Municipales : quel projet pour la liste Florian-Cazenave "d'union pour Bordeaux" ?

Une fusion de liste en bonne et due forme présentée comme une "alliance" et une "coalition" entre le maire sortant, Nicolas Florian (droite et centre, 34,6 % au 1er tour) et l'un de ses adversaires, Thomas Cazenave (LREM, 12,7 % au 1er tour). Le programme reste à affiner mais des premières certitudes émergent : la piscine sur les quais est abandonnée, le projet de "Rue Bordelaise" sera revu intégralement et le soutien à la navette Bordeaux-Orly est très mesuré.
Sans masques ni distanciation physique, Thomas Cazenave et Nicolas Florian ont officialisé leur alliance et la fusion de leurs listes en vue du second tour.
Sans masques ni distanciation physique, Thomas Cazenave et Nicolas Florian ont officialisé leur alliance et la fusion de leurs listes en vue du second tour. (Crédits : Agence APPA)

Treize noms en position éligible, un tiers des adjoints et des maires de quartiers, un groupe distinct au conseil municipal, plusieurs délégations, une série de propositions et un poste de premier plan au niveau métropolitain : l'ampleur des concessions faites par le maire sortant Nicolas Florian à son nouvel allié de la République en marche (LREM) reflète probablement son inquiétude à l'approche d'un second tour à l'issue très incertaine. Alors qu'il visait 40 % des suffrages, le 15 mars dernier, le successeur d'Alain Juppé n'en a réuni que 34,6 % avec seulement 96 voix de plus que le candidat d'union de la gauche et des écologistes Pierre Hurmic. De quoi le laisser penser qu'il ne pouvait pas gagner seul et l'amener à accepter un compromis qui fait grincer des dents jusque dans son entourage proche.

Un panachage de noms

Menées en tête à tête avec Thomas Cazenave, les discussions ont duré une dizaine de jours et ont abouti à un accord de gouvernance municipale signé dans la soirée du 1er juin. Il en ressort une liste "d'union pour Bordeaux" qui réserve treize places éligibles aux candidats de Renouveau Bordeaux. Un tour de force arithmétique, si ce n'est politique, pour le candidat arrivé 3e au 1er tour avec seulement 12,7 % des suffrages. Derrière Nicolas Florian (n° 1) et Julia Mouzon (qui reste n° 2) viendront Thomas Cazenave (n°3) puis les actuels adjoints Alexandra Siarri (n°4) et Fabien Robert (n° 5), qui rétrograde de deux positions. Renouveau Bordeaux place ensuite notamment Anne Fahmy (n° 8) Aziz Skalli (n° 11), Catherine Fabre (n°14) et Laurence Navailles (n° 16). Par conséquent, le député de Gironde Benoît Simian, qui avait quitté LREM pour rallier Nicolas Florian, prend la sortie tout comme Yohan David, président de la Maison de l'emploi de Bordeaux, ou encore Laurence Dessertine et Arielle Piazza. Au total, Renouveau Bordeaux récupère un tiers des noms de la liste, désormais déposée en préfecture.

"Nous avons fait primer le critère du renouvellement et de la complémentarité des expertises", avance Nicolas Florian, qui revient sur la genèse de ce rapprochement : "On partage avec Thomas Cazenave l'analyse de la situation et les remèdes à déployer face à cette crise sanitaire et économique inédite. Ce n'est pas un accord d'appareil mais une alliance autour d'un projet commun face à une situation exceptionnelle."

Thomas Cazenave Nicolas Florian

Les deux candidats réunis ce mercredi 3 juin (crédits : Agence APPA)

"Il y a un avant et un après Covid, confirme Thomas Cazenave. Notre ville et notre territoire sont confrontés à une crise inédite et nous avons donc insisté sur la proximité avec notre proposition des 16 quartiers de Bordeaux et sur une métropole forte pour la relance économique."

Lire aussi : Thomas Cazenave : "Il faut agir très vite et très fort pour gagner la bataille de l'emploi !"

Une liste pour quel projet ?

Parmi les autres propositions reprise par les équipes du maire sortant figurent la végétalisation du quartier Mériadeck, la création d'une cité de la transition écologique rive droite, probablement autour de la Villa Shamengo et de Darwin, ou encore l'accent mis sur l'alimentation et la santé. De quoi ajouter encore des promesses à un programme de Nicolas Florian déjà jugé surchargé par Thomas Cazenave en février dernier. "Je ne veux pas d'un inventaire à la Prévert électoraliste de 200 propositions dont beaucoup figuraient déjà dans le programme de 2014, notamment le plan vélo, la rénovation des boulevards, ou encore l'égalité hommes-femmes. C'est le bilan et le programme de Nicolas Florian et ce n'est pas crédible", attaquait-il à l'époque.

Alors que les finances publiques ne manqueront pas de se dégrader avec la crise, qu'est-ce qui a été retiré du programme de Nicolas Florian pour convaincre Thomas Cazenave de changer d'avis ? Pas de réponse précise à ce stade si ce n'est l'abandon du projet de piscine sur les quais de Bordeaux (environ 25 M€) et la remise à plat du projet immobilier de "Rue Bordelaise" près de la gare Saint-Jean que le maire sortant était le dernier à défendre. Nicolas Florian envisage également de "remettre en perspective et hiérarchiser certains grands programmes d'aménagement comme les boulevards et les extensions de du tramway."

Lire aussi : Bordeaux Euratlantique : la Rue bordelaise, "nouvel idéal urbain" ou "vision dépassée" ?

Enfin, le maire de Bordeaux, qui a pris récemment la défense de la navette aérienne Air France entre Bordeaux Mérignac et Orly, se montre désormais beaucoup plus mesuré, rejoignant ainsi la position de son nouvel allié : "Il faut trouver un point d'équilibre entre dix aller-retours quotidiens et aucun. Le sens de l'histoire est de diminuer les rotations aériennes compte-tenu de la LGV. On peut trouver un point d'atterrissage avec par exemple une à deux navettes par jour." Pour le reste du programme détaillé, il faudra attendre le début de la campagne électorale officielle dans une quinzaine de jours. Le sujet de l'accompagnement économique et le dossier clef du logement-foncier-immobilier font encore l'objet de discussions si ce n'est de divergences de vues entre les deux nouveaux alliés.

Florian à Bordeaux, Cazenave à la Métropole ?

Concernant l'échelon métropolitain, il semble de plus en plus probable d'assister à une répartition des rôles en cas de victoire de ce nouveau binôme. "J'ai beaucoup évolué pendant ce confinement et je soutiens le suffrage universel direct pour la Métropole tout comme la prise en main de la rocade. A titre personnel, je serai 100 % bordelais et si Thomas Cazenave veut être le porte-parole de la ville à la Métropole, ce sera très positif", explique Nicolas Florian. En fonction des résultats dans les autres communes de la Métropole, on pourrait donc s'orienter vers une Métropole présidée non pas par le maire de Bordeaux ni un autre maire d'une tendance différente mais par l'un de ses adjoints.

Quoi qu'il en soit, en cas de victoire pour cette liste "d'union pour Bordeaux", c'est une nouvelle ère qui s'ouvrira avec deux groupes politiques distincts au sein de la majorité. Une configuration inédite de coalition qui introduirait une nouvelle manière de gouverner autour d'un programme partagé. "Nous aurons notre identité et notre autonomie et nous saurons, en cas de désaccord, le faire savoir par notre vote", assure ainsi Thomas Cazenave. Nicolas Florian qui a décidé de ne pas aller seul au combat électoral ne pourra donc pas non plus gouverner seul en cas de victoire au second tour. Mais quoi qu'il en soit, il faudra d'abord à convaincre les électeurs bordelais de la pertinence cette alliance le 28 juin face aux listes menées par Pierre Hurmic (Bordeaux Respire, 34,4 % des suffrages) et Philippe Poutou (Bordeaux en luttes, 11,8 %).

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Commentaire 1
à écrit le 04/06/2020 à 16:24
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Surtout ne pas abandonner le projet de rénovation des Quinconces. Il n’y a qu’à transposer au Lac les manifestations. Enfin, les Quinconces deviendront un endroit agréable et plaisant.

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