C'est ce qui s'appelle faire mouche. Dioxycle, la startup bordelaise pionnière du "recyclage" du CO2 industriel, vient d'être sélectionnée dans la première cohorte du programme BE Fellows, porté par Breakthrough Energy. Une organisation philanthropique fondée par le milliardaire Bill Gates qui a vocation à financer des technologies émergentes de décarbonation pour atteindre le "Zéro émission nette" à horizon 2050.
Dévoilée ce vendredi 15 octobre, la liste de ces premiers lauréats compte neuf startups spécialisées dans des technologies de rupture, en matière d'électrofuels, d'hydrogène, d'acier, de ciment et de fertilisants. Parmi lesquelles Dioxycle donc, seule représentante européenne à décrocher le sésame et la bourse qui va avec, grâce à son électrolyseur capable de transformer le CO2 émis par des industriels en molécules valorisables (méthane, monoxyde de carbone ou autres hydrocarbures). "Un honneur", pour Sarah Lamaison, cofondatrice de la startup aux côtés de David Wakerley, qui se dit heureuse de bientôt "côtoyer dans cette cohorte de lauréats d'autres scientifiques très inspirants, et [de s'] insérer dans un bel écosystème d'innovations".
"Nous allons pouvoir échanger sur des problématiques communes, sur les difficultés que l'on rencontre tous, pour accéder aux marchés et pour accompagner nos secteurs dans la transformation de leurs chaînes de valeurs", explique-t-elle à La Tribune.
Car c'est bien l'objectif de ce programme : aider quelques pépites à développer et commercialiser leurs technologies, pour former un tissu d'entreprises capables, collectivement, "de réduire les émissions de carbone d'au moins 500 millions de tonnes par an d'ici 2050".
Sarah Lamaison, passée par l'Ecole Polytechnique, les universités de Paris Saclay, de Cambridge, de Stanford et le Collège de France, et David Wakerley, également diplômé des universités de Cambridge et Stanford et du collège de France (crédits : Agence APPA).
Une dizaine de recrutements en perspective
C'est aussi une belle bouffée d'oxygène que gagne Dioxycle à travers cette distinction, puisqu'au delà de la reconnaissance et de la notoriété liées à cette distinction, la bourse offerte par le programme - dont le montant est confidentiel - va lui permettre d'embaucher "une dizaine de personnes".
Fidèles à leur ADN "50% français, 50% britannique", les deux cofondateurs ont déjà recruté ces derniers mois l'énergéticien Bastien Faure et le chimiste Edward Malins. Mais ils se trouvent désormais face à de nouveaux besoins : l'entreprise a trouvé un partenaire industriel "dans le secteur de la chimie" pour développer sur site un démonstrateur grandeur nature. Avec une capacité de recyclage de "l'ordre de la dizaine de kilo de CO2 par jour", ce démonstrateur sera mis en service "courant 2022", précise Sarah Lamaison, l'objectif étant de monter en charge progressivement pour recycler à terme une tonne de CO2 par jour.
La startup cherche d'ailleurs "à développer d'autres démonstrateurs, dans d'autres secteurs industriels", pour prouver l'adaptabilité de sa technologie et son efficience globale. Une quête que le sésame délivré par Bill Gates devrait faciliter.
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