Poietis dans la course pour réaliser le 1er essai clinique d'un tissu bio-imprimé

Créée en 2014 à Pessac dans la métropole bordelaise, Poietis a lancé cet été une nouvelle campagne de financement participatif. Elle cherche à lever des fonds pour réaliser le premier essai clinique d'un tissu bio-imprimé avec l'Assistance publique-hôpitaux de Marseille en 2022. Le nerf de la guerre reste l’argent alors que la course est mondiale.
Poietis est lancé dans une course mondiale au tissu bio-imprimé.
Poietis est lancé dans une course mondiale au tissu bio-imprimé. (Crédits : Poietis)

Troisième tour de table en vue pour Poietis ! L'entreprise pessacaise spécialiste de la bio-impression 3D a entamé cet été une nouvelle campagne de financement participatif sur la plateforme Wiseed. Objectif : réunir un million d'euros.

"C'est une forme de participation qui nous correspond bien mais c'est aussi une sorte d'essai pour l'introduction en Bourse. C'est à ce moment là que nous voyons l'appétence du public", explique Bruno Brisson, co-fondateur et directeur de l'entreprise

Malgré tout, cette collecte ne suffira pas. Elle s'inscrit dans un tour de table global de trois millions d'euros qui a pour objectif principal de préparer une levée de fonds de l'ordre de dix millions d'euros prévue pour l'année 2021. L'enjeu sera de réaliser le premier essai clinique d'un tissu bio-imprimé chez l'humain en 2022 ; les premières autorisations étant attendues fin 2020.

Pour y parvenir, Poietis a mis au point une plateforme de bio-impression par laser baptisée NGB. La 4e génération de NGB-R destinée à la recherche est commercialisée depuis 2019. La NGB-C doit quant à elle rentrer dans les hôpitaux, l'objectif étant de déployer des bio-imprimantes NGB dans 80 centres dans le monde d'ici 2025, sur un total d'environ 800 sites cibles pré-identifiés. "Nous se souhaitons pas créer une usine pour ensuite expédier des tissus. Nous prévoyons d'être au plus prêt des patients", insiste Bruno Brisson.

"L'objectif à ce stade est d'avancer à la fois sur certains jalons et programmes de développement pré-clinique sur le tissu et sur notre système NGB-C afin de finaliser les réponses à la réglementation pour la fabrication de médicaments", détaille Bruno Brisson.

Poietis

(Crédits : Poietis)

Ce qu'il reste à faire

Concernant le travail sur la peau, Poietis a signé, en janvier dernier, un contrat de collaboration avec l'Assistance publique-hôpitaux de Marseille (AP-HM) qui dispose d'une expertise en réparation cutanée et dans la conduite d'essais cliniques de médicaments de thérapies innovantes.

"Avec l'AP-HM, l'objectif est de passer par des tests in-vitro pour avoir des données à présenter aux agences réglementaires et finaliser la mise au point du substitut de peau imprimée. Il s'agit de démontrer la non-toxicité du tissu bio-imprimé et de prouver son efficacité. Aujourd'hui, les tests préliminaires de greffe de notre substitut de peau sont encourageants. Il s'agit de les répéter et de travailler sur la manipulation de ce substitut de peau par les chirurgiens." A terme, un chirurgien prélèvera les cellules du patient à l'aide d'une biopsie. Ces cellules seront ensuite imprimées à l'aide de la bio-imprimante et après impression, le tissu sera maturé avant d'être greffé sur le patient.

Pour ce qui est de la réglementation, la société se veut rassurante. Les discussions ont débuté avec les agences réglementaires et l'AP-HM a l'habitude des essais cliniques. Il restera ensuite la question de l'accès au marché. "Il faut penser à de nouveaux modèles pour faciliter l'accès à ces technologies de pointe dans les hôpitaux. Notre plateforme aura un coût. L'idée sera donc de proposer soit de la location, soit du paiement à l'acte. Nous nous positionnons comme un fournisseur de solution", explique Bruno Brisson.

Pour autant, le nerf de la guerre reste l'argent. "Moins d'une dizaine d'entreprises dans le monde travaillent sur la bio-impression à visée clinique mais certaines réalisent des levées de fonds conséquentes. Il faut se donner les moyens de combattre dans la même cour", insiste Bruno Brisson. "Dans le même temps, il est important d'arriver avec des données et de bons résultats." C'est ce sur quoi travaille Poietis qui compte 35 salariés. "Nous sommes à un tournant", assure-t-il. A la clé, "des perspectives immenses qui pourront aboutir sur une première mondiale : l'implantation chez l'homme d'un tissu bio-imprimé", rappelait l'AP-HM en début d'année.

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Substitut de peau bio-imprimé. (crédits : Poietis).

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