Entre satisfactions et attentes, Bordeaux Euratlantique vue par les entreprises

Entre les entreprises qui se sont installées dans les bâtiments neufs de Bordeaux Euratlantique et celles qui étaient déjà installées dans ce périmètre avant la création de l’opération d’intérêt national, les perceptions ne sont pas les mêmes. Bordeaux Euratlantique, c’est d’abord une image de marque, un bouillonnement économique et une facilité d’accès grâce à la proximité de la gare. Mais c'est aussi encore beaucoup de questions et une demande de davantage d’informations.
La rue des Gamins, à Bordeaux Belcier, est l'un des quartiers les plus aboutis de Bordeaux Euratlantique.
La rue des Gamins, à Bordeaux Belcier, est l'un des quartiers les plus aboutis de Bordeaux Euratlantique. (Crédits : Thibaud Moritz / Agence APPA)

Initiée en 2010 et constituée d'une douzaine de quartiers sur plus de 730 hectares à Bordeaux, Bègles et Floirac, Bordeaux Euratlantique devrait accueillir 30.000 emplois et 50.000 personnes d'ici 2030. Dans son périmètre : des logements, des commerces, des bureaux. A mi parcours, qu'en pensent les entreprises qui y sont installées ? Les avis sont partagés.

Une image de marque

Parmi les satisfaits, figure la Caisse d'épargne Aquitaine Poitou-Charentes (CEAPC) qui restera comme la première entreprise à avoir installé, début 2017, son siège social dans le quartier Bordeaux Euratlantique.

"Alors qu'il s'agissait de la plus importante opération urbaine hors Ile-de-France, il était difficile pour une banque régionale comme la nôtre de ne pas accompagner le développement de ce projet majeur. Nous avons donc été pionnier et nous nous sommes installées sur la base d'une promesse qui a été tenue. Mis à part le pont Simone Veil, et le prolongement des quais qui n'a pas été réalisé, l'agenda a été respecté. La Cour des comptes a d'ailleurs récemment salué la performance de Bordeaux Euratlantique", témoigne Roland Beguet en charge du pôle ressources.

Aucun regret non plus pour la startup bordelaise Wiidii, en pleine croissance, qui a aussi fait le choix de Bordeaux Euratlantique qui 'cochait toutes les cases et même plus', reconnait Céline Pluijm, directrice des opérations. Les 50 salariés sont installés, depuis juin 2019, dans un quartier tout neuf, au 4e étage d'un bâtiment lui aussi tout neuf, sur un plateau de 800 m2 que l'entreprise a elle-même aménagé. "Au delà de l'aspect volume, nous sommes dans un écrin moderne qui permet de recevoir des clients, des associés et des investisseurs, et de rassurer du fait de notre activité." C'était d'ailleurs un impératif pour Wiidii, actuellement en attente de l'obtention de la certification PCI DSS nécessaire pour protéger les données bancaires. "C'était une opportunité, c'est finalement plus qu'idéal en étant, en plus, situé près de la gare", assure Céline Pluijm.

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Une facilité d'accès

Si OnePoint a décidé de s'installer dans le périmètre de Bordeaux Euratlantique, d'abord à la Cité Numérique puis à partir de 2023 sur le futur campus du jardin de l'Ars, c'est précisément pour sa proximité avec la gare. "Nous travaillons avec Paris et d'autres régions et privilégions au maximum le côté écologique pour les transports. Par ailleurs, nos collaborateurs viennent de partout autour de Bordeaux, donc nous cherchions à nous installer à proximité de la gare. En terme de mobilité c'est parfait. Nous avions peur de perdre des collaborateurs entre Pessac et Bordeaux,  cela n'a pas été le cas et globalement, ils n'utilisent plus leur voiture", reconnait Erwan Le Bronec, directeur OnePoint pour le Sud-Ouest.

La CEAPC dresse d'ailleurs le même constat : "Alors qu'avant 80 % de nos collaborateurs venaient en voiture, aujourd'hui moins de 25 % ont une place de parking. 75 % viennent en transport ou se déplacent à vélo", avance Roland Beguet.

Mais Bordeaux Euratlantique, c'est aussi, une vie de quartier qui est en train de se créer. "On a hâte d'être plus au centre de l'écosystème Euratlantique au jardin de l'Ars", avoue Erwan Le Bronec qui envisage que ce futur site vive en permanence y compris le weekend. "Il y aura des bureaux, des logements, et nous réfléchissons à la possibilité d'intégrer des associations dans ces locaux. Ce ne sera pas qu'un quartier économique. C'est ça l'avenir !" Des arguments qui ont convaincu l'entreprise de développement de jeux vidéo, Asobo Studio, de rejoindre à son tour Euratlantique puisqu'elle vient d'y prendre un bail de 2.920 m2 dans l'immeuble Atika pour y accueillir ses 280 salariés.

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Des attentes

Un vrai quartier de centre-ville : c'est ainsi qu'avait d'ailleurs été envisagé Bordeaux Euratlantique dans le périmètre duquel a donc ouvert la Halle Boca qui regroupe un centre d'affaire, des restaurants, un foodcourt (halle gastronomique) et un hôtel 4 étoiles. L'idée ? Faire venir habitants du quartier, salariés et favoriser le bouillonnement. Mais du point de vue du foodcourt, sans parler de la crise sanitaire, près de deux ans après son ouverture, ce ne serait pas l'euphorie. "Le quartier est loin d'être terminé et nous souffrons de l'absence de transports. Il est primordial de faciliter l'accès car nous sommes isolés. Il serait bon, par ailleurs, que l'on fasse partie d'un tout. Une concertation de quartier avec Bordeaux Euratlantique serait la bienvenue", précise Justine Jalil, directrice générale de la Boca foodcourt.

Fabrice Hénin, dirigeant de la Mipp, une imprimerie sur Bègles depuis 1989 souffre également d'une manque de visibilité.

"D'un point de vue économique, c'est intéressant de voir de grosses entreprises s'installer. C'est l'opportunité de pouvoir travailler avec elles. Encore faut-il pouvoir rester, lâche-t-il toutefois. A l'endroit où je me trouve, nous ne savons pas encore ce qui est prévu mais il se peut que je sois concerné par un agrandissement de la rue. Il faut savoir que l'échelle du temps des pouvoirs publics n'est pas la même que celle d'une entreprise. Nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre dix ans, cela nous gêne dans le développement. Il y a un manque de visibilité pour les entreprises déjà sur place", regrette Fabrice Hénin.

Le club des entreprises de Bordeaux Euratlantique créé en 2017 s'est justement fixé pour mission de représenter et de défendre les intérêts de ses membres auprès des pouvoirs publics et de tisser des liens entre les acteurs économiques du quartier d'affaires Euratlantique. Il réunit aujourd'hui une trentaine d'entreprises locales.

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Cet article fait partie de notre dossier de novembre consacré au marché immobilier dans la région bordelaise :

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