Biotechnologies : grâce à son entrée en bourse Aelis Farma lève 25 millions d'euros

Aelis Farma arrive sur le marché boursier dans de très bonnes conditions. En particulier grâce au suivi assuré par l'Inserm, auquel cette jeune entreprise issue de la recherche est liée, mais aussi de la Région Nouvelle-Aquitaine, qui s'impose comme l'un des actionnaires les plus actifs du tour de table. Les 25 millions d'euros levés vont permettre à Aelis Farma de gérer plus facilement la coûteuse phase des tests et faire monter de nouveaux candidats médicaments au stade des essais cliniques.
Les candidats médicaments d'Aelis Farma visent tous les deux le même point du cerveau, le neurotransmetteur CB1 mais pour des pathologies différentes.
Les candidats médicaments d'Aelis Farma visent tous les deux le même point du cerveau, le neurotransmetteur CB1 mais pour des pathologies différentes. (Crédits : Gerd Altmann via Pixabay)

Aelis Farma, startup bordelaise issue du campus et plus précisément de l'Institut de neurosciences Magendie, annonce avoir bouclé avec succès son entrée en bourse sur le marché Euronext Paris le mardi 15 février. La phase finale de l'opération, dite de règlement-livraison (échange simultané de titres contre des fonds) étant prévue ce jeudi 17 février. C'est demain vendredi 18 février que commenceront les négociations du titre coté sur le marché boursier.

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L'introduction se solde par une augmentation de capital d'environ 25 millions d'euros, indique la direction de la startup fondée et dirigée par le professeur Pier Vincenzo Piazza, psychiatre et neurologue, ancien patron de l'Institut Magendie. Le prix de l'introduction en bourse a été fixé à 14,02 euros par action nouvelle. Ce qui correspond « à la borne basse de la fourchette indicative du prix de l'offre, qui était de 14,02 euros à 16,82 euros » est-il indiqué.

Une arrivée en bourse parfaitement bien encadrée

Bien entourée, la startup a pu sécuriser son introduction en bourse. Sur 1,8 million d'actions ordinaires allouées dans le cadre de cette opération, 1,6 million, soit 92,5 % de l'ensemble des titres, représentant 23,6 millions d'euros, ont fait l'objet d'un placement global auprès d'investisseurs institutionnels français et étrangers. L'offre allouée au public sur le marché à prix ouvert représentant de son côté un volume de 136.215 actions nouvelles, soit un montant d'environ 1,9 million d'euros et 7,47 % de l'ensemble des titres apportés.

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Aelis Farma opère à la pointe de la recherche dans la lutte contre les maladies du cerveau et développe deux candidats médicaments (AEF0117 et AEF0217) ciblés sur une même zone cérébrale, celle du neurotransmetteur CB1 : une pièce maîtresse du système endocannabinoïde, qui remplit lui-même une cascade de fonctions centrales dans le bon fonctionnement de notre corps.

Des troubles aux conséquences néfastes très étendues

Comme l'on montré les recherches menées par le professeur Piazza à l'Institut de neurosciences Magendie, l'hyperactivation pathologique de CB1 est à l'origine de l'addiction au cannabis (cible d'AEF0117) et d'autres troubles provoqués par sa consommation excessive. Mais le dysfonctionnement de CB1 est également impliqué dans plusieurs types de déficits cognitifs, notamment ceux liés au syndrome de Down (Trisomie 21/cible d'AEF0217). En plus de l'identification du rôle crucial du neurotransmetteur CB1 dans toutes ces pathologies, l'apport révolutionnaire d'Aelis Farma tient dans son approche du traitement.

Les deux candidats médicaments de la startup n'abordent pas les dysfonctionnements du cerveau comme autant de pannes dans un énorme système électrique central dont il faut pouvoir neutraliser ou réactiver certains segments le plus vite possible grâce à la biochimie. La démarche de la startup consiste au contraire à sortir de cette - jusqu'ici - inévitable stratégie antagoniste dont l'efficacité se double d'effets secondaires parfois handicapants. Parce que l'équipe d'Aelis Farma a identifié un nouveau mécanisme de défense naturel du cerveau, qui protège ce dernier de l'hyperactivité pathologique du neurotransmetteur CB1.

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25 millions d'euros de produit brut pour 22,1 millions d'euros net

La preuve de cette rupture de modèle dans le traitement des pathologies touchant le cerveau est simple : contrairement aux antidépresseurs ou aux stimulants classiques ces candidats-médicaments n'ont aucun effet sur les sujets sains.

"Grâce aux fonds levés, Aelis Farma va pouvoir accélérer le développement de sa nouvelle génération de médicaments, les CB1-SSi, qui ont le potentiel de redéfinir la prise en charge de plusieurs maladies du cerveau. Nos deux premiers candidats médicaments déjà en essais cliniques, AEF0117 et AEF0217, ciblent des indications avec un fort impact sociétal et sans traitements à date : les troubles liés à la consommation excessive du cannabis et divers déficits cognitifs dont notamment ceux associés la Trisomie 21" rembobine Pier Vincenzo Piazza.

A près de 25 millions d'euros, le produit brut d'offre (correspondant à la levée de fonds de lié à l'introduction en bourse) est au niveau de ce qui était attendu. Un montant qui pourrait être porté jusqu'à 25,5 millions d'euros en cas d'exercice intégral de l'option de sur-allocation, et qui va se solder au final par un produit net de 22,1 millions d'euros pour l'entreprise. Avec son entrée en bourse, Aelis Farma se donne de nouveaux moyens financiers pour poursuivre les efforts importants qu'elle réalise dans le domaine des  tests cliniques.

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45 % de l'argent récolté ira au traitement du syndrome de Down

Déjà financièrement soutenue par le laboratoire britannique Indivior PLC, qui a pris une sérieuse option d'achat sur AEF0117 et qui a souscrit à hauteur de 9,8 millions d'euros pour cette introduction en bourse, Aelis Farma a dévoilé les axes de son plan stratégique. L'entreprise annonce ainsi que 25 % du produit net récolté sera affecté au développement d'AEF0117, tandis que 45 % ira à AEF0217 et que près de 30 % servira à amener d'autres candidats médicaments au stade clinique.

"Ce financement contribuera à sélectionner et à amener en clinique d'autres candidats-médicaments issus de notre plateforme de recherche innovante en vue du traitement de certaines des nombreuses pathologies du cerveau associées aux dérèglements de l'activité du récepteur CB1" confirme le professeur Piazza.

L'Inserm et la Région ont répondu présents

La sécurisation de l'entrée en bourse d'Aelis Farma par le placement préalable d'actions a mobilisé une majorité d'investisseurs néo-aquitains. Il est ainsi intéressant de noter qu'Aelis Farma est accompagné par l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale/via Inserm transfert initiative), laboratoire auquel est rattaché l'Institut Magendie, qui a souscrit à ce placement global (avant introduction) à hauteur de 1,5 million d'actions, représentant 14,6 % du capital et des droits de vote. Une participation que l'Inserm va légèrement pousser en avant, en la portant après introduction à 1,6 million d'actions, soit 12,8 % du capital et des droits de vote après introduction.

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La Région Nouvelle-Aquitaine, dont le président Alain Rousset -proche du professeur Piazza-, soutient l'innovation dans la région et spécialement le développement sur le campus bordelais de pôles d'excellence, comme l'Institut de neurosciences Magendie, est également très présente. Que ce soit de façon directe (en tant que collectivité) ou indirecte. La Région a créé ou cocréé plusieurs fonds qui interviennent dans cette opération, qu'il s'agisse de Naco (Nouvelle-Aquitaine co-investissement), d'Aqui-Invest ou encore d'ACI (Aquitaine création investissement).

La Région s'impose comme l'un des plus gros investisseurs

Au global la Région aura détenu (avant introduction) 2,9 millions d'actions Aelis Farma représentant 21,3 % du capital et des droits de vote théoriques. Après l'introduction sur le marché, la Région précise qu'elle possédera davantage de titres, soit 3,1 millions d'actions représentant 25,3 % du capital et des droits de vote. Sa stratégie annoncée est de ne pas bouger en tant que collectivité (la Région détiendra le même nombre d'actions avant et après l'introduction) et de renforcer ses positions par le biais des fonds d'investissements, qui vont tous augmenter le volume de leurs paquets d'actions.

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En plus du britannique Indivior PLC, plusieurs fonds d'investissements américains, dont deux institutionnels, ont également participé, de façon minoritaire à l'opération pour un montant total de 1,2 million d'euros (4,7 % des actions). Le professeur Pier Vincenzo Piazza, créateur et dirigeant opérationnel d'Aelis Farma, est lui-même un investisseur important, avec 2 millions d'actions qui devraient représenter 16,6 % du capital et des droits de vote théorique après introduction. A partir de ce vendredi Aelis Farma va entamer une nouvelle vie sur le marché boursier qui devrait l'aider à atteindre ses objectifs.

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