M2i LifeSciences lance une ligne de production à Lacq dans sa "Phéromone Vallée"

M2i LifeSciences, le leader français du biocontrôle, inaugure une ligne de production industrielle sur son site de Lacq (Pyrénées-Atlantiques) où il est implanté depuis 2013. Une dizaine de recrutements sont prévus tandis que l'entreprise, qui a levé 60 millions d'euros l'an dernier, lance avec Ceva Santé Animale une "Phéromone vallée" pour fédérer énergies et expertises.
Stéphanie Magnet est la directrice du site de M2i LifeSciences de Lacq (Pyrénées-Atlantiques).
Stéphanie Magnet est la directrice du site de M2i LifeSciences de Lacq (Pyrénées-Atlantiques). (Crédits : M2i LifeSciences)

C'est au sein de la pépinière Chemstartups du Chemparc, dans le bassin industriel de Lacq, que M2i Lifesciences a installé dès 2013 un laboratoire de R&D et une poignée de salariés pour travailler sur l'élaboration chimique de ses précieuses phéromones. Basée à Saint-Cloud, dans les Hauts-de-Seine, l'entreprise s'est en effet spécialisée dans la mise au point de solutions de biocontrôle chimique pour protéger les cultures (vignes, vergers, maïs, coton, etc...) en écartant les insectes grâce à la reproduction en laboratoire de phéromones chimiques. Une activité florissante puisque M2i, créée en 2012, emploie aujourd'hui 165 salariés sur trois sites en France et générait en 2018 autour de 18 millions d'euros de chiffre d'affaires, devenant ainsi le leader français et européen du marché. De quoi lui permettre de lever la bagatelle de 60 millions d'euros à l'automne 2019 pour encore accélérer son développement.

Ce vendredi 25 septembre 2020, c'est sous un temps orageux que M2i a réuni Alain Rousset, le président du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, Marc Prikazsky, le président de Ceva Santé Animale, et les acteurs économique et politiques locaux pour inaugurer très officiellement sa nouvelle ligne de production de phéromones. "D'une capacité de 2000 litres et d'un poids de 12 tonnes cet équipement permettra de produire plusieurs centaines de tonnes de suspensions de capsules de phéromones par an et d'accompagner le lancement à grande échelle de la production", explique M2i qui y a investi un million d'euros.

Lire aussi : Chimie verte : pourquoi Comgraf investit 11 millions d'euros à Lacq

"Cette première mondiale est un double signal : tout d'abord celui de la croissance continue et ambitieuse de M2i qui s'impose plus que jamais comme un acteur incontournable de la transition agricole mondiale ; et également celui de l'affirmation de Lacq comme un pôle attractif et pilote dans le domaine de la chimie et des green technologies en France et en Europe", souligne Philippe Guerret, le PDG de M2i.

Une nouvelle page industrielle

Pour l'entreprise, et tout particulièrement pour son site de Lacq, jusque-là concentré quasi-exclusivement sur la recherche fondamentale puis appliquée, c'est aussi une nouvelle page qui s'ouvre, plus industrielle :

"Au départ, nous étions principalement un centre de recherche qui est devenu au fil des ans un centre d'expertise réglementaire pour les procédures de mise sur le marché. Désormais, avec cette nouvelle ligne de production, on entre dans une phase réellement industrielle avec nos outils de production en propre", considère Johann Fournier, le directeur de la communication de M2i, qui assure qu'il s'agit "du premier outil de production de cette taille au monde dédié à la production de phéromones micro-encapsulées".

M2i LifeSciences Lacq

La nouvelle unité de production de phéromones encapsulées (crédits : M2i)

De cinq salariés début 2013, le site de Lacq en emploie aujourd'hui une trentaine et devrait en recruter une dizaine de plus, dont un responsable de production et des techniciens. Concrètement, les équipes de Lacq sont en charge de "la conception de la molécule de phéromone de synthèse en laboratoire à partir de la phéromone naturelle à l'aide de techniques de biomimétisme. L'enjeu est d'élaborer une molécule plus durable et stable pour qu'elle soit compatible avec le mode de pulvérisation sur les cultures", détaille M2i. Ses produits de biocontrôle, compatibles avec l'agriculture biologique, sont utilisés en agricultures, dans les vergers, dans les espaces verts, etc. "Grâce à ces phéromones ciblées et propres à chaque espèce, nous travaillons sur la capture en masse d'un insecte particulier ou sur la perturbation de son cycle de reproduction pour gérer les populations de certains ravageurs, comme la tordeuse de la grappe, sans utiliser des pesticides conventionnels et sans cibler les autres insectes", expliquait l'an dernier à La Tribune Kévin de Cozar, responsable du pôle agronomie R&D biocontrôle de M2i Life Sciences.

Lire aussi : Forum agriculture innovation : arbres, sols et biocontrôle pour sortir des pesticides ?

M2i s'est fait un nom avec son produit permettant de lutter contre le charançon de la banane mais dispose aujourd'hui d'un portefeuille de 70 produits et 22 brevets, tout particulièrement pour traiter la pomme (40 % des vergers de pomme en France) et la vigne (15 % des surfaces de vignes en France). L'Hexagone reste son premier marché mais la PME est également présente dans une soixantaine de pays notamment en Argentine, au Chili, en Allemagne et Benelux ainsi qu'en Israël, en Afrique (Sénégal, Côte-d'Ivoire, Afrique-du-Sud) et en Chine.

Lancement d'une "Phéromone vallée"

En parallèle de l'inauguration de son outil industriel, M2i a tenu à marquer le coup en annonçant aux côtés du groupe pharmaceutique vétérinaire girondin Ceva Santé Animale (plus de 5.000 salariés et 1,2 milliard d'euros de chiffre d'affaires) le lancement de la "Phéromone Vallée". Une initiative conjointe des deux entreprises présentée comme "la filière de valorisation et de développement en Aquitaine du biocontrôle animal et végétal par phéromones". La startup et l'ETI travaillent ensemble depuis 2015 et cherchent désormais à fédérer les multiples acteurs régionaux : entreprises, agriculteurs, collectivités locales, tissu universitaire et académique, etc. Objectif : développer les savoir-faire régionaux en matière de phéromones végétales et animales.

"A une époque où la souveraineté alimentaire reprend de l'importance, nous devons donner aux agriculteurs et aux éleveurs les moyens techniques de répondre aux attentes des consommateurs : avoir accès à une alimentation plus saine, plus sûre, issue de la transition agroécologique et attentive au bien-être animal", fait valoir Marc Prikazsky, le PDG de Ceva Santé Animale. "Nous sommes fiers de nous engager aux côtés d'un Groupe prestigieux comme Ceva. Notre partenariat, fort avec eux depuis 2015, doit être le ciment pour mobiliser autour de nous les bonnes volontés et les compétences régionales en faveur du biocontrole", ajoute Philippe Guerret.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.