"En Gironde, 40 % des artisans et commerçants ont perdu plus de la moitié de leur activité"

"Il va y avoir un mur de charges qui va arriver et s’intensifier pour les artisans et commerçants", prévient Nathalie Laporte, la présidente de la Chambre de métiers et d'artisanat de Gironde. Dans un entretien à La Tribune, elle rappelle que 80 % des artisans et commerçants ont perdu du chiffre d'affaires et craint qu'un tiers d'entre eux soient directement menacés par la crise économique.
Nathalie Laporte, la présidente de la Chambre de métiers et de l'artisanat de Gironde
Nathalie Laporte, la présidente de la Chambre de métiers et de l'artisanat de Gironde (Crédits : Alban Gilbert)

LA TRIBUNE - Cette rentrée 2020 ne se fait pas sous les meilleurs auspices, sur le terrain quel est l'ampleur des dégâts à ce stade ?

NATHALIE LAPORTE - Pour l'instant, il n'y a pas de vague de faillites en Gironde. Il y a des difficultés et on oriente les TPE et les artisans vers le tribunal de commerce et les instances de médiation pour tenter d'y remédier. Mais, je ne me fais pas d'illusions, il va y avoir un mur de charges qui va arriver et s'intensifier dans les mois qui viennent et ça risque d'être très compliqué. On est dans une amplitude où environ un tiers des artisans et commerçants sont menacés directement. On parle là surtout de commerces les plus fragiles, c'est-à-dire ceux qui viennent d'ouvrir ou de se lancer. L'addition globale sera donc salée.

Dans ce contexte, on a la chance d'avoir depuis quelques semaines un ministre en charge des PME, Alain Griset, qui est issu de notre sérail du monde des artisans. Les Chambres de métiers ont beaucoup échangé avec lui et c'est un signe positif mais il ne faut pas s'endormir sur les lauriers et on attend beaucoup de choses de l'Etat.

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Quelles sont les demandes des artisans et commerçants de France ?

Environ un tiers des artisans ont souscrit un PGE, y compris moi-même pour mon entreprise de peinture en bâtiment. Quand il va falloir le rembourser, même lissé sur six ans, cela va être compliqué ! Au sein des Chambres de métiers, on demande à ce qu'il soit possible de le lisser sur dix ans avec un taux zéro pour laisser beaucoup plus de latitude aux artisans et leur permettre de redémarrer. On souhaite aussi des annulations de charges pour les cas les plus compliqués et difficiles.

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Sans aller jusqu'à la faillite, quel est l'impact de la crise sur l'activité des artisans et commerçants girondins ?

Le point positif c'est que cet été ils ont bien travaillé notamment parce que les consommateurs girondins, néo-aquitains et français ont joué le jeu de consommer en France et de profiter de la France pendant leurs vacances ! Malgré tout, à début septembre, on se rend compte que 80 % des artisans commerçants ont enregistré une baisse de chiffre d'affaires au 1er semestre 2020. La moitié d'entre eux doit faire face à une baisse supérieure à 50 % de leur activité ! C'est considérable ! Le secteur alimentaire a plutôt bien fonctionné y compris pendant le confinement. Pour les autres secteurs, il y a de grandes différences entre ceux qui savaient faire du e-commerce ou qui ont réussi à s'y mettre et les autres.

Mais je suis d'un naturel optimiste et je reste donc persuadée qu'il y a des beaux jours devant nous : beaucoup d'artisans se sont diversifiés et réinventés pour rebondir ! Alors, certes, tout le monde ne se sauvera pas mais certaines entreprises n'auraient de toute façon pas survécu même sans la Covid-19. Il faut croire en l'avenir, aux consommateurs et aux rôles des collectivités locales. Et pour encourager le mouvement on va lancer une grande campagne de communication autour du "vivons local" pour soutenir les 44.000 entreprises artisanales de Gironde, y compris par la commande publique. Il faut aussi développer l'apprentissage : les TPE, PME, artisans et commerçants peuvent et doivent prendre des apprentis. C'est dans notre ADN pour préparer l'avenir, il faut montrer l'exemple, il faut y aller !

Vous parlez des collectivités. Le fonds d'urgence de 15,2 M€ de Bordeaux Métropole pour aider les très petites entreprises a eu du mal à trouver preneur avec seulement 57 % des crédits utilisés. Pourquoi ?

Il faut qu'on regarde de près ce qui n'a pas fonctionné : la communication ? les critères ? le montant de l'aide ? les modalités d'accès ? Ce n'est pas évident. Il reste malheureusement beaucoup d'argent dans ce fonds et il faut absolument l'utiliser pour soutenir nos commerces, nos artisans et nos entreprises d'une autre manière. J'espère qu'il y aura un plan de relance avec la nouvelle majorité. Nous y travaillons.

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Commentaires 2
à écrit le 10/09/2020 à 11:04
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Plus que 3 mois avant la grande hécatombe.

à écrit le 10/09/2020 à 3:03
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Refuser de payer. C'est a la mode en ce moment. Profitez des soldes, la bce assure.

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