Quatre mois après son élection et quinze jours après le reconfinement national, l'exécutif métropolitain porté par une majorité de gauche bouge enfin sur le terrain des aides aux entreprises face à la crise sanitaire et économique. Alain Anziani, le président de Bordeaux et maire de Mérignac, a finalement annoncé ce samedi 14 novembre, par un simple communiqué de presse, une enveloppe globale de 80 millions d'euros. Elle est composée, d'une part, d'un plan de 30 millions d'euros finançant neuf actions de court et moyen terme et, d'autre part, d'une augmentation de la commande publique de 50 millions d'euros lissée sur 2021 et 2022. Cela représente une hausse de 5,6 % du budget d'investissement de la Métropole (900 millions d'euros sur deux ans) qui sera assortie de mesures, restant à définir, destinées à faciliter l'accès des PME locales, notamment via l'allotissement des marchés publics
Urgence, consommation, transitions
"Notre rôle est de nous occuper du terrain, de la proximité, et de faire en sorte que nous n'ayons pas un sinistre commercial majeur", déclare Alain Anziani, qui précise travailler de concert avec l'Etat, la Région Nouvelle-Aquitaine - qui a voté son propre plan d'urgence ce 17 novembre - la CCI Bordeaux Gironde, la Chambre de métiers de Gironde, la Chambre d'agriculture de Gironde et la Chambre régionale d'ESS (économie sociale et solidaire).
Le plan de 30 millions d'euros se structure en trois axes : répondre à l'urgence en matière de trésorerie, de loyers et de passage au e-commerce ; soutenir la consommation, notamment des ménages modestes ; accompagner à moyen terme les TPE en matière numérique, commerciale et écologique. Il sera discuté et soumis au vote lors du prochain conseil métropolitain le 27 novembre 2020. L'enveloppe, qui atteint exactement 32 millions d'euros, se décompose de la manière suivante :
- 10 millions d'euros pour soutenir la trésorerie des entreprises de 0 à 9 salariés et les associations
- 6,2 millions d'euros pour la numérisation des commerces non essentiels
- 5,2 millions d'euros pour des chèques de 50 euros aux ménages modestes
- 4,4 millions d'euros pour l'aide à la transition numérique, commerciale et/ou écologique des TPE
- 2,7 millions d'euros correspondant à un différé de paiement de taxe de séjour jusqu'en juin 2021
- 2 millions d'euros pour le secteur culturel
- 1,3 million d'euros pour un fonds d'aide aux loyers
- 100.000 euros pour développer une plateforme en ligne
- 60.000 euros pour une campagne de communication sur l'achat local
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10 millions d'euros pour la trésorerie
Ce fonds de soutien à la trésorerie reprend l'ossature du fonds d'urgence mis en place par la précédente majorité du 11 mai au 31 juillet 2020 pour aider les entreprises et les associations. Doté de 15,2 millions d'euros (plus 500.000 euros pour les associations), ce fonds n'a été consommé qu'à 57 %, jugé trop complexe ou pas suffisamment attractif par les entrepreneurs, indépendants et associations éligibles. Le reliquat de 7 millions d'euros viendra donc abonder ce nouveau fonds de dix millions d'euros. Et pour le rendre plus attractif, Bordeaux Métropole l'élargit aux entreprises de 0 à 9 salariés (contre 0 à 5 précédemment). Les associations de 11 à 20 salariés sont également concernées. Le fonds sera distribué sous la forme d'une aide forfaitaire inchangée de 1.500 euros mais désormais assortie d'un bonus de 500 euros par emploi plafonné à 6.000 euros (jusqu'à 10.000 euros pour les associations), contre un plafond fixé à 1.000 euros auparavant.
Les entreprises doivent être installées à Bordeaux Métropole et déclarer sur l'honneur une perte de chiffre d'affaires d'au moins 30 % et jusqu'à 50 % (seuil de déclenchement de l'aide de l'Etat) entre le 1er septembre et le 30 novembre 2020 par rapport à la même période en 2018 ou en 2019. Pour les entreprises créées en 2020, une aide forfaitaire de 1.000 euros est prévue sous conditions. Les associations doivent être installées à Bordeaux Métropole et œuvrer dans les champs de compétence de la Métropole (tourisme, économie circulaire, accompagnement à l'emploi, ESS, ...).
Le portail de demande pourrait être mis en ligne le 1er décembre et rester accessible jusqu'au 28 février 2021.
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6,2 millions d'euros pour la numérisation des commerces non essentiels
Cette somme permettra de financer une aide forfaitaire de 1.500 euros par entreprise, sans limite de taille, sur présentation de factures de prestation ou de matériel liée à la transformation numérique. 6.000 entreprises de l'agglomération bordelaise seraient concernées par ce chantier selon les services de la Métropole. Les factures peuvent correspondre à aux achats suivants réalisés entre le 1er novembre et le 31 décembre 2020 : équipements, achats de prestations pour augmenter sa visibilité, adhésion à une marketplace, investissements en matériel numérique (logiciel, terminal de paiement...), recours à un photographe pour la mise en ligne et à la vente de ses articles, coûts de livraison, etc.
Sont concernés de manière non exhaustive les commerces suivants : cafés, bars et restaurants, salons de coiffure / barbiers, service à domicile, fleuristes, enseignes d'habillement, magasins de jouets, horlogers, bijoutiers, instituts de beauté et de pédicure non-médicale, salons de manucure, salons de massage, studios de tatouage et de piercing, librairies et disquaires, auto-écoles, etc.
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5,2 millions d'euros pour des chèques de 50 euros aux ménages modestes
Pour soutenir la consommation et aider les ménages modestes, Bordeaux Métropole distribuera des chèques de 50 euros par personne aux ménages identifiés par les CCAS (centres communaux d'action sociale) et associations luttant contre la pauvreté. Environ 100.000 personnes pourraient être concernées.
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4,4 millions d'euros pour l'aide à la transition numérique, commerciale et/ou écologique des TPE
Cette enveloppe de 4,4 millions d'euros doit s'envisager sur le moyen terme, une fois l'urgence passée. Bordeaux Métropole prévoit d'accompagner 1.200 entreprises d'ici à fin 2022 via les chambres consulaires. L'objectif est de proposer un accompagnement à un millier d'entreprises via les équipes de la CCI et de la Chambre de métiers sur la numérisation, le e-commerce et les nouveaux modes de consommation ; la transition écologique ; et une nouvelle stratégie commerciale. S'y ajoutent 200 entreprises de l'ESS qui se verront accompagnées par la Chambre régionale de l'ESS en matière de co-développement et sur leur stratégie de développement, de transition numérique et de transition écologique.
Sur le plan financier, un diagnostic sera pris en charge pour un montant de 900 à 1.000 euros. Ensuite, les entreprises pourront solliciter une prise en charge à 50 % de leurs dépenses éligibles dans la limite de 3.000 euros par entreprise.
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2,7 millions d'euros correspondant à un différé de paiement de taxe de séjour jusqu'en juin 2021
Bordeaux Métropole accorde déjà un différé de paiement de la taxe de séjour pour le dernier trimestre 2019 et l'ensemble de l'année 2020 jusqu'au 31 mars 2021. Il sera prolongé jusqu'en juin 2021. Par cohérence, les sommes collectées par les établissements au titre de la taxe de séjour pour les 2e, 3e et 4e trimestre 2021 seront à reverser au 31 janvier 2022.
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2 millions d'euros pour le secteur culturel
Pour le secteur de la culture, Bordeaux Métropole annonce une enveloppe de deux millions d'euros lissée sur 2021 et 2022 en fonctionnement et en investissement. Cela passera par 1,2 million d'euros consacrés au soutien de la création et de la production culturelle, notamment par une commande publique correspondant au 1% culturel ; 500.000 euros pour soutenir la diffusion des œuvres et les manifestations culturelles ; 400.000 euros viendront abonder les actions communales de soutien à l'économie culturelle.
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1,3 million d'euros pour un fonds d'aide aux loyers
Jusqu'à 6.500 entreprises du secteur du tourisme, de la restauration, de l'évènementiel, de la culture et du sport ayant contracté un bail commercial pourront percevoir une aide au loyer pour les mois de novembre et décembre 2020. L'enveloppe de 1,3 million d'euros annoncée par la Métropole financera une aide calculée sur le montant du loyer plafonnée à 500 €/mois jusqu'à 10 salariés, à 750 €/mois jusqu'à 49 salariés et jusqu'à 1.000 €/mois au-delà de 50 salariés.
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100.000 euros pour développer une plateforme en ligne
L'intercommunalité consacrera 100.000 euros au financement d'une plateforme de vente en ligne permettant de donner aux commerçants et artisans métropolitains qui le souhaitent une visibilité en ligne et une capacité de vente et de de livraison.
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60.000 euros pour une campagne de communication sur l'achat local
Une campagne d'affichage sera déployée sur le réseau du tram, les espaces de Bordeaux Métropole, les réseaux sociaux, la publicité en ligne, etc.. Objectif : promouvoir l'achat local à Bordeaux Métropole.
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La CPME Gironde propose un fonds de solidarité de 100 millions d'euros
La Confédération des petites et moyennes entreprises de Gironde lance un appel pour la création d'un fonds interprofessionnel de soutien aux entreprises en difficulté. Le principe : "Ce fonds abondé par ceux qui ont la chance de ne pas souffrir de cette crise serait alloué à ceux menacés par une faillite. Un mécanisme basé sur la solidarité entre chefs d'entreprise, développé à l'échelle locale", explique la CPME Gironde qui espère récolter 100 millions d'euros en six mois. "A l'écoute du terrain et face à la précarisation de beaucoup de nos petits commerces, nous avons aujourd'hui décidé de passer un pas important et de gérer nous-même notre avenir", poursuit son président Philippe Loiseau.
Créé sous la forme d'une fondation territoriale dont l'agrément pourrait être obtenu d'ici la fin de l'année, ce fonds de solidarité serait financé par un appel aux dons auprès des entreprises comme des particuliers. "Nous comptons particulièrement sur le soutien de la grande distribution, des assureurs ou de l'agroalimentaire. Leur don représenterait un triple intérêt : la solidarité, d'abord ; la défiscalisation bien-sûr ; et surtout l'intérêt économique, car un tsunami de défaillances sera préjudiciable pour tout le monde", ajoute Stéphane Loniewski, vice-président de la CPME Gironde en charge du commerce. L'argent récolté serait alors attribué en fonction de "critères objectifs grâce à l'analyse des bilans comptables, mais aussi après étude d'une commission des sages".
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