Bordeaux : ce que l'on sait de la vision urbaine de l'écologiste Pierrre Hurmic

Le maire EELV de Bordeaux a dessiné les contours de la ville qu'il entend façonner tout au long de l'année 2021 dans le cadre d'une "nouvelle culture urbaine". Lors de ses voeux, ce jeudi 14 janvier, Pierre Hurmic a ainsi précisé ses objectifs "de transition écologique et solidaire" en termes de construction de logements, d'urbanisme et d'action sociale.
(Crédits : Agence APPA)

"Cette crise du Covid s'inscrit dans le dérèglement climatique généralisé qui nous conforte dans notre analyse et dans nos priorités. Certains pensaient pouvoir s'affranchir de la nature mais, on le voit bien aujourd'hui : plus on s'affranchit de la nature, plus on devient vulnérable", débute Pierre Hurmic, lors de ses vœux ce jeudi 14 janvier 2021. Le maire EELV de Bordeaux a ainsi promis que la nature serait plus abondante à Bordeaux : dans les cours d'école, sur les places publiques et au sein des grandes opérations d'aménagement. Ce n'est pas encore l'heure des grandes annonces, mais les contours de la "nouvelle culture urbaine" se précisent petit à petit, six mois après son entrée au palais Rohan.

"Récupérer de la pleine terre"

Après avoir réaffirmé que tous les aménagements cyclables post-confinement seront pérennisés en 2021 et les discontinuités cyclables résorbées, l'élu a présenté des premières projections de la réorientation environnementale demandée aux promoteurs immobiliers depuis le mois de septembre. "Dans la zone d'aménagement concerté Bastide Niel, on a relevé le niveau d'exigence pour avoir jusqu'à cinq fois plus de pleine terre qu'auparavant. A Brazza, une parcelle boisée sera préservée à  79 % sur 1,3 hectare. [...] En moyenne, en discutant avec les promoteurs et aménageurs on a réussi à augmenter de 36 % les surfaces en pleine terre dans ces grandes opérations", assure-t-il, schémas à l'appui.

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ZAC Bastide Niel

L'évolution de la ZAC Bastide Niel, rive droite, présentée par la mairie de Bordeaux (crédits : Mairie de Bordeaux)

"On ne va pas arrêter de construire"

Et si l'élu écologiste défend "une nouvelle culture urbaine" faite de la préservation des réserves foncières au profit d'opérations immobilières plus petites dans le tissu bâti existant, il assure que le volume global de construction sera maintenu :

"Nous préservons une production dynamique de logements tout en respectant l'impératif de zéro nouvelle artificialisation. On ne va pas arrêter de construire, on va construire mieux. Nous avons besoin de 2.500 logements neufs par an à Bordeaux. Les grandes opérations c'est déjà 3.000 logements par an et nous en construisons 1.000 de plus dans le diffus. Donc nous sommes au rendez-vous de la construction et, dans ce total, il y aura 1.500 logements sociaux pour rattraper le retard inouï de la ville au regarde la loi SRU."

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Le maire de Bordeaux y ajouter un accent sur les opérations en bail réel solidaire y compris dans le centre historique de Bordeaux.

Qu'est-ce que le Bâtiment frugal bordelais ?

Le label du Bâtiment frugal bordelais, qui se veut un référentiel qualitatif à la fois sur les matériaux de construction, le bâti et la participation citoyenne, est lui toujours en cours d'élaboration. Il devrait être présenté courant février et imposera notamment aux promoteurs de mener des réunions de concertation publique très en amont de leur projet. La majorité municipale travaille sur ce label avec le bureau d'études environnementales Tribu, dirigé par l'ingénieur Alain Bornarel. Basé à Paris, ce cabinet a travaillé depuis 1990 sur la conception écoresponsable d'une cinquantaine d'opérations urbaine et de près de 300 bâtiments.

Ce label du Bâtiment frugal bordelais est en cours de finalisation et sera discuté avec les services municipaux et métropolitains au cours des prochaines semaines. Il devrait contenir une quinzaine de critères et très largement s'inspirer de démarches existantes ailleurs telles que le Bâtiment durable méditerranéen, depuis 2008, et le Bâtiment durable Nouvelle-Aquitaine, lancé l'an dernier avec le cluster Odéys. "Il sera opposable juridiquement aux porteurs de projets et annexé au plan local d'urbanisme. Ce référentiel comportera des dimensions techniques, sociétales, environnementales, économiques et paysagères", expliquait à La Tribune, Bernard-Louis Blanc, adjoint au maire de Bordeaux en charge de l'urbanisme résilient, en novembre dernier. Une dizaine de projets démonstrateurs représentant plusieurs centaines de logements devraient illustrer les contours du label.

La modification simplifiée du PLUI (plan local d'urbanisme intercommunal) pour aller vers un "bio PLU" devrait être engagée dans les prochains mois pour laisser davantage de place à la nature. Six forêts urbaines sont prévues cette année tandis que la végétalisation de la place Pey Berland est promise pour cet automne.

Lire aussi : "Il faut casser du bitume" : Pierre Hurmic lance la végétalisation de Bordeaux

Hébergement et mixité sociale

Mais, même s'il est prévu de piétonniser les accès aux écoles maternelles et élémentaires et d'en végétaliser les cours, la ville de Pierre Hurmic ce n'est pas que des arbres et des vélos. Le nouveau maire entend aussi "réparer ce qui a été abîmé par la crise" notamment en mettant à contribution le parc immobilier municipal. "Nous préparons une stratégie foncière et immobilière pour voir quels bâtiments peuvent être utilisés pour mettre à l'abri les plus vulnérables. D'ores et déjà 30 personnes dont six enfants sont logés temporairement dans des locaux municipaux", indique le maire qui annonce 193 nouvelles places crèches cette année et un tarif social. Le parc immobilier municipal devra aussi se montrer exemplaire sur le plan énergétique puisque la quasi-totalité des 560 bâtiments de la ville devra avoir migré vers un contrat d'électricité d'origine renouvelable d'ici 2022.

Les dossiers stratégiques en matière de logement portés par Emmanuelle Ajon, la 3e adjointe au maire décédée en décembre dernier, seront officiellement repris par l'un des adjoints de Pierre Hurmic lors du prochain conseil municipal du 26 janvier. L'élue socialiste était notamment en charge de l'encadrement des loyers et du service public du logement.

Le sujet de la sécurité, après le meurtre par balle d'un adolescent aux Aubiers le 2 janvier dernier; a également été abordé. Pour traiter ces problèmes de sécurité dans les quartiers du Grand Parc, des Aubiers, de Chantecrit, de la Benauge et de Saint-Michel, Véronique Seyral sera nommée adjointe en charge de l'égalité dans ces quartiers prioritaires. "Elle travaillera avec tous les acteurs institutionnels, les bailleurs et les associations pour favoriser la mixité sociale, le retour tangible des services publics et le développement économique. Il faut dépasser le modèle grand ensemble résidentiel sans activité économique qu'illustrent bien les Aubiers. Nous ferons tout pour promouvoir un autre modèle urbain", insiste Pierre Hurmic. Il veut notamment accélérer le projet de renouvellement urbain des Aubiers porté par l'Anru pour 100 millions d'euros. La mairie veut également déployer dix policiers municipaux supplémentaires par an pendant son mandat.

La Rue Bordelaise et le Matmut Atlantique

Le stade Matmut Atlantique et le projet de centre commercial à ciel ouvert de la Rue bordelaise font-ils partie de la nouvelle culture urbaine de Pierre Hurmic ? Oui et non. Si le maire a réitéré son opposition à la rue Bordelaise, portée par l'EPA Euratlantique et le promoteur Apsys pour 500 millions d'euros, il souligne que "le renoncement à ce projet coûterait a minima 95 millions d'euros et personne ne veut aller dans cette direction. Mais mon rôle c'est de trouver une porte de sortie vers une réorientation écologique du projet", sans en dire davantage. C'est peu ou prou la même équation pour la vente du stade : Pierre Hurmic veut toujours se débarrasser de l'enceinte sportive tout en respectant là aussi les contraintes juridiques et financières.

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Enfin, sur le plan économique, le maire de Bordeaux assure que la candidature à la démarche Territoire zéro chômeur de longue durée (TZCLD), lancée en décembre dernier, se structurera tout au long de 2021 avec 50 acteurs du quartier du Grand Parc élargi et potentiellement plusieurs entreprises de l'économie sociale et solidaire. Parallèlement, la cellule d'accompagnement des TPE a accompagné 150 commerces depuis son lancement cet automne tandis qu'un "plan de sortie de crise est en cours d'élaboration" avec la Maison de l'emploi, sans plus de précision.

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