Ces TPE, PME et associations de Nouvelle-Aquitaine insatisfaites de l'aide publique

Insuffisante, complexe, voire illisible. Une enquête réalisée entre le 3 avril et le 5 mai par la CPME de Nouvelle-Aquitaine et d'autres acteurs régionaux (CCI, Umih, Chambre d'agriculture...) auprès de 3.101 dirigeants de TPE, PME et associations de la région montrent un regard plutôt critique vis-à-vis des différentes aides publiques telles que le chômage partiel, le report des cotisations sociales ou encore le prêt garanti par l'Etat.
Maxime Giraudeau
A l'aube du déconfinement, les TPE, PME et associations néo-aquitaines interrogées par la CPME se montraient plutôt critiques face aux différentes aides publiques.

Outre les difficultés économiques considérables engendrées par la crise du coronavirus - 77 % ont connu une baisse de leur chiffre d'affaires et 52 % des tensions de trésorerie - les répondants à cette enquête (1) désavouent les aides publiques proposées par l'état et les collectivités locales. Quand, au 3 avril, 20 % des entreprises jugeaient que l'aide de l'état est assez rapide, le chiffre s'effondre à 2 % deux mois plus tard. "Accorder une aide de 1.500 € aux entreprises c'est très bien. Sur le report de la TVA, le gouvernement n'a rien inventé et reporter les charges c'est aussi un effet de manche. Il aurait fallu faire un flash de nos comptes et de notre activité juste avant le confinement. Pourquoi je dépenserais de l'argent sans en rentrer ?", s'interroge Gérard Sicre, dirigeant de la TPE C du Café, basée à Yvrac (Gironde) et qui réalise 98 % de son chiffre d'affaires auprès des cafés et restaurants. Ce gel des comptes des entreprises aurait permis, selon Gérard Sicre, de revenir plus rapidement à la normale.

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Chômage partiel à 100 %

Conséquence logique de cette insatisfaction : en moyenne, sur les deux mois où l'enquête a été menée, seulement 26 % des répondants jugent que l'aide publique proposée est acceptable en termes financiers. Pire encore, pour 40 % d'entre eux, elle est complexe, voire illisible. C'est le cas pour Philippe Carnero, dirigeant de l'association Edéa, qui œuvre à la réinsertion de personnes handicapées dans 14 établissements de Gironde. "Sur le site de l'Agence de services et de paiement, c'était très compliqué pour mettre en place l'activité partielle. A l'heure actuelle, je n'ai toujours rien touché." C'est ainsi que l'association puise, depuis trois mois, dans sa propre trésorerie pour assurer le versement des 250 salaires. Philippe Carnero salue néanmoins la déclaration ministérielle de faire de 2020 une année blanche pour les associations et établissements publics. "Du reste, on ne rattrapera pas le chiffre d'affaires perdu", regrette-t-il.

Appréciation de l'aide publique en termes de mobilisation financière

Appréciation de l'aide publique en termes de mobilisation financière (Cliquez sur l'image pour l'agrandir, crédits : CPME NA).

L'arrêt de l'activité a été si brutal, et l'ampleur de la crise si inédite, que les représentants interrogés par La Tribune auraient aimé des mesures encore plus exceptionnelles. "Comment voulez-vous, avec une activité que nous ne pouvons pas honorer, prendre à notre charge 15% des salaires ?", se dresse Carlos Revenga, dirigeant de Tradition et Terroir du Sud-Ouest, entreprise de l'agroalimentaire qui emploie une cinquantaine de salariés à Villenave-d'Ornon (Gironde). Et Laurence Bedel, sa directrice administrative et financière, d'ajouter : "Il aurait fallu être accompagné à 100 % durant toute la reprise." Un souhait d'une prise en charge totale, alors que la France figure déjà en tête du palmarès européen avec 8 4% du salaire pris en charge par l'état lors de l'instauration du chômage partiel. Avec 8,6 millions de salariés couverts par la mesure en avril, la déflagration demeure jamais vue.

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Encore beaucoup d'inquiétude

Du reste, il y a quelques bons points à distribuer, notamment sur le Prêt garanti par l'État (PGE), dont ont bénéficié 500.000 entreprises en France selon Bpifrance, pour un total de 85 milliards d'euros. Dix fois plus qu'en Allemagne. "La suspension rapide des charges sociales et fiscales a été un poumon d'air", souligne Laurence Bedel, en regrettant néanmoins que la suspension des charges fixes n'ait concernée que les structures de moins de 10 salariés. Et si les mesures ont évité, pour l'heure, des licenciements massifs, l'horizon est plus que jamais incertain. Laurence Bedel et Carlos Revenga le confient : "Devoir licencier c'est une inquiétude permanente. On s'interroge même à rester ouvert."

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(1) Cette enquête a été menée au cours de dix webinaires organisés entre le 3 avril et le 5 mai par la CPME de Nouvelle-Aquitaine et d'autres régionaux (CCI, Umih, Chambre d'agriculture...). 3.101 dirigeants de TPE, PME et associations de la région ont répondu à 1.400 questions portant sur leurs difficultés économiques pendant la crise et les aides publiques misent en œuvre. Les répondants représentent à 65 % des entreprises, 18 % des associations et 12 % des indépendants. La moitié des structures comptent moins de cinq salariés.

Maxime Giraudeau

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