Comment le bassin de Lacq pilote sa décarbonation

Élaborer une feuille de route collective en matière de décarbonation et obtenir ainsi le soutien de l'État dans le cadre de France 2030 : c'est l'objectif que se fixe le GIP Chemparc, qui rassemble industriels, collectivités et services déconcentrés de l'Etat à l'échelle du bassin de Lacq, près de Pau, au pied des Pyrénées.
(Crédits : Chemparc)

"Il nous faut élaborer une vision collective et territoriale du sujet". Convaincu de la nécessité de penser de manière écosystémique la décarbonation des activités industrielles du bassin de Lacq, le GIP (groupement d'intérêt public) Chemparc a pris le leadership dès l'été dernier pour structurer une réponse collective à l'appel à projets Zibac (zones industrielles bas carbone) lancé par l'Ademe dans le cadre du plan France 2030. La réponse est attendue le 15 mai 2023 au plus tard alors qu'Emmanuel Macron vient de demander aux patrons des 50 plus grands sites industriels français de diviser par deux leurs émissions de CO2 d'ici 10 ans.

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Cet objectif de décarbonation est une évidence pour le directeur général du GIP, Patrice Bernos, puisque cette structure "regroupe les industriels des quatre plateformes Seveso présentes sur le bassin, les collectivités locales et les services de l'État". : "Nous sommes collectivement liés par des équipements et une production d'utilités mutualisée."

Car si l'exploitation commerciale du gaz du bassin de Lacq, dans les Pyrénées-Atlantiques, est terminée depuis 2014, celle de l'hydrogène sulfuré (H2S), pour alimenter en énergie les industries du territoire, reste l'activité motrice de près de 2.000 emplois locaux. Depuis 2010 et le projet Lacq Cluster 2030, une unité de traitement de gaz alimente en effet le chimiste Arkema en H2S et produit une vapeur distribuée sur l'ensemble de la plateforme Induslacq.

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« Ménager la chèvre et le chou »

Une activité "carbonée, forcément", qu'il n'est "pas question d'interrompre" mais qu'il s'agit désormais de verdir au maximum, poursuit Patrice Bernos, soulignant au passage la pression qui incombe aux industriels locaux :

"La plupart des grands groupes se sont fixés des objectifs ambitieux de décarbonation à horizon 2050, ils attendent de leurs filiales implantées chez nous qu'elles soient vecteurs de solutions."

Parmi les premières orientations d'ores et déjà envisagées à l'échelle du bassin, et réalisables"à court terme, celle de muscler les "investissements pour utiliser de la vapeur verte, qui ne serait plus produite par le gaz". "Mais il nous faudra en parallèle trouver des débouchés pour le gaz épuré", pointe le directeur du GIP, évoquant, parmi les pistes envisagées, la possibilité "de compléter le réseau de canalisation pour alimenter en gaz épuré les industriels implantés en dehors de la plateforme Induslacq, qui se trouvent aujourd'hui confrontés à la cherté du gaz commercial".

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"Il nous faut aussi favoriser les activités de R&D sur le territoire pour trouver des modes de décarbonation et faire émerger d'autres activités à moyen terme, d'ici 2025-2026", poursuit Patrice Bernos. À cet égard, la solution proposée par la startup bordelaise Dioxycle fait partie des "pistes de solutions très spécifiques" qui pourraient être mises en œuvre, tout comme la récupération du CO2 par la future usine de méthanol vert d'Elyse Energy.

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