Mais qu'est ce que la "Rue bordelaise", cette opération de requalification urbaine autrement appelée projet Bordeaux Saint-Jean ou projet Saget ? Le groupe immobilier Apsys, porteur du projet qui se situe dans le périmètre de l'Opération d'intérêt national Bordeaux Euratlantique, le résume ainsi dans sa présentation :
"Bordeaux Saint-Jean crée un nouvel idéal urbain, à proximité de la gare du même nom : un quartier multifacettes, inclusif et animé qui allie toutes les fonctions - vivre, travailler, partager, shopper, se dépenser - et anticipe les nouveaux usages."
C'est précisément Apsys, qui, en 2015 avait approché l'EPA Bordeaux Euratlantique. Cinq ans plus tard, les plans, réalisés par la Maison Edouard François, sont arrêtés. Concrètement, la "Rue bordelaise" est un projet urbain de 88.000 m2 entre la gare Saint-Jean et les quais de la Garonne.
Il prévoit l'aménagement d'une nouvelle rue piétonne de 19 mètres de large, soit à peu près celle du cours de l'Intendance, appelée le Méridien qui partira de la gare et débouchera, en bord de Garonne, sur un bâtiment "paysage" de 15.000 m2 culminant à 27 mètres de hauteur qui accueillera la Cité du sport, de la santé et du bien-être. Des commerces, bureaux et logements seront situés de part et d'autre de ce nouvel axe, avec des rez-de-chaussée principalement commerçants.
30.000 m2 de surface commerciale
En terme de surface, selon le rapport d'enquête publique remis en décembre 2019, la programmation prévisionnelle prévoit près de 70.000 m2 de surface de plancher, à savoir, dans le détail :
- 46.600 m2 de commerces dont plus de 30.000 m2 de surface de vente soumise à autorisation commerciale correspondant à 26 000 m2 de création nette et 8 000 m2 de restauration, services et loisirs
- 5.900 m2 de bureaux
- 5.400 m2 d'hôtels
- 11.700 m2 de logements dont 5.000 m2 en résidence en « co-living »
Le prix de vente des logements sera plafonné à un prix moyen maximum de 3.600 €/m2. Sur la partie commerce, aucune précision à ce stade. La Commission départementale d'aménagement commercial de Gironde vient toutefois d'accepter les 31.000 m² qui devraient accueillir 110 boutiques non alimentaires de moins de 300 m2. L'ouverture de la "Rue bordelaise" dans son ensemble est annoncée fin 2023. Les travaux devraient débuter en 2021.
Minéral et végétal
A cette occasion, des bâtiments seront détruits (le siège régional de l'Insee, le Carrefour Market...) mais le projet prévoit le réemploi d'au moins 50 % des façades en pierre du site. Elles seront conservées et consolidées sur place, démontées puis remontées à l'identique à un nouvel emplacement sur l'opération, ou, lorsque leur état ne le permet pas, réutilisées dans la construction de nouveaux bâtiments. Aucune tour ne sera construite. La hauteur des constructions ne dépassera pas les 25 mètres de haut pour les quartiers du Méridien tandis que la Méca culmine à 37 mètres et la gare Saint-Jean à 35 mètres. Le végétal sera, quant à lui, développé en toiture et sur certaines façades : 40 % des toitures-terrasses seront végétalisées. Des arbres seront également plantés en pleine terre tout au long du Méridien.
Le Méridien végétalisé (crédits : Apsys).
Des candidats divisés
Pas de quoi réjouir le candidat EELV-PS-PCF aux élections municipales de Bordeaux. Pierre Hurmic, vent debout contre ce projet, a rappelé, à l'occasion du débat organisé par La Tribune le 4 mars, avoir voté contre à la métropole : "La ville n'est pas un centre commercial à ciel ouvert. C'est une rue où le prix des baux commerciaux sera tel que seules de grandes enseignes franchisées nationales pourront les aborder. Et en regardant les esquisses, on constate que c'est une bétonisation totale. C'est un urbanisme totalement anachronique". Même opposition du côté de Thomas Cazenave (LREM) : "On développe, sur le territoire de Bordeaux une trop grande surface commerciale qui va affaiblir le commerce de proximité, de centre-ville, dans une vision dépassée de la manière dont on doit faire la ville [...] Avec des prix de sortie qui ne seront accessibles qu'aux grandes enseignes." Une opposition également partagée par les candidats Philippe Poutou et Pascal Jarty.
Pour autant, "tout le monde a validé ce projet", rappelle le maire sortant Nicolas Florian qui explique qu'il ne s'agit pas d'un projet exclusivement commercial. "Il faut voir l'état de ce quartier délabré ! C'est un projet d'aménagement urbain avec une connexion entre la gare et le fleuve [...] Ces nouvelles surfaces seront essentiellement dédiées aux voyageurs. N'oubliez pas que le nombre de voyageurs de la gare Saint-Jean va passer de 8 millions, tels qu'on les connaissaient, à bientôt 20 millions !", assure-t-il.
Ni le promoteur Apsys, qui gère 31 centres commerciaux, ni l'EPA Bordeaux Euratlantique, sollicités à plusieurs reprises par La Tribune, n'ont souhaité prendre la parole, au motif du contexte pré-électoral. Apsys a en revanche confirmé investir 450 M€ dans ce projet.
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