Numérique : comment Laou aide les cadres parisiens à s'installer en régions

Installée à Limoges, la jeune entreprise Laou accompagne dans leur recherche d'emploi les cadres du numérique souhaitant quitter l'Ile-de-France. Sa cofondatrice Aurore Thibaud, co-présidente de French Tech Limousin, revient sur les enjeux de la mobilité géographique post-Covid.
Aurore Thibaud et Perrine Bailly sont les cofondatrices de la plateforme Laou, dédiée à la mobilité géographique des métiers en tension.
Aurore Thibaud et Perrine Bailly sont les cofondatrices de la plateforme Laou, dédiée à la mobilité géographique des métiers en tension. (Crédits : Laou)

Alors que Bordeaux reste la destination préférée des cadres parisiens souhaitant quitter l'Ile-de-France, devant Nantes, Lyon, selon la dernière étude Cadremploi (lire plus bas), la startup Laou s'est spécialisée dans l'accompagnement de ces profils. Avec désormais une équipe de dix personnes, dont sept salariés en CDI, elle ressemble à une plateforme de recrutement classique dédiée aux informaticiens et autres professionnels du numérique. Mais la jeune entreprise basée à Limoges se différencie de la concurrence par sa proposition volontariste pour faciliter la mobilité géographique des métiers en tension. Elle propose notamment un comparateur des coûts de la vie entre les différentes villes françaises qui relève plus de l'interface ludique que de la démarche scientifique mais qui permet une première entrée en matière accessible.

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"Depuis 2017, nous mettons en relation des candidats avec des entreprises installées dans la ou les villes de leur choix. Et s'il y a une proposition d'embauche, on accompagne le candidat dans sa recherche de logement, dans la découverte de la ville ou encore, par exemple, dans la recherche d'emploi de son conjoint", détaille Aurore Thibaud, la cofondatrice et dirigeante de Laou.

Laou

Le comparateur des coûts de la vie proposé par Laou sur son site (crédits : Laou)

Un millier de candidats accompagnés depuis 2017

Une démarche entièrement gratuite pour les candidats. Comme n'importe quelle agence de recrutement, Laou se rémunère en effet via une commission perçue à chaque contrat signé et payée par l'entreprise recruteuse, autour de 10 % du salaire annuel. La startup revendique à ce stade quelques centaines de milliers d'euros de chiffre d'affaires. "En réalité, nos client sont souvent des entreprises qui n'ont pas assez d'offres ou pas les bonnes offres et on leur amène un vivier de candidats auxquels elles n'ont pas accès d'ordinaire", explicite la dirigeante, qui assure être très proche de la rentabilité. Celle qui est aussi co-présidente de la communauté French Tech Limousin reconnaît jouer un rôle "pas si différent de celui des agences de développement économique et d'attractivité" à l'instar d'Invest in Bordeaux.

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En volume, le bilan de la startup c'est plus d'un millier de candidats accompagnés pour quelques centaines de contrats de travail effectivement signés. Elle revendique 200 entreprises référencées dont Ubisoft, Lectra, Legrand, Facil'iti ou encore Showroomprive.com.et 10.000 candidats inscrits. Il s'agit très majoritairement de professionnels de la tech mais Laou s'adresse aussi désormais aux métiers de la santé, du marketing et commercial et de l'industrie. "Il y a une vraie problématique sur les professions médicales pour aider les mairies, les Ehpad et les hôpitaux à recruter des personnels hors de l'Ile-de-France et des grandes villes", précise Aurore Thibaud.

Bordeaux sur le podium des destinations des Franciliens

Laou se spécialise donc sur des métiers en tension ou des destinations qui n'attirent pas ou pas suffisamment de candidats. Avec Lyon et Nantes, la métropole bordelaise complète le podium des villes les plus recherchées par les cadres franciliens depuis plusieurs années, notamment parce que "les candidats retrouvent à Bordeaux un petit Paris". Mais avec les confinement successifs et la généralisation du télétravail, d'autres villes plus petites apparaissent désormais sur les radars des potentiels candidats à la mobilité, témoigne Aurore Thibaud :

"Avec le Covid, les candidats sont plus ouverts et plus nombreux à envisager de s'installer dans des villes telles que Limoges, La Rochelle ou Poitiers. On constate un vrai changement de regards et de priorités lié aux prix de l'immobilier et au besoin d'espace et d'accès à la nature, quitte à accepter un peu moins d'opportunités de carrière mais sans renoncer à des activités culturelles."

Ces changements de mentalités et de pratiques nés du télétravail sont aussi à double tranchant puisque désormais la concurrence sur les métiers en tension, dont les développeurs informatiques, est nationale, européenne voire mondiale. "Les développeurs sont objectivement très recherchés et des entreprises de Paris, de Londres ou d'ailleurs n'hésitent plus à débaucher à prix d'or des développeurs bordelais en leur proposant un télétravail intégral", observe la dirigeante. Des pratiques qui assèchent encore un peu plus le marché de l'emploi local où les entreprises bordelaises ont bien du mal à rivaliser avec de tels niveaux de salaires.

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À retenir


  • Bordeaux plébiscitée

    La dernière étude de Cadremploi publiée jeudi 26 août place à nouveau Bordeaux (49 %) en tête des destinations privilégiées par les 82 % de cadres parisiens déclarant vouloir quitter la capitale à cause du coût de la vie trop élevé et des temps de trajets trop longs. Nantes (41 %) et Lyon (30 %) complètent le podium mais ce désir de mobilité se heurte encore à des craintes importantes puisque 66 % des cadres parisiens craignent de ne pas trouver un emploi en dehors de l'Ile-de-France. Néanmoins, 55 % se déclarent prêts à changer de métier pour partir en région et 53 % à baisser leur salaire. A noter que 22 % des cadres parisiens sont prêts à envisager une ville de taille moyenne (50.000 à 100.000 hab.), 20 % une grande ville (plus de 100.000 hab),15 % une petite ville (moins de 50.000 hab.) et 13 % une installation à la campagne.

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Commentaire 1
à écrit le 28/08/2021 à 10:03
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Heu... vous auriez pas d'autres idées svp ? Pensez aux locaux se faisant envahir par les zombis capables de faire des procès pour faire tuer le coq ou les vaches des locaux parce que bruyants je vous prie, ouvrez les yeux, merci.

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