"Le contexte économique et social est très préoccupant à Bordeaux avec une grande fragilité du tissu commercial et une hausse de 5 % des demandeurs d'emplois sur un an et même de 10 % pour les moins de 25 ans", cadre Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux, qui a choisi de s'exprimer sur cinq sujets jugés prioritaires par la nouvelle équipe municipale : les mobilités, l'emploi et l'économie, le logement, l'urbanisme et la sécurité.
Une cellule d'aide aux TPE
Pour soutenir l'économie locale, l'élu écologiste annonce la création "d'une cellule d'aide aux entreprises de moins de dix salariés qui sera opérationnelle dès le mois d'octobre". Pilotée par la mairie et la Caisse sociale de développement local (CSDL), une association spécialisée dans le micro-crédit aux entreprises, cette cellule mobile fédèrera la Maison de l'emploi, la Chambre de commerce et d'industrie, la Chambre de métiers et d'artisanat, la CPME, le Medef, Pôle emploi et la Région Nouvelle-Aquitaine. "L'objectif est d'aller à la rencontre des entreprises sur le terrain pour les accompagner sur les volets administratifs et techniques", ajoute Pierre Hurmic.
Cette "cellule mobile" ira donc pousser la porte des commerçants et entrepreneurs bordelais. Elle devrait réunir "au moins cinq à six équivalents temps plein, dont deux à la CSDL, pour aller à la rencontre de 150 à 200 entreprises chaque année", précise Stéphane Pfeiffer, l'adjoint en charge de l'emploi, de l'ESS et des formes économiques innovantes. A terme, c'est une forme de "clinique de l'entreprise" que la mairie a en tête. Elle souhaite structurer avec cet outil et ses partenaires un guichet unique proposant une offre de services aux TPE, y compris sur les volets RH et foncier. C'est aussi cette cellule qui sera ensuite chargée, probablement courant 2021, d'accompagner les entreprises bordelaises dans leur projets de transition écologique et de décarbonation de l'économie.
Territoire zéro chômeur
En complément, Pierre Hurmic a confirmé la candidature de Bordeaux au programme expérimental Territoires zéro chômeur de longue durée (TZCLD) pour les quartiers du Grand parc et de Bordeaux maritime : "C'était un engagement de campagne et Bordeaux sera bien candidate à ce programme qui fonctionne. Une délibération en ce sens sera votée au conseil municipal début octobre, la ville adhèrera à l'association TZCLD et nous avons demandé à tous les parlementaires girondins de soutenir la démarche." Cette expérimentation, déjà en œuvre dans dix territoires, vise à démontrer qu'il est possible "sans surcoût pour la collectivité, de proposer à tout chômeur de longue durée qui le souhaite, un emploi à durée indéterminée et à temps choisi, en développant et finançant des activités utiles et non concurrentes des emplois existants pour répondre aux besoins des divers acteurs du territoire : habitants, entreprises, institutions", indique l'association sur son site.
La mairie chiffre à 8.000 le nombre de demandeurs d'emplois de plus d'un an à Bordeaux. Et si la candidature bordelaise n'était pas retenue, Stéphane Pfeiffer assure vouloir avancer malgré tout sur ce sujet en mettant l'accent sur l'innovation sociale et y associant des partenaires locaux, y compris privés. Enfin, Pierre Hurmic veut également accélérer sur l'emploi des jeunes dans le secteur associatif avec la déclinaison du plan national "un jeune, une solution" avec la mission locale.
Des vélos et des arbres
En matière de mobilité, 30 kilomètres de pistes cyclables supplémentaires seront tracés dans les prochains mois, notamment sur les cours, les boulevards et la place Gambetta, tandis que 500 places de stationnement vélo et vingt box sécurisés seront déployés d'ici la fin de l'année. "Nous voulons être en pointe sur l'urbanisme tactique et pragmatique parce qu'il est rapide, réversible et à faible coût. Nous traçons les pistes cyclables à la peinture et, une fois que les itinéraires seront adoptés et validés par les habitants, nous procèderons aux aménagements définitifs", précise le maire Bordeaux.
Les services de la ville se sont par ailleurs lancés dans un inventaire précis de tous les espaces où il est possible de planter des arbres voire de créer de petites forêts urbaines très denses : places, squares, délaissés urbains, façades, toitures, etc. "Cet inventaire sera achevé fin 2020 et parallèlement nous avons lancé la végétalisation de tous les projets urbains actuels et futurs, notamment Brazza, Bastide Niel et Euratlantique. Du côté de la Jallère, les 43 hectares d'espaces naturels seront sanctuarisés", souligne Pierre Hurmic. En revanche, le traditionnel sapin de noël, place Pey Berland, sera supprimé et les 60.000 euros que coûtaient l'opération seront utilisés pour du spectacle vivant et un soutien aux commerçants.
Vers un "bio-PLU" à Bordeaux
En matière d'urbanisme, le candidat écologiste avait marqué les esprits pendant la campagne en promettant le gel de tous les projets urbains et le principe de zéro artificialisation des sols. "Nous souhaitons engager une modification simplifiée du plan local d'urbanisme intercommunal pour qu'il devienne un bio-PLU respectueux de la biodiversité", confirme l'élu qui veut donner plus de places au bois et à la brique dans Bordeaux et créer un "label bâtiment frugal bordelais pour donner l'exemple concret de la ville que nous visons". "Nous avons rencontré tous les acteurs de la promotion immobilière, les promoteurs, les bailleurs et les organisations professionnelles. Ils partagent tous nos préoccupations sur le changement climatique et c'est un enjeu central pour eux", assure Bernard Blanc, l'adjoint en charge de l'urbanisme résilient.
Concrètement, les services municipaux et métropolitains vont regarder tous les permis de construire en cours d'instruction d'ici la fin de l'année. "Nous avons réarpenté tous les projets. Pour ceux qui ne nous conviennent pas, on contacte les parties concernées pour faire évoluer les projets avec une approche plus écologique. Une dizaine de bâtiments démonstrateurs sont déjà prêts à être signés et montreront ce que l'on souhaite concrètement pour l'ensemble de la production immobilière dès l'an prochain", détaille l'adjoint. Le projet Bastide Niel, rive droite, a ainsi été "revu profondément, notamment le plan paysage qui a été revu de façon considérable". Un nouveau plan sera présenté au public fin octobre. Même logique à Brazza et Euratlantique où Pierre Hurmic réaffirme son opposition au projet de Rue bordelaise.
Encadrement des loyers et permis de louer
En matière de logement, la nouvelle majorité veut aussi faire bouger les lignes et votera cet automne l'expérimentation du permis de louer (cours de la Marne et cours de l'Yser) du permis de diviser (Caudéran) et de l'encadrement des loyers pour une application au printemps 2021. "Je serai un maire régulateur parce qu'on ne peut pas laisser le marché immobilier et locatif dans l'état où il est. La loi de l'offre et de la demande régule trop à la hausse", prévient le maire, qui entend aussi lutter contre le phénomène Airbnb et rattraper le retard bordelais en matière de logements locatifs sociaux (19 % contre un objectif légal de 25 %), y compris dans le diffus. Enfin, l'outil du bail réel solidaire sera davantage utilisé.
Par ailleurs, le sujet de la sécurité a également été abordé avec l'annonce du doublement des effectifs de police municipale en six ans et la création d'une brigade canine et d'une brigade VTT. "Notre action avec tous nos partenaires ne sera efficace que si elle est équilibrée avec de la prévention et de la répression", répète Pierre Hurmic.
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