Symbiose implante en Gironde son usine d'impression électronique

C'est à Pugnac, dans le nord Gironde, que l'entreprise Symbiose a débuté la construction d'une usine de plastronique de haute précision. Un investissement de 6,5 millions d'euros, dont près de la moitié en levée de fonds, qui doit lui permette d'imprimer dès 2022 des préséries de pièces plastiques intégrant des circuits électroniques. Déjà positionnée sur le marché automobile allemand, cette startup industrielle vise 4 millions d'euros de chiffre d'affaires dès 2023.
Créée en 2014 à Arveyres (Gironde) et Grenoble (Isère), Symbiose est experte dans l'impression thermoformée de circuits électroniques.
Créée en 2014 à Arveyres (Gironde) et Grenoble (Isère), Symbiose est experte dans l'impression thermoformée de circuits électroniques. (Crédits : Symbiose)

IME pour "in mold electronics" ou "électronique moulée" : cette technologie plastronique émergente, qui consiste à intégrer des fonctions électroniques dans des pièces plastiques, c'est le cœur de métier de Symbiose. Plus précisément, cette startup girondine créée en 2014 travaille sur l'impression sérigraphique de films plastiques, leur thermoformage, leur découpe et l'ajout d'un second film doté d'un circuit électronique dessiné à l'aide d'encres conductrices d'électricité. Tout cela avec une précision de l'ordre du micromètre. "L'enjeu est d'intégrer directement la fonctionnalité électronique dans la pièce plastique en 3D au lieu d'avoir un bouton plastique qui recouvre le circuit électronique comme c'est le cas actuellement. En quelque sorte on supprime ce bouton en rendant le plastique directement intelligent", résume auprès de La Tribune Jean-Pierre Estanol, directeur général de Symbiose qu'il a cofondé avec l'ingénieur Sebastian Pavlak.

Si ces pièces connectées sont encore rares, elles semblent promises à un bel avenir dans trois secteurs clefs - l'automobile, l'électro-ménager et la domotique - pour des raisons de gains environnementaux, de fonctionnalités et d'esthétisme. Ce marché devrait décoller à partir de 2023/2024 pour ensuite atteindre 750 millions de dollars en 2028, selon IDTechEx. Et c'est précisément cette fenêtre de tir réduite qui a convaincu l'équipe de Symbiose, partagée entre le siège social d'Arveyres, en Gironde, et le CEA de Grenoble, en Isère, d'être au rendez-vous du marché en 2023.

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Un investissement de 6,5 millions d'euros

"Nous avons travaillé pendant six ans avec les équipes du CEA sur l'impression électronique et sur le surmoulage en nous finançant grâce à des subventions, au Crédit impôt recherche et des prestations de prototypage. Aujourd'hui nous avons réussi à qualifier plusieurs prototypes avec Mercedes, Renault ou encore BMW et l'enjeu est maintenant de produire des préséries puis des séries", explique Jean-Pierre Estanol.

L'entrepreneur s'est alors retrouvé dans la position délicate de la startup qui a besoin de commandes pour convaincre les investisseurs de financer son usine mais qui a besoin d'une usine pour décrocher des commandes. "C'est évidemment compliqué cette situation du serpent qui se mort la queue mais nous avons su séduire des fonds de capital-risque avec nos prototypes qualifiés et les rassurer sur notre capacité à produire de gros volumes grâce aux premières commandes en série de Dr Schneider, un équipementier allemand spécialisé dans l'injection qui pèse 550 millions de chiffre d'affaires et participe au tour de table. C'est ce déclic qui a permis de convaincre tout le monde", raconte Jean-Pierre Estanol.

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Au final, Symbiose vient de réunir 6,5 millions d'euros de financements. 3 millions d'euros ont été levés auprès de CEA Investissement, Naco (Nouvelle-Aquitaine Co-investissement), GSO Innovation et Crédit Agricole Aquitaine Expansion. S'y ajoute 1,5 million de crédit-bail pour l'achat du terrain, un million d'euros de subventions et un autre million d'euros de prêts bancaires auprès de Bpifrance (500.000 euros), du Crédit Agricole et de la Banque Populaire.

Une usine de 1.600 m2 dans le Cubzaguais

Cette enveloppe considérable sera relativement vite consommée au regard du coût de l'outil industriel. L'usine de 1.600 m2 sera implantée à Pugnac, tout près Saint-André-de-Cubzac et de Larruscade qui devrait accueillir en 2024 l'usine à dirigeables géants de Flying Whales. Le site de Symbiose comprendra 800 m2 de salles blanches qui coûteront à elles-seules plus d'un million d'euros. S'y ajoutent une machine de thermoformage de haute précision grand format et trois lignes d'impression avec repérage caméra pour plus de 1,5 million d'euros. 25 recrutements - des opérateurs, responsables qualité, responsables production, etc... - sont également prévus dans l'année qui vient. De huit salariés aujourd'hui, Symbiose devrait grimper à une centaine en 2025.

Symbiose

Visuel de la future usine Symbiose à Pugnac, en Gironde (crédits : Symbiose).

Et les choses avancent vite pour arriver parmi les premiers sur le marché de l'automobile premium allemande. "Le chantier a déjà démarré et on prévoit la mise en service début 2022. L'idée est de produire des préséries dès l'an prochain puis des séries à partir de 2023 pour prendre les parts de marché et s'implanter dans la durée. L'enjeu est de taille puisque le chiffre d'affaires de 2023 correspond à des commandes signées aujourd'hui !", observe le chef d'entreprise qui échange étroitement avec des constructeurs automobiles et des équipementiers de 1er rang tels que Faurecia, Valéo et Continental mais aussi avec des acteurs de la domotique tels que Somfy. Symbiose produira en série uniquement les films pour ces équipementiers qui s'occuperont de l'injection mais assure aussi des prototypages.

Les perspectives sont florissantes pour l'entreprise girondine qui table sur quatre millions d'euros de chiffre d'affaires en 2023 puis une douzaine dès 2025. Il sera alors question de produire des milliers de pièces connectées thermoformées par jour. Si les délais sont tenus, l'usine de Pugnac sera l'un des tous premiers sites en Europe capable de produire en série ces précieux films plastiques en IME.

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Commentaire 1
à écrit le 20/05/2021 à 17:30
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électronique dans le plastique... çà ressemble beaucoup au paradis de l'obsolescence programmée : pièce non-réparable ; le client est prisonnier.

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