La technologie sans équivalent mise au point par AirMems, à Limoges, entrera en phase d'industrialisation en 2022 après quinze ans de recherche pour développer des micro-commutateurs électroniques. La startup a bénéficié d'une subvention de deux millions d'euros dans le cadre du plan France Relance. Cette nouvelle génération de commutateurs est le fruit de recherches universitaires menées par Pierre Blondy au laboratoire XLIM, unité du CNRS située à Limoges. Le micro-relais d'AirMems s'appuie sur la technologie MEMS (Micro Electromechanical Systems). "Il recevait des commandes de petites séries de composants d'où l'idée de valoriser ses travaux vers une entreprise", explique Romain Stéfanini, co-fondateur de AirMems. "A ce moment là, je travaillais sur ma thèse sur les commutateurs MEMS, ce qui m'a amené à partir un an aux Etats-Unis. A mon retour, j'avais envie d'entreprendre." En 2013, il crée donc AirMems avec Pierre Blondy et deux autres associés Ling Yan Zhang, docteur en électronique, et Jérôme Goujon, business manager.
Des commutateurs de la taille d'un cheveu
Les travaux de R&D se sont alors poursuivis pour amener cette technologie innovante vers les besoins des clients avec la commercialisation d'un premier micro-commutateur fin 2019 pour des applications en instrumentation. Cinq ans auparavant, l'entreprise avait validé des commutateurs spécifiques pour le spatial et la défense en les envoyant dans l'espace à bord d'un satellite mis en orbite par Arianespace.
"Les premiers retours sont positifs" annonce le président. "Nos commutateurs sont appelés à se développer sur ce marché pour faciliter la communication par ondes avec nos téléphones portables et téléviseurs. Aujourd'hui, un satellite est composé de 100 à 1.000 commutateurs de la taille d'une bouteille de coca. Les nôtres font la taille d'un cheveu ! On pourrait réduire leur taille de manière drastique et donc le coût d'un satellite qui est proche de 10.000 euros le kilo tout en consommant moins d'énergie", assure à La Tribune Romain Stéfanini.
Les micro-commutateurs mems montés sur un carte électronique. (Crédit : AirMems)
Les champs d'application sont prometteurs que ce soit le spatial, la défense, l'automobile, la téléphonie mobile ou encore les objets connectés avec une ambition forte : devenir le numéro un en Europe. Pour y parvenir, la première étape sera d'industrialiser la production en construisant une usine à Limoges. Une levée de fonds de 7,5 millions d'euros, lancée fin 2019, est toujours en cours et vient d'être abondée des deux millions d'euros de France Relance. "Ce plan a sécurisé la levée de fonds permettant aux investisseurs de venir plus facilement. Nous avons des marques d'intérêt à hauteur de 90 %, la porte est ouverte aux derniers investisseurs", explique-t-il.
Objectif : une usine de 100 salariés en 2030
Le dirigeant recherche des locaux pour lancer une production en moyenne et grande série. "Ce sera la première usine de commutateurs mems en Europe", confie-t-il. "Et pour aller plus vite, nous cherchons un bâtiment de 750 m2 pour intégrer l'usine avec extension jusqu'à 1000 m2, nous avons plusieurs options avec des travaux envisagés en septembre pour faire tourner l'usine en 2022 et lancer la production en 2023."
L'entreprise qui compte huit salariés va embaucher prochainement 25 à 30 personnes et table sur 100 salariés en 2030 et une dizaine de millions de chiffre d'affaires à cet horizon contre quelques centaines de milliers d'euros actuellement. "L'important est de bien s'entourer, c'est la clé pour sécuriser notre développement", assure-t-il. "Pour construire la salle blanche, comme nous ne savons pas faire, nous avons repéré des sous-traitants français qui nous aideront. Nous préparons actuellement le recrutement, nous ferons appel à un cabinet pour trouver des compétences."
Une nouvelle technologie développée pour ces composants. (Crédit : AirMems)
AirMems mise sur une stratégie industrielle à deux étages pour prendre une part significative de ce marché estimé à 10 milliards d'euros par an au niveau mondial :
"Nous avons besoin de ramener le marché de l'électronique en Europe où il pèse aujourd'hui moins de 10 % sachant que l'objectif est de 20 % en 2030. Nous nous appuierons sur nos clients qui utilisent déjà notre technologie et ensuite, nous la déploieront sur les mêmes applications ou en diversifiant l'usage car elle s'adapte très facilement. Nous avons choisi des secteurs de pointe et d'excellence comme le spatial et la défense pour l'asseoir car ce n'est pas évident de s'imposer avec une nouvelle technologie, il y a des habitudes et plein de barrières, il faut rassurer au maximum."
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