Le Campus Cyber, futur interlocuteur unique de la cybersécurité en Nouvelle-Aquitaine

Le conseil régional vote ce mardi 21 juin une subvention de 400.000 euros pour lancer le Campus Cyber Nouvelle-Aquitaine qui doit être opérationnel dès le mois de septembre 2022. Objectif : prévenir autant que guérir les cyberattaques contre les entreprises et administrations mais aussi doubler les capacités de formation initiale et continue. Explications.
Sur le site Amperis, à Pessac Bersol, le bâtiment Ikigaï (à droite) accueillera Tehtris tandis que le bâtiment Colibri, à gauche, accueillera le Campus Cyber et notamment Tecnalia, eShard et l’Anssi.
Sur le site Amperis, à Pessac Bersol, le bâtiment Ikigaï (à droite) accueillera Tehtris tandis que le bâtiment Colibri, à gauche, accueillera le Campus Cyber et notamment Tecnalia, eShard et l’Anssi. (Crédits : HOBO)

"Ce Campus Cyber est issu d'un long travail que nous avons mené tant avec les entreprises régionales de la cybersécurité qu'avec les entreprises, collectivités et hôpitaux qui ont été attaquées ou qui le seront. On y proposera de la sensibilisation, de la formation, de l'innovation et, surtout, de la cohérence puisque nous avons vocation à être l'interlocuteur unique, la porte d'entrée des entreprises attaquées ", présente Andréa Brouille, vice-présidente du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine en charge du développement économique et, désormais, présidente du tout nouveau Campus Cyber régional.

Cette nouvelle structure, qui a vu le jour au printemps dernier sous forme d'association, dans le cadre de la feuille de route cybersécurité votée en 2020, entre désormais dans une phase pré-opérationnelle. C'est l'une des déclinaisons régionales du Campus Cyber national inauguré à Paris La Défense le 15 février dernier et qui a déjà essaimé notamment dans les Hauts-de-France, en Bretagne ou en Franche-Comté.

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"Le modèle du campus c'est la collaboration"

Comme son grand frère francilien, le Campus Cyber néo-aquitain va se doter de vastes locaux pour y accueillir sa petite équipe de permanents (lire encadré) mais surtout les nombreuses entreprises partenaires du projet qui se construit autour d'une logique collaborative. "Nous disposerons à terme de 20.000 m2 à Pessac Amperis, sur l'ancien site de Thales. Le modèle du campus c'est la collaboration entre tous les acteurs publics et privés de la cybersécurité", insiste Guy Flament, le directeur du Campus, qui a fédéré une centaine d'entreprises de toutes tailles présentes dans la région dont notamment Tehtris, qui installera son nouveau siège social au même endroit, Serma Safety & Security, Atos, eShard, Orange Cyberdefense, Onepoint, Advens, Novenci, Ipssi, Game Partners, Knock Knock ou encore xSecu.

Sept permanents en 2023


  • Doté d'un budget de 400.000 euros, apporté intégralement par la Région Nouvelle-Aquitaine, pour le 2e semestre 2022, le campus pourra compter sur 700.000 euros de subventions régionales en année pleine sur 2023 avant de décroître. À terme, le budget annuel est envisagé autour d'un million d'euros, partagé en trois pars égales entre le conseil régional, les entreprises de la filière et les adhésions. Sur le plan des effectifs, ils seront cinq équivalents temps plein fin 2022 avant de grimper à sept en 2023. L'ambition du campus est aussi de fonctionner fortement grâce à l'investissement en temps des entreprises parties prenantes. Le centre de réponses à incidents est lui soutenu par l'Etat à hauteur d'un million d'euros sur trois ans.

Mais les locaux physiques de Pessac, dont la première tranche sera livrée dès cet automne, n'empêchent pas au campus de chercher à mailler le territoire régional. "Nous voulons agir en confiance et en proximité avec des centres de ressources à Niort, à Pau ou encore à Limoges pour diffuser les stratégies nationales et territoriales au plus près des entreprises en lien avec l'Anssi, Cybermalveillance, les forces de sécurité intérieure, ADI Nouvelle-Aquitaine et le Clusir [Club de sécurité de l'information en réseau]", précise le directeur.

L'interlocuteur unique pour les victimes régionales

Mais, plus concrètement, le Campus Cyber a vocation a devenir l'interlocuteur unique pour les structures victimes d'une cyberattaque, comme le détail Guy Flament :

"L'idée est d'être un centre de réponses à incidents informatiques régional pour simplifier les démarches des victimes dès les premières heures d'une attaque avec une chaîne, transparente pour la victime, d'escalades et de désescalades coordonnées entre tous les acteurs concernés. L'objectif est de prendre en charge les réponses à l'incident, voire la réplique, mais aussi la préservation de la preuve, le dépôt de plainte, le dialogue avec les assureurs et les commissaires aux comptes et la remise en route du système."

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Et pour jouer aussi la carte de la prévention et de l'anticipation, le campus diffusera à partir du mois de septembre 2022 un service d'alerte et de tests opérationnels sur les dernières vulnérabilités critiques identifiées.

La formation, le nerf de la guerre

L'autre très gros chantier de ce nouveau campus c'est évidemment la formation dans un contexte de pénurie de compétences dans le domaine de la cybersécurité où entre 10.000 et 15.000 postes demeurent vacants en France. Le Campus Cyber publiera un catalogue de toutes les formations certifiantes disponibles dans la région et ambitionne "de doubler à la rentrée de septembre 2023 le nombre de personnes formées dans la région", notamment en formant des formateurs et en les accompagnant.

"Pour les entreprises, le plus rapide et le moins cher, c'est la formation continue pour des reconversions professionnelles ou des évolutions professionnelles. Là encore, on va accélérer en identifiant les formateurs et les personnes intéressées et en adaptant les programmes de formation à leurs rythmes et lieux de travail, notamment pour toucher les petites entreprises", développe Guy Flament.

Enfin, il faudra réussir à attirer des gens vers ces formations, notamment les femmes qui représentent moins de 10 % des effectifs actuels dans la cybersécurité. Un vrai enjeu de communication, selon le directeur : "Il nous faut rappeler que c'est un métier où 80 % du boulot n'est pas technique et où il est surtout question de gouvernance et de suivi qualité. C'est aussi un un métier qui a du sens : protéger des entreprises et des administrations contre une menace de plus en plus violente !"

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