Le promoteur bordelais Idéal Groupe intensifie sa stratégie immobilière globale

Idéal Groupe cultive un peu l'art de brouiller les pistes tant sa stratégie est originale. Non seulement le promoteur rajoute le bureau à son activité dans le logement, mais il tape désormais aussi bien dans le luxe que dans l'habitat coopératif ou frugal. Idéal Groupe met à l'arrêt sa stratégie de croissance territoriale et s'attaque à de nouveaux métiers centrés sur l'ensemble des besoins de la clientèle.
Idéal Groupe intervient aussi bien dans le neuf que dans l'ancien.
Idéal Groupe intervient aussi bien dans le neuf que dans l'ancien. (Crédits : DR)

Parti de la promotion immobilière classique, le groupe bordelais Ideal Groupe développe une nouvelle stratégie pour s'adapter à une crise du Covid-19 qui bouleverse toutes les prévisions d'avant le confinement. Après avoir géographiquement diversifié sa croissance Ideal Groupe, sans renoncer à ses nouveaux espaces, concentre désormais ses efforts sur des zones objectivement actives du marché immobilier.

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Qu'il s'agisse du Pays basque ou de Bordeaux Métropole, Ideal Groupe y démultiplie ses segments de marché, en créant de nouveaux métiers, pour coller au plus près des besoins de la clientèle.

"Depuis 2011 notre groupe a étendu son activité de l'urbain au collectif, de la primo accession -avec le programme des 50.000 logements- au très haut de gamme... Nous avons aujourd'hui un marché à Bordeaux et à Bordeaux Métropole qui est à l'arrêt. Pour faire face à cette baisse d'activité nous avons décidé de nous réinventer, confirme Pierre Vital, président et cofondateur d'Ideal Groupe, avec Edouard Myon. Aujourd'hui, poursuit-il, nous ne faisons plus simplement du logement mais nous nous lançons aussi dans le bureau. L'accompagnement de nos clients, initié depuis quelques années avec la création du Club Ideal Groupe, nous l'intensifions avec de nouveaux services".

L'ouverture du capital à Latricogne apporte des moyens d'agir

De l'aide au déménagement des clients à la fonction de syndic, depuis l'an dernier, Idéal Groupe ne barguigne pas.

"Cela correspond à l'attente de nos clients particuliers mais aussi des collectivités avec lesquelles nous travaillons. Nous livrons désormais des opérations complètes, qui intègrent des tiers-lieux, comme à Villenave d'Ornon dans le cadre des 50.000 logements, où nous allons remettre des commerces qui avaient été déplacés par les travaux du tramway" éclaire Pierre Vital, qui vient également de lancer une véritable offensive sur l'habitat de luxe.

Ideal Groupe

Pierre Vital et Edouard Myon

Alors que la pandémie de coronavirus fait peser un énorme couvercle de fonte sur les perspectives d'un grand nombre d'entreprises, Idéal Groupe agit avec une fluidité maximale, sans doute parce que l'entreprise bordelaise s'est donnée les moyens de ses ambitions.

Fin 2019, Idéal Groupe a ainsi levé la bagatelle de 11 millions d'euros, ouvrant son capital à Latricogne Capital, société de gestion de fortune de la famille Dumont, actionnaire de référence de la société foncière Gecina (20 milliards d'euros de patrimoine), qui intervient dans l'immobilier résidentiel et le marché du bureau (où ce groupe francilien revendique la position de leader patrimonial européen). Idéal Groupe emploie près de 120 personnes et a livré 960 lots depuis sa création en 2011.

Un atterrissage visé en fin d'année à 60 millions d'euros

"En tant que syndic nous avons réussi à intégrer 500 lots grâce à nos confrères promoteurs, qui nous font confiance. Malgré les difficultés, nous visons un atterrissage à 60 millions d'euros de chiffre d'affaires fin 2020, contre 76 millions l'an dernier. Cet impact à la baisse du Covid-19 n'est pas dramatique, puisqu'il s'agit essentiellement de reports", tranche Pierre Vital.

Ce chiffre d'affaires réalisé se développe dans le sillage du chiffre d'affaires réservé, qui a dépassé la barre des 113 millions d'euros en 2019. Idéal Groupe, qui se définit désormais comme un développeur, intervient dans quasiment tous les métiers de l'immobilier : en promotion, aménagement, réhabilitation, transaction, location, gestion locative, syndic de copropriété,...

Une des nouvelles stratégies du groupe est de lancer à Bordeaux Métropole et en particulier à Bordeaux de petites opérations dans l'habitat très haut de gamme, pour ne pas dire luxueux. Une de ces opérations les plus emblématiques, encore seulement visibles sur des panneaux, va prendre corps place Gambetta, non loin de l'ancien immeuble XVIIIe de Virgin Mégastore que l'homme d'affaires bordelais Michel Ohayon doit transformer en un nouveau palace bordelais.

"Nous allons proposer deux appartements en dernier étage avec autant de surface dedans que dehors, avec un jardin. Il s'agit d'opérations très haut de gamme dont le prix oscille entre 9.000 et 9.500 euros le mètre carré. Le plus grand de ces deux appartements va développer 227 m2 de surface couverte et 135 m2 de jardin, au-dessus de la place Gambetta. Mais nous avons aussi des opérations très qualitatives ailleurs à Bordeaux, comme rue Brizzard avec neuf appartements et maisons qui vont sortir à 6.000 ou 6.500 euros le mètre carré", illustre Pierre Vital.

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Ces opérations de réhabilitation dans l'ancien pour faire du très haut de gamme Idéal Groupe en mène plusieurs de front et pas seulement à Bordeaux. En plus de deux programmes de 12 et 20 logements respectivement lancés à La-Teste-de-Buch et Gujan-Mestras, sur le bassin d'Arcachon, le groupe bordelais va réhabiliter un ancien Ehpad (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) situé à Arcachon.

Immobilier Bordeaux Chartrons

Réhabiliter luxueusement de vieux immeubles est une des stratégies du groupe bordelais (quartier des Chartrons à Bordeaux) (Crédits : Agence APPA).

Un démonstrateur d'immeuble frugal développé à Bordeaux

"Cette réhabilitation va nous permettre de livrer 32 logements dans le parc Mauresque, à la place des petites chambres de mauvaise qualité que l'on trouve dans cet Ehpad abandonné. Faire muter ces vieux immeubles c'est dans notre savoir-faire. C'est une opération que nous allons livrer à 6.000-6.500 euros le mètre carré. Nous avons aussi des permis de construire pour 32 logements neufs aux Bassins à flot, à Bordeaux. Un programme que nous avons signé avant le changement politique à la mairie de Bordeaux.

Ceci-dit, nous avons de très bonnes relations avec Bernard-Louis Blanc, qui pilote désormais l'urbanisme, et nous allons développer un démonstrateur d'immeuble frugal à Bordeaux. On le teste, avec 12 logements près du CHU. Nous allons voir avec Bernard-Louis Blanc si cette opération peut rentrer totalement ou en partie dans ce nouveau cahier des charges. Avec la mairie nous essayons de trouver le meilleur équilibre prix-qualité-environnement", déroule Pierre Vital.

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Bordeaux Métropole restera attractive, grâce à l'industrie digitale

Le président d'Idéal Groupe souligne que l'opération a démarré avec un objectif de 5.500 euros du mètre carré, avec de l'accession aidée. Un pari que le cofondateur d'Idéal Groupe estime risqué, mais qui pourrait s'équilibrer avec la suppression de certaines commodités, comme l'ascenseur sur deux étages. Plus globalement,  Pierre Vital, qui est également président de l'Observatoire immobilier du Sud-Ouest (Oiso), ne se montre pas inquiet puisque l'attractivité de Bordeaux Métropole ne se dément pas.

"Le marché métropolitain a fortement baissé parce qu'il y a eu moins de mises en vente et que les prix, qui restent hauts, ont en plus progressé de 2 % par rapport à 2019. Les cadres et salariés parisiens sont toujours aussi tentés par Bordeaux Métropole. Il va y avoir encore de belles annonces sur l'emploi, notamment grâce aux entreprises digitales, bien loin des vieux stéréotypes du vin, du tourisme et même de l'aéronautique...

C'est ainsi que nous avons investi dans le capital de la startup francilienne Little Worker quand elle est venue s'installer à Bordeaux. Il ne s'agit que de bons de souscription d'actions (BSA), pour un montant de 150.000 euros, c'est très dilué, mais nous tenions à nous engager, à y être", entend faire savoir le cofondateur d'Idéal Groupe.

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Avec le Comité ouvrier du logement à Bayonne

Le président de l'Oiso enrichit la question du trop ou pas assez de constructions de logements neufs par la masse des habitations vacantes ou obsolètes qui existent à Bordeaux Métropole.

"C'est un vrai vivier, parce qu'il y de l'ancien très dégradé, en quantité. Il faut que la mairie fasse jouer son droit de préemption sur ce type d'habitat. On voit qu'il y a de l'ambition dans cette nouvelle majorité municipale et rien ne sert d'entamer un bras de fer avec les élus. Nous devons échanger avec eux, tout en restant lucides. Et puis il y a de nouveaux outils pour faire du logement abordable, comme le démembrement de propriété, avec des baux solidaires. Nous travaillons là-dessus au Pays basque, avec le COL (Comité ouvrier du logement -NDLR) de Bayonne, sur la première opération que nous allons lancer", pointe Pierre Vital.

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Cette volonté d'occuper simultanément toutes les cases ou presque de l'échiquier semble être un trait caractéristique de la stratégie développée par Pierre Vital et Edouard Myon. Et ils semblent bien avoir les moyens financiers de la mener à bien.

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Cet article fait partie de notre dossier de novembre consacré au marché immobilier dans la région bordelaise :

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