Elyse Energy investit 350 millions d'euros à Lacq pour sa première usine de méthanol vert

La PME lyonnaise Elyse Energy investit 350 millions d'euros dans un site de fabrication de méthanol vert, un composant chimique utilisé pour la peinture, le plastique ou le textile dont la demande est en forte hausse chez les industriels. La création de 110 emplois est prévue à l'horizon 2027 avant d'autres projets dans les biocarburants.
(Crédits : Elyse Energy)

La PME lyonnaise Elyse Energy, fondée en 2020, a trouvé la perle rare. Son premier site industriel sera à Lacq, l'ancien bassin gazier près de Pau (Pyrénées-Atlantiques), sur un terrain de 14 hectares acquis auprès de la Communauté de communes de Lacq-Orthez et sur lequel était auparavant implanté le géant minier Rio Tinto au passé industriel mouvementé. Après l'obtention des permis et autorisations nécessaires, le groupe compte débuter en 2025 la construction de sa première usine, un investissement de 350 millions d'euros, qui produira à partir de 2027 du méthanol, utilisé pour la peinture, le textile ou encore le plastique.

"La différence est que nous produirons ce composant chimique avec du CO2 capté et de l'hydrogène générée à partir d'électricité bas-carbone, nucléaire ou renouvelable", explique Benoît Decourt, co-fondateur et directeur des opérations d'Elyse Energy, qui compte aujourd'hui une trentaine de personnes.

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Une demande en hausse

A Lacq, sur le tout premier site de la PME pour lequel la création de 110 postes est prévue - la moitié en interne et l'autre moitié auprès de sous-traitants- la production de ce "e-méthanol" devrait atteindre un volume de 150.000 tonnes par an. "Notre logique est que ce méthanol, produit avec du CO2 capté localement auprès des industriels voisins, soit aussi consommé le plus possible sur place, même s'il se transporte très bien", affirme le responsable.

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Aujourd'hui, ce composant est en effet importé d'Egypte, de Malaisie ou encore de Trinidad-et-Tobago, principaux fournisseurs de l'industrie française qui en consomme 600.000 tonnes par an. La demande est en hausse, notamment de la part des transporteurs maritimes, tels que CMA-CGM qui a commandé six porte-conteneurs au méthanol, soit l'équivalent de 250.000 tonnes. "Partout dans le monde, des initiatives émergent. La France doit être présente dans cette nouvelle filière qui offre à la fois une solution de captage de CO2 aux industriels et pour ceux qui consomment du méthanol, une alternative française émettant 70 à 90 % de CO2 en moins que l'équivalent importé, sans changer les infrastructures", souligne Benoît Decourt.

Quatre autres sites d'ici 2028

Le réseau, les connaissances et les moyens apportés par les deux autres cofondateurs, Cédric de Saint-Jouan et Pascal Pénicaud - respectivement cofondateur de Vol-V (dont les installations dans le solaire, l'éolien et le biométhane ont été revendues en 2019 à CNR et Engie) et ex-directeur général du deuxième opérateur d'énergie solaire français Tenergie - permettent à Elyse Energy de monter vite en puissance.

La PME projette d'ores et déjà de créer une seconde unité de e-méthanol de taille équivalente à celle de Lacq et deux plus petites pour atteindre une production de 500.000 tonnes d'ici 2028. En Espagne et au Portugal, sept lieux d'implantation sont également à l'étude. "Nous devons agir vite : rien que la Chine, qui produit du méthanol à partir de charbon, a des capacités disponibles estimées à 50 millions de tonnes", exhorte Benoît Decourt.

Une alternative au kérosène

Outre le méthanol, le trio compte également développer, en partenariat notamment avec le groupe agroalimentaire Avril et l'IFP Energies nouvelles, du carburant d'avion durable, à partir de déchets de bois avec une réduction des émissions de gaz à effet de serre d'au moins 70% promise par rapport au kérosène. "Nous annoncerons pour ce projet aussi prochainement notre premier site de production", affirme Benoît Decourt. L'avenir dira s'il se situera en Nouvelle-Aquitaine, première région forestière française, où Elyse Energy estime avoir trouvé, pour le moment, une oreille très attentive. "Il existe un véritable écosystème industriel sur le bassin de Lacq. Le développement du projet a été rapide, et l'accueil des pouvoirs publics très positif, ce qui a été déterminant pour notre implantation. Il y a une réelle volonté politique à tous les niveaux", salue le responsable.

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Commentaire 1
à écrit le 13/10/2022 à 12:26
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"à partir de déchets de bois avec une réduction des émissions de gaz à effet de serre d'au moins 70% promise" se méfier des promesses. :-) Il devait y avoir une installation prototype pour faire du méthanol gris vers Fos s/Mer, je crois, en captant ...

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