6,5 millions d'euros. Ce n'est pas le montant de la cagnotte Euromillions de ce vendredi 13 mai 2022 mais bien le montant investi par la jeune entreprise Symbiose dans son usine inaugurée ce jour. C'est à Pugnac, commune de 2.400 habitants située dans le nord de la Gironde, non loin de Blaye, que Symbiose s'est installée sur 1.600 m2 grâce aux fonds levés il y a tout juste un an auprès d'un groupe d'investisseurs publics et privés.
Le site, où travaille une dizaine de salariés, comprend une salle blanche de 800 m2 qui accueille trois machines allemandes : deux pour mener les opérations de sérigraphie consistant, grâce à des encres conductrices d'électricité, à imprimer un circuit électronique dans un film plastique ; une troisième de 250 m2 arrivera au mois d'août pour réaliser les étapes de thermoformage donnant leur forme finale aux pièces plastiques intégrant ces films électroniques.
"Fabriquer des surfaces intelligentes"
Ces technologies de plastronique, qui consistent finalement à "fabriquer des surfaces intelligentes", sont bien maîtrisées par Symbiose grâce notamment à un partenariat de plusieurs années avec les équipes du CEA à Grenoble et Pessac. "Ces procédés offrent des gains de place et de poids, une simplification mécano-technique et une très grande liberté de designer", met en avant Jean-Pierre Estanol, directeur général de Symbiose qu'il a cofondé avec l'ingénieur Sebastian Pavlak.
L'une des machines de sérigraphie en salle blanche utilisées par Symbisose (crédits : Agence APPA).
Ces arguments ont séduit l'équipementier automobile allemand Dr Schneider qui a, à la fois, investi dans la startup l'an dernier et confirmé deux commandes fermes. Les premières pièces fabriquées par Symbiose iront donc se positionner sur les tableaux de bord et les portières de la nouvelle BMW Série 5 et de la future Volkswagen Aero B, qui succèdera à l'actuelle Passat, pour des applications aussi bien ergonomiques que purement esthétiques.
"Nous travaillons aujourd'hui sur les pré-séries avant de nous mettre à produire les séries à partir de 2023. Cela doit nous assurer quatre millions d'euros de chiffre d'affaires l'an prochain puis le double en 2024 et cela continuera jusqu'à 2028/2029", esquisse Jean-Pierre Estanol. De quoi viser au moins une cinquantaine de salariés d'ici 2025.
Des pièces d'électronique moulée fabriquées par Symbiose pour l'industrie automobile (crédits : Agence APPA).
Une extension déjà l'étude
Et si d'autres contrats venaient à arriver, Symbiose pourrait viser jusqu'à 12 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel dans son site actuel qui, bien que neuf, semble déjà étroit. "Nous sommes très heureux d'accueillir Symbiose à Pugnac et, au regard de leur feuille de route, nous avons déjà initié avec la Communauté de communes du Grand Cubzaguais les modifications du PLU pour permettre à l'entreprise de s'agrandir sur les 5.000 m2 de zone agricole juste à côté de l'usine", précise à La Tribune Jean Roux, le maire de la commune.
Car une fois adoptée par les berlines allemandes, ces technologies plastroniques devraient se retrouver dans quelques années dans de nombreuses automobiles plus accessibles et même, à terme, sur d'autres marchés tels que l'électroménager ou la domotique. Ouvrant à Symbiose autant d'opportunités commerciales potentielles. Au total, le marché de l'électronique moulée devrait décoller à partir de 2023/2024 pour ensuite atteindre 1,5 milliard de dollars d'ici 2032, selon les dernières estimations de IDTechEx.
Entouré des élues locaux et régionaux et de la préfète de région, Jean-Pierre Estanol, 2e en partant de la gauche, a symboliquement inauguré l'usine Symbiose ce vendredi 13 mai (crédits : Agence APPA).
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