Bordeaux Métropole est-elle passée sous la coupe d’idéologues de la décroissance ?

Ancien patron de la majorité à Bordeaux Métropole, Patrick Bobet en est devenu le chef de l'opposition après la victoire du socialiste Alain Anziani l'an dernier. La rupture du pacte de cogestion entre la droite et la gauche ne passe toujours pas. Patrick Bobet dénonce ainsi une gouvernance de gauche sous influence d'écologistes intransigeants et décroissants emmenés par Pierre Hurmic, nouveau maire de Bordeaux. Il regrette également la sous-utilisation du fonds d'aides aux entreprises.
Réélu maire du Bouscat en 2020, Patrick Bobet n'est en revanche plus président de Bordeaux Métropole. Il mène le groupe d'opposition de droite et du centre Métropole commune.
Réélu maire du Bouscat en 2020, Patrick Bobet n'est en revanche plus président de Bordeaux Métropole. Il mène le groupe d'opposition de droite et du centre "Métropole commune". (Crédits : Thibaud Moritz / Agence APPA)

Patrick Bobet, maire (LR) du Bouscat, nouveau chef de l'opposition de droite et du centre à Bordeaux Métropole réunie au sein du groupe Métropole commune, a tenu à dresser un diagnostic sans ambiguïté ce mardi 12 janvier sur les six mois de gouvernance de la nouvelle coalition de gauche à la tête de Bordeaux Métropole, dont le socialiste Alain Anziani est le président. Et le constat est cinglant : en six mois de gouvernance la nouvelle majorité métropolitaine n'aurait selon lui "rien fait".

Pas le temps de lui faire observer que cette nouvelle majorité vient de mettre fin à 30 ans d'une délégation du service public de l'eau assurée par Suez pour la remplacer par une régie métropolitaine. Patrick Bobet, comme un joueur d'échec, a déjà  pris soin de miner ce terrain à l'avance, jusqu'à la dernière motte de terre. "Le président de la Métropole ce n'est pas Alain Anziani mais EELV", dévoile-t-il ainsi tout à trac, invalidant par avance toute action du président, renvoyé au statut d'associé sous influence.

Pourquoi EELV apparaît comme une force schismatique

Patrick Bobet n'est pas intervenu seul ce mardi sur ce sujet puisqu'il était en compagnie de trois autres conseillers métropolitains : Nathalie Delattre (PR), conseillère municipale de Bordeaux, vice-présidente du Sénat, Christophe Duprat (LR), maire de Saint-Aubin du Médoc et Emmanuel Sallaberry, maire (Sans étiquette) de Talence. A l'unisson de son chef de coalition à la Métropole, Nathalie Delattre a souligné "le mépris et le sectarisme" que subissent les élus de son groupe à la Métropole et dénoncé "les dérives sectaires de la nouvelle majorité".

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Autant d'avanies qui selon Patrick Bobet trouvent leur origine dans la rupture historique du pacte de cogestion qui unissait (depuis des dizaines d'années) droite et gauche dans la gouvernance de la Métropole. Puisque c'est bien la victoire en 2020 à la mairie de Bordeaux de la coalition de gauche menée par l'écologiste (EELV) Pierre Hurmic, opposant de toujours à la cogestion, qui est à l'origine de ce qui apparait comme un schisme pour l'opposition de droite.

C'est pourquoi, une fois mis en place ce postulat d'une présidence métropolitaine socialiste sous influence écologiste, Patrick Bobet n'a pas brodé sur une éventuelle approche dilettante de l'action politique par la nouvelle équipe au pouvoir, mais bien au contraire sur la menace quasi existentielle que fait selon lui courir EELV à la Métropole.

Une politique sous influence de la décroissance

"Derrière cet appel à la frugalité, c'est toute une idéologie qui se cache celle -funeste- de la décroissance", a ainsi averti le maire du Bouscat, qui a tenu a préciser qu'il n'était pas nécessaire de parler d'écologie à tout bout de champ puisqu'elle est désormais partout. Fait notable, ce dernier est revenu à plusieurs reprises sur les conditions des élections municipales de 2020, marquées par l'incroyable séisme sanitaire provoqué par la pandémie de coronavirus.

"Cette élection s'impose à nous, elle n'est pas contestable, même si la pandémie a eu de puissants effets sur le scrutin. En revanche quand on est élu avec aussi peu de voix que la nouvelle majorité, il faut bien réfléchir à ce que l'on fait. Or, ce que l'on voit, c'est que cette majorité applique des mesures dont ses élus n'ont jamais parlé pendant la campagne électorale", a relevé en substance Patrick Bobet, qui prend en exemple la fin de la DSP de l'eau, comme illustrant une réforme non annoncée durant la campagne électorale.

Il n'est pas inutile de rappeler à ce sujet que la Métropole ne fait pas l'objet d'une élection directe mais que ce sont les maires, élus dans leurs communes, qui décident ensuite de leurs alliances à la Métropole et se choisissent un président.

Les représentants de Métropole commune ont ensuite focalisé leurs attaques sur l'action économique et les mobilités. Patrick Bobet, accuse ainsi Alain Anziani de mener, toujours sous l'influence d'EELV, une sorte de politique économique de la terre brûlée pour remplir un contrat ciblé sur la décroissance, en contrariant notamment les structures dédiées à l'attraction économique, en gelant à Bordeaux les nouveaux programmes immobiliers, en voulant stopper le fonctionnement de la navette d'Air France Bordeaux-Paris...

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Un fonds d'urgence pour les entreprises mal fléché

Premier sujet d'attaque franche : le fonds d'urgence mis en place par Bordeaux Métropole pour lutter contre les effets de la crise du Covid-19, ou en tout cas sa deuxième mouture. Puisque la première avait été lancé par Patrick Bobet, qui ne cache pas avoir tâtonné sur le sujet.

"Sur le fonds d'aide à la trésorerie de 10 millions d'euros, seulement 652.000 euros ont été dépensés et le dispositif se termine fin février ! Concernant le fonds d'aide à la numérisation des entreprises, qui se monte à 6,2 millions d'euros, les dépenses atteignent tout juste 250.000 euros. Parce que le dispositif est mal fléché !

Concernant l'aide à la trésorerie il ne faut pas avoir peur de viser les très petites et moyennes entreprises ayant subi une perte de chiffre d'affaires d'au moins 30 % et sans plafond, contrairement à ce qui est proposé (50 %). Lors du premier confinement nous l'avions ouvert à quasiment toutes les activités pour une baisse du chiffre d'affaires supérieure à 40 %, et seulement la moitié du fonds a été consommée. Au lieu d'aller vers 50 % il fallait descendre à 30 %", a souligné Patrick Bobet.

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Une coalition PS-EELV appelée à exploser

Le chef de l'opposition s'est par ailleurs insurgé contre la tenue des conseils de communauté, qui passent désormais d'une fois par mois à une fois tous les deux mois. Avec une chute du nombre de séances plénières qui va, selon son groupe, venir dangereusement ralentir le fonctionnement de Bordeaux Métropole.

Patrick Bobet est certain que l'alliance PS-EELV à la Métropole ne va pas tenir. L'exemple du projet Tarmaq, centré sur l'aéronautique et porté à Bordeaux Métropole par le PS, sur lequel les élus EELV ont décidé de s'abstenir et qui n'a été adopté que grâce aux voix de Métropole commune, en est pour lui la meilleure démonstration.

Lire aussi : L'aéroport de Bordeaux redémarre pour les fêtes, le projet Tarmaq sur les rails sans les Verts

Sans la cogestion la salle Arkea-Arena ne serait pas allée à Floirac

La fin de la cogestion a choqué plus d'un élu, à droite comme à gauche, et constitue sans doute la nouvelle toile de fond un peu traumatique de ce changement de majorité, qui n'est pas non plus révolutionnaire. Même si le marché immobilier enregistre quelques à-coups, les chantiers de construction se poursuivent et de nouveaux secteurs aussi puissants que l'industrie numérique continuent à se développer fortement dans la Métropole. Quoi qu'il en soit Patrick Bobet considère la fin de la cogestion comme une anomalie insupportable mais passagère.

En guise de rappel, lui et les autres élus présents lors de la conférence de presse ont ainsi martelé que, sans la cogestion, la grande salle de spectacle Arkea-Arena Bordeaux n'aurait jamais été construite à Floirac, ville de gauche située sur la rive droite. Avec son hippodrome près de la rocade, bordé de vastes parkings et de beaucoup d'espace, Le Bouscat, la ville de Patrick Bobet cochait à l'époque toutes les cases pour recevoir cette infrastructure...

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Commentaire 1
à écrit le 06/02/2021 à 9:01
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La région subit des inondations de plus en plus destructrices et meurtrières (pour les contribuables mais aussi pour la biodiversité), la seule façon de lutter contre les inondations c'est de capter les ruissellements en commençant le plus en amont p...

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