"L'économie verte peut être le défi de demain pour Bordeaux Euratlantique"

INTERVIEW. Bordeaux Euratlantique est à mi-chemin. Dix ans après son lancement, et alors que la séquence d’aménagement doit s’achever en 2030, Aude Benedetti, notaire chez Etudes Moreau, à Bordeaux, fait le bilan. Un bilan positif avec l’arrivée massive de nouveaux opérateurs, des prix maîtrisés grâce à un foncier fixe. Mais pour Aude Benedetti, l'établissement public d'aménagement va devoir s’adapter et intégrer l’économie verte dans les programmes à venir.
Aude Benedetti, notaire chez Etudes Moreau à Bordeaux.
Aude Benedetti, notaire chez Etudes Moreau à Bordeaux. (Crédits : Etudes Moreau Notaires)

LA TRIBUNE - Dix ans après le lancement de l'opération d'intérêt national Bordeaux Euratlantique, quels constats dressez-vous ?

AUDE BENEDETTI - L'opération Bordeaux Euratlantique, qui a fait le pari de maitriser le foncier pour peser sur les prix de sortie, a permis à de nouveaux opérateurs de s'intéresser à Bordeaux. Ce qui les a fait venir, au-delà de la facilité d'accès avec la mise en service de la ligne à grande vitesse en juillet 2017, c'est bien sûr la rentabilité, mais ils ont aussi montré de l'intérêt pour la partie environnementale des programmes notamment avec une stratégie autour du bois. Pour les promoteurs, c'est tout aussi important, c'est une image de marque. Ce que je retiens donc, à ce stade, c'est le pari gagné de Bordeaux Euratlantique d'avoir fait venir tous ces acteurs, et ce dès 2015. Aujourd'hui, l'établissement public d'aménagement (EPA) n'en est plus à vouloir attirer les opérateurs mais à sélectionner les bons, et pas forcément les plus gros, tout en maîtrisant les prix.

Lire aussi : Bordeaux Euratlantique : que dit la Cour des comptes sur la gestion de l'EPA ?

Quels sont les prix de sortie pratiqués dans le périmètre de Bordeaux Euratlantique par rapport à Bordeaux ?

Nous sommes sur des prix qui ne sont pas forcément modérés pour les Bordelais mais qui restent encadrés. Que ce soit sur la rive droite ou la rive gauche, c'est-à-dire Belcier, le Belvédère ou Bègles, le prix des logements neufs, en l'occurrence des appartements, se situe à 4.500 €/m2 hors parking et 4.900 €/m2 avec parking. A titre de comparaison, sur d'autres programmes neufs dans le quartier des Chartrons, à Bordeaux, nous sommes à 5.000 voire 7.000 €/m2. L'écart se creuse donc entre Bordeaux et Bordeaux Euratlantique. Par ailleurs, dans le périmètre d'Euratlantique, des logements maîtrisés à 3.000 ou 3.500 €/m2 sont également proposés. Enfin, sur cette question des prix, il est à noté que l'EPA a initié le concept des volumes capables, c'est-à-dire que des logements sont vendus sans aménagement intérieur ce qui permet à l'occupant de faire ses propres travaux et de modérer ainsi le prix d'acquisition. C'est en tout cas devenu une possibilité dans certains programmes.

Quel est selon vous l'enjeu pour Bordeaux Euratlantique aujourd'hui ?

L'EPA s'était fixé des objectifs qui sont aujourd'hui presque atteints, même s'il reste encore un certain nombre de programmes à sortir. L'EPA est toutefois, de mon point de vue, à mi-chemin. Il ne faut pas s'en tenir aux objectifs initiaux mais savoir les transformer, les compléter et je pense que tout l'enjeu pour lui est aujourd'hui de s'adapter, d'observer tout ce qui se passe dans la société. L'économie verte et l'empreinte sociétale des entreprises peuvent être les défis de demain, ce qui veut dire que l'EPA va pouvoir aller challenger les opérateurs qui sont d'ailleurs en demande.

En revanche, une impulsion de l'EPA est nécessaire. Il y aura effectivement de nouveaux programmes immobiliers mais l'idée est d'y adosser des projets environnementaux, une ferme urbaine par exemple qui, en plus, de nourrir les habitants avec une production locale pourra créer du lien. Pour autant, il est important de rendre cela économiquement possible, d'où l'intérêt des opérations jumelées que l'on voit arriver y compris près de Bordeaux, c'est-à-dire que quand un opérateur privé remporte un appel d'offre auprès d'une commune, cette dernière aime bien que l'opérateur privé finance une opération environnementale ou d'intérêt général. En étant dans cette dynamique, on va faire des choses beaucoup plus chouettes !

Lire aussi : Entre satisfactions et attentes, Bordeaux Euratlantique vue par les entreprises

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Cet article fait partie de notre dossier de novembre consacré au marché immobilier dans la région bordelaise :

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