Leader dans la détection automatisée d'intrusions de logiciels espions ou de sabotage dans les infrastructures informatiques, d'entreprises aussi bien que de services publics, Tehtris annonce une levée de fonds de 44 millions d'euros, après les 20 millions déjà réunis en novembre 2020 ! Fondée par Elena Poincet et Laurent Oudot, deux anciens agents de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) issus du renseignement opérationnel et technique, Tehtris lève ainsi un montant très conséquente pour une startup régionale. Son siège social, où se concentre notamment les fonctions recherche et développement, se trouve à Pessac (Bordeaux Métropole).
L'implantation de la jeune société innovante à Paris regroupe des fonctions commerciales et marketing. Tehtris innove en développant des technologies de type XDR (pour détection et réponse étendues) capables de détecter et de neutraliser automatiquement, en temps réel, des menaces numériques connues et inconnues dans les infrastructures informatiques. Grâce à son intelligence artificielle, Tehtris peut harmoniser la réponse simultanée de systèmes traditionnels très cloisonnés et viser juste en s'adossant à "son moteur d'analyse comportementale et sa base de menaces mises à jour en temps réel". Et comme l'avait déjà souligné Elena Poincet précédemment à La Tribune, pour contrer efficacement les attaques cybernétiques il faut aller vite et pour cela pouvoir se passer d'une intervention humaine.
Plus de 300 recrutements à Bordeaux d'ici 2023
La startup s'est notamment distinguée en 2021 en se montrant capable de détecter le logiciel espion de conception israélienne Pegasus. Elle a par ailleurs créé une place de marché baptisée Ecosystem, pour fournir un bouquet d'offres personnalisées en cybersécurité à ses clients, et travaille avec tout un panel d'entreprises partenaires disposant de technologies congruentes avec sa stratégie.
"Nous réalisons cette nouvelle levée de fonds parce que c'est une obligation pour continuer à développer notre innovation et devenir les leaders européens du marché. Nous devons recruter, investir... Bordeaux est le cœur de notre réacteur. Tehtris y emploie actuellement 165 salariés, effectif que nous allons porter à 466 personnes courant 2023 après livraison de notre nouveau siège social de plus de 5.000 m2", annonce Elena Poincet, cofondatrice et présidente de Tehtris à La Tribune. Un bâtiment partie prenante du Campus cyber régional lancé en juin et mis sur les rails ces derniers jours.
En plus de l'Europe, que Tehtris veut rendre autonome dans le domaine de la cybersécurité grâce à sa technologie et où la jeune entreprise entend s'affirmer comme le leader du marché, la startup vise désormais une croissance plus largement internationale, pour ne pas dire mondiale. C'est pourquoi cette levée de fonds a commencé à servir pour financer la création de filiales en Allemagne, Espagne, mais aussi au Canada et au Japon.
Les financeurs du premier tour ont tous signé pour le second
Un nouveau grand bond en avant pour la startup, qui a gardé ses puissants soutiens du début. Ce dont témoigne le détail de cette augmentation de capital annoncée ce 12 octobre. Les partenaires présents lors du premier tour de table de novembre 2020 ont tous décidé de remettre au pot. C'est ainsi que l'on retrouve dans cette opération le fonds d'investissement tricolore Tikehau Ace Capital, big boss international du capital-investissement dans les industries et technologies stratégiques, à commencer par la sécurité du numérique, avec un total de 1,3 milliard d'euros sous gestion.
Egalement présents à ce second tour : le fonds Open CNP (CNP Assurances) et, c'est plus original, Nouvelle-Aquitaine Co-Investissement (Naco). Un fonds destiné au soutien financier des startups et PME de Nouvelle-Aquitaine doté de 25 millions d'euros, qui est conseillé -c'est-à-dire quasiment coordonné sur le terrain- par la société de gestion d'actifs toulousaine M Capital Partners (ex-Midi Capital).
La Région Nouvelle-Aquitaine prend un ticket à 3 millions d'euros
Sur le plan technique, cette seconde augmentation de capital arrangée par Jolt Capital combine deux leviers, soit 36 millions d'euros levés en "growth equity", un financement situé entre capital risque et capital développement avec échange d'actions de l'entreprise contre du cash, et huit millions d'euros sous la forme plus classique d'un emprunt bancaire.
"En plus des fonds levés, Jolt Capital arrive avec une connaissance très fine du secteur de la deeptech, et un tour de table d'investisseurs très reconnus sur la place, comme par exemple Tikehau Ace Capital. Naco a participé à hauteur de 1,5 millions d'euros à la première levée de fonds de Tehtris. La Région est entrée au capital de cette startup et naturellement elle poursuit son accompagnement. Pour cette deuxième levée de fonds, Naco a pris un ticket à trois millions d'euros" éclaire pour La Tribune David Aversenq, directeur général associé à Midi Capital Partners.
Alors que les menaces de cyberattaques et cyberguerre ne cessent de monter en puissance, Tehtris bénéficie d'un environnement favorable à la mise en valeur de ses innovations.
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