plus long terme, la motorisation à hydrogène, notamment dans le cadre du projet d'avion bas carbone du plan France 2030.

Maxime Giraudeau

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