Le site Internet du Kremlin cassé il y a quelques jours et brandi comme un trophée sur les écrans de télévision, apparemment par des hackers du groupe des Anonymous, ce n'est pas ça qui risque d'impressionner Eléna Poincet. L'ex-agent de terrain de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure), cofondatrice avec Laurent Oudot de la société de cybersécurité Tehtris, qu'elle préside, est une pro qui ne s'en laisse pas compter.
"Pour le moment il ne se passe rien. Aucune cyberguerre n'a été déclarée ou mise en œuvre par la Russie contre l'Europe. Les hackers qui se sont manifestés essaient surtout de faire passer des informations sur la situation en Ukraine du côté russe. Le jour où la Russie décide de lancer une cyberattaque contre l'Europe, on est mal", recadre pour La Tribune Elena Poincet.
Une défense automatisée et foudroyante contre les cybermenaces
Parce que les dirigeants de Tehtris, à l'origine d'une nouvelle technologie de lutte contre les menaces cybernétiques, estiment que les antivirus actuels sont inadaptés pour faire face à une situation de cyberguerre. Un peu comme une arme de jet préhistorique face à un pistolet mitrailleur.
"Il y a eu des opérations de piratages complets de site ces dernières années et tout le monde cherche de la détection pour se protéger. Mais si une cyberguerre survient, nous ne seront pas assez nombreux. Les virus informatiques doivent être neutralisés de façon automatique, sans intervention humaine. Comme par des anti-missiles prêts à partir. Nous avons actuellement un système de protection contre les cyberattaques qui a été pensé pour un temps de paix. Mais pas pour un temps de guerre", décrypte la dirigeante de Tehtris.
Autrement-dit le moindre mouvement de bascule en mode cyberguerre suffirait à changer toutes les perspectives, en particulier pour le monde économique, qui deviendrait alors une cible de choix. La riposte européenne à l'agression militaire russe en Ukraine, qui se traduit par un ensemble de mesures de rétorsions largement financières et économiques à l'encontre de Moscou pourrait peser dans le déroulement du scénario en cours.
PME et ETI en première ligne de la menace
Il est bien possible qu'à terme l'économie devienne un champ de bataille élargi entre la Russie et l'Europe.
"Il me semble que cela ne fait pas beaucoup de doute. Et en cas de cyberguerre il est clair que les PME et les entreprises de taille intermédiaire, généralement mal équipées, et qui sont en retard vis-à-vis des grands groupes, vont être très exposées. La cybersécurité c'est un vrai métier. Il faut savoir que chaque jour entre 300.000 et 500.000 menaces inconnues arrivent sur Internet. Or un antivirus ne peut vous protéger que contre une menace qu'il connait déjà ! C'est pourquoi nous avons développé la technologie Tehtris Optimus, qui permet une riposte automatique et instantanée à toute forme de menace", résume Elena Poincet.
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